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3.25/5   2 notes
Résumé :
Pièce de théâtre devenue un livret d'opéra, et qui sera au centre de la dernière pièce, inachevée, de Pirandello, Les Géants de la montagne.

Une nuit, "les Dames" volent l'enfant en bonne santé d'une mère pour le remplacer par un enfant maladif et difforme. La mère désespérée court chez une sorcière du village, pour savoir comment ramener son fils. Elle apprend alors que son fils a été emmené dans le palais d'un roi et est élevé dans le luxe.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comme je l'avais précisé dans la critique des Géants de la montagne, c'était compliqué pour moi de savoir si La Fable de l'enfant échangé que j'avais sous les yeux était bien une pièce de théâtre, ou bien un livret d'opéra. À la lecture, ça ne ressemble guère à un livret (j'en ai lu très peu, c'est vrai) et il me paraît clair maintenant qu'il s'agit bien de théâtre, même si la pièce est connue surtout pour avoir été mise en musique par Malipiero - et censurée dès sa première représentation par le régime fasciste, en 1934. Quand on lit le texte, on pense, plutôt qu'à un opéra, à une forme de théâtre accompagné de musique tel que Mère Courage et ses enfants, où des chansons ponctuent les dialogues de temps à autre.


Je reviens vite fait sur la genèse, que j'ai déjà pas mal esquissée dans ma précédente critique. En 1902, dans le recueil Nouvelles pour une année, Pirandello publie une nouvelle très sombre sur une femme persuadée que son superbe enfant a été enlevée par les Dames, êtres surnaturels, pour lui substituer un enfant tout moche et rabougri. Cette substitution supposée, obsession de la mère et à laquelle tout le monde croit, va faire le malheur de l'enfant, grandissant délaissé.


Environ trente ans plus tard, Pirandello écrit La Fable de l'enfant échangé, non pas pour en faire un livret d'opéra, mais vraisemblablement pour préparer un autre projet de pièce, plus ambitieux, avec mise en abyme : dans Les Géants de la montagne, des comédiens joueront, ou essaieront de jouer jusqu'à l'obsession, La Fable de l'enfant échangé. C'est donc principalement, non, pas principalement, uniquement parce que je comptais lire Les Géants de la montagne, puis parce que j'avais enfin lu cette toute dernière pièce de Pirandello, que je me suis intéressée à La Fable de l'enfant échangé.


L'intrigue commence comme dans la nouvelle : une femme sicilienne est persuadée, suivant les légendes locales, que son enfant blond au teint frais lui a été enlevé par celles qu'on appelle les Dames, et qu'elles l'ont remplacé par un enfant mal formé, brun, malingre et moche. Les voisines croient complètement à cette histoire de substitution, et la femme n'en démord pas : elle veut retrouver son véritable fils (oui, c'est marrant, dans toutes ces légendes d'enfant substitué, c'est toujours un fils qu'on enlève). On lui présente donc Vanna Scoma, sorcière réputée pour communiquer la nuit avec les Dames. Vanna Scoma révélera - ce qui est une supercherie, on l'apprendra ensuite - que le véritable fils de la femme est élevé par un roi, et qu'il sera heureux à la seule condition qu'elle-même élève l'enfant difforme avec grand soin. du sort du pauvre enfant rejeté dépendra donc celui du "véritable" enfant. C'est là ruse de Vanna Scoma pour que la femme s'attache à l'enfant difforme. Ce qui ne fonctionne pas, mais alors pas du tout. Si l'enfant difforme, devenu un homme, ne semble pas malheureux, il est clair qu'il n'intéresse pas sa mère plus que ça, et il est une sorte de bouffon pour la communauté. C'est là qu'un prince d'une contrée lointaine débarque, affligé d'un mal de vivre dont il est incapable de se débarrasser. La rencontre de la mère et du prince devient donc une bouée de sauvetage pour eux deux : l'une croit de toute façon que le prince est son fils, et le prince décide de croire qu'il est le fils de cette femme. Il suffit de croire.


C'est à mon sens moins intéressant que la nouvelle de L'Enfant échangé, et moins intéressant que Les Géants de la montagne, sans doute parce que La Fable de l'enfant échangé n'a été principalement pensée que pour nourrir un autre projet. Elle a cela dit sa vie propre, entre la nouvelle et la pièce ultime, ne serait-ce que parce qu'elle va vers une conclusion qui est l'antithèse de la nouvelle : la croyance peut être salutaire - elle était mortifère dans L'Enfant échangé. Un même sujet peut en tout cas porter des messages différents, et dans le cas de cette pièce, ce message-là va s'accorder parfaitement avec Les Géants de la montagne.


Le défaut de la pièce, ce serait de ne tendre finalement, à mon sens, que vers cette conclusion, et de ne pas assez exploiter d'autres thématiques. Et pourtant, il y a comme un malaise, sur lequel on passe assez rapidement, dans cette pièce où, pour finir, l'enfant difforme va servir de substitut, décidément, pour remplacer le prince, en bouffon dont personne ne se soucie - surtout pas sa mère. le personnage de Vanna Scoma aurait pu être étoffé pour appuyer ce motif, puisque c'est celle qui a imaginé qu'alimenter la croyance de la femme en imposant des conditions basées sur la superstition allait être salutaire pour l'enfant difforme.


Comme il est très difficile sans documentation d'aller bien loin dans l'analyse de la Fable de l'enfant échangé, qui a tout de même été jouée, qui a tout de même suffisamment déplu à Mussolini à cause du message qu'elle véhiculait, j'en suis réduite à me demander si je dois la considérer comme simple document participant à l'élaboration des Géants de la montagne, ou lui accorder plus d'importance et la prendre comme une oeuvre à part entière...



Challenge Théâtre 2020
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
LA MÈRE. Mais alors... mais alors, je ne reverrai
jamais mon enfant ?
VANNA SCOMA. Je ne peux te dire qu'une chose : tu veux
que ton enfant aille bien,
tout dépend de toi.
Il ne suffit pas qu'il vive dans une demeure de roi.
Traite bien celui
que tu as reçu en échange. Car, je t'avertis,
c'est certain :
plus tu prendras soin ici
de celui qui n'est pas le tien,
plus le tien là-bas
se portera bien.

II
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Vidéo de Luigi Pirandello
Dans ce film, la romancière et critique littéraire italienne Daria Galateria et l'auteur et traducteur Jean-Luc Nardone, présentent le roman "Les Dix mille mulets" de Salvatore Maira à paraître le 2 juin 2021.
Sicile, 1949. le jeune éleveur de bétail Pepino Maiorana vient d'obtenir un marché mirifique : fournir dix mille mulets à la Grèce pour solder la dette de guerre de l'Italie. Il devra trouver les bêtes dans toute l'île, les conduire à Messine, les soumettre à une commission et les embarquer pour le Pirée, cent cinquante à la fois, en anticipant les dépenses avec de l'argent qu'il ne possède pas. Pepino doit faire face en outre à deux obstacles majeurs : sa famille et la mafia. Mais il continue obstinément, zigzaguant entre les doutes et les menaces, convaincu qu'il tient là l'occasion de sa vie. Il trouvera un allié inattendu dans un singulier commissaire de police, Giulio Saitta, l'autre personnage central du roman qui, marqué par l'assassinat de son épouse, nourrit son désir de vengeance. Son enquête fait apparaître les puissances politiques, religieuses et mafieuses qui, dans l'ombre, intriguent pour mettre la main sur l'Italie. L'aventure individuelle de Pepino se fond ainsi dans l'histoire générale d'une Italie qui s'efforce de renaître et ne s'est pas débarrassée des forces maléfiques de la Seconde Guerre mondiale. "Les dix mille mulets" est une épopée populaire tragi-comique qui mêle faits historiques réels et intrigue romanesque, dans laquelle on croise toute une foule de personnages désespérés, comiques, solitaires, qui essaient avec autant d'énergie que d'imagination, et sans trop de scrupules, de se réinventer une existence sur les décombres de la guerre. C'est aussi un roman choral qui recrée une Sicile disparue, à la fois séduisante et impitoyable, tragique et incroyablement vivante.
Salvatore Maira, né à San Cataldo en Sicile en 1947, a enseigné le cinéma à l'université La Sapienza à Rome. Il est l'auteur d'essais sur le théâtre baroque, sur la relation entre le cinéma et la littérature, sur Pirandello et Verga. Il a écrit et réalisé des longs métrages reconnus dans de nombreux festivals internationaux : "Valzer", par exemple, conçu avec un unique plan séquence a reçu le prix Pasinetti à la 64e Mostra de Venise. Il est également l'auteur d'un deuxième roman "Ero straniero" (2019).
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