J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique.
Tout d'abord il est important de rappeler que ce livre a été écrit en 1992, certains exemples pour illustrer les théories de ce livre sont donc un peu désuètes. Il est certain que si le livre était réactualisé, nous pourrions voir comment s'appliquent ces théories à la politique actuelle ou dans le cadre du développement de l'intelligence artificielle. Cela serait même très intéressant !
Concernant l'aspect technique du livre, je trouve que le sujet est très bien vulgarisé. Il ne nécessite pas d'être un cador des mathématiques pour le comprendre et on ne se sent pas idiot en le lisant.
Néanmoins je trouve un peu dommage le côté biographique de von Neumann et toutes les anecdotes historiques présentes.
Cela noie un peu l'objectif principal du livre et n'apporte finalement pas grand chose à la compréhension du dilemme du prisonnier et de la théorie des jeux.
Commenter  J’apprécie         30
Livre reçu dans le cadre de la Masse critique "Essais". Edition de 1992 - il y en a eu deux autres depuis. Une mise en page un peu serrée qui sans doute est meilleure dans la nouvelle édition.
Ce petit désagrément mis à part, l'ouvrage est instructif et explique clairement l'origine des formules empruntées aux jeux et comment elles sont transposées dans de nombreux domaines, politique notamment. le côté didactique - qui permet de belles decouvertes - est habilement inséré au récit biographique.
Commenter  J’apprécie         40
Selon Martin Shubik (1970), "le paradoxe du dilemme du prisonnier ne sera jamais résolu, s'il ne l'est déjà, car il n'existe pas". Il veut dire par là qu'un joueur rationnel opte nécessairement pour la défection dans un dilemme à un seul tour, et que le jeu démontre purement et simplement ce qu'il devait démontrer, à savoir que l'intérêt individuel peut mettre en péril l'intérêt collectif. Shubik comparait l'étonnement que suscitent les dilemmes sociaux à l'effarement qui saisit le commun des mortels lorsqu'ils apprennent qu'une plume et un morceau de plomb tombent à la même vitesse dans le vide. Le bon sens est mauvais conseiller : telle est la seule explication au fait que notre intuition ne nous prépare pas à ces phénomènes.
Pendant la guerre, von Neumann fut consultant auprès du service du matériel de la Marine. Souvent d'astreinte, il devait se tenir prêt à partir pour l'Angleterre sans délai. La stricte limite autorisée pour les bagages était d'autant plus réduite qu'il devait s'encombrer d'un encombrant casque anti-éclats. Préférant emporter à la place un des volumes de la Cambridge Medieval History, il retirait le casque de son sac déjà préparé et le remplaçait par le livre. Klara, de son côté, procédait consciencieusement à l'échange inverse. Ce petit jeu dura plusieurs mois, mais von Neumann finit par gagner la partie, et le moment venu, il embarqua avec l'histoire médiévale.
Selon une plaisanterie qui circulait à Princeton, von Neumann n'était pas un être humain mais un demi-dieu qui avait longtemps étudié les hommes et pouvait les imiter à la perfection. Pour bien prendre la mesure de cette plaisanterie, il faut se souvenir que von Neumann n'était pas le seul génie à fréquenter Princeton ; il y côtoyait notamment Einstein et Gödel.