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EAN : 9782070495436
181 pages
Gallimard (30/06/1984)
3.64/5   86 notes
Résumé :
Ils sont d'une insolence élégante, passablement meurtrière et totalement anglophobe. Le même jour, ils ridiculisent l'ambassadeur anglais, maculent la British Airways et font sauter un concert de punks londoniens. Ils signent Arthur Rimbaud... Mais quel rapport ? se demandent, avec angoisse, les autorités.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'ambassadeur d'Angleterre ridiculisé, un concert punk dynamité, le stand de la British Airways aspergé.
C'est l'oeuvre tout craché de Gilles de Rai, La Hire, Sire de Xaintrailles qui n'aiment pas mais alors pas du tout les rosbif ni les bourguignons qu'ils farcissent... aux french petits oignons !
La police patine sur les traces de cette bande de terroristes insolites inconnus de leurs fichiers qui signent Rimbaud de leurs forfaits et les mènent à la baguette rock' roll sur les pas de la Pucelle d'Orléans...
Jean-Bernard Pouy signe un polar punk sur vitaminé, découpé en scènes réelles, irréelles, transparentes et divines..Au départ , on est un peu déboussolé par la forme mais très vite on est happé par sa plume incisive, ses personnages déjantés et son rythme endiablé.
Nous avons brulé une sainte, un polar bien barré qui m'a... enflammé !
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Le stand de la British Airways arrosé de sang caillé… L'ambassadeur du Royaume-Uni aspergé de whisky lors d'une réception… Une grenade jetée sur un groupe de punk anglais… Ces trois attentats sont revendiqués par un groupe qui signe sa missive du nom d'Arthur Rimbaud. Etrange. Les policiers sont désemparés, "il dit qu'il voit pas le rapport." Voilà nos chers poulets contraints de se taper les oeuvres complètes du poète de Charleville-Mézières. A leurs yeux, c'est une « histoire démente et unique, vécue par des gens déments et uniques. » Ils parviennent toutefois à deviner un fil directeur entre ces coups d'éclat fantasques : le groupe composé de quatre jeunes gens s'inspire de l'épopée de Jeanne d'Arc. Reprenant à leur compte la Guerre de Cent ans, ils s'attaquent à des Anglais et à leurs alliés bourguignons. Dans ce roman, tout s'enchaine sur un rythme fou, une cadence punk, les points de vue se succèdent, la tension gonfle, le récit est tout en action : fuite, chasse à l'homme, courses-poursuites, fusillades. La cavale ne peut s'achever que dans le drame, les personnages le savent et l'assument. Ils sont prêts à tout pour s'affranchir de la masse épaisse et compacte de désespoir dans laquelle ils se sont englués. C'est aussi un moyen pour certains de purger des blessures intimes trop lourdes à porter. Pas de retour en arrière possible, cette fuite en avant ébouriffante n'a d'autre issue qu'un final… flamboyant. No future !
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Je ne sais si c'est à cause de la saison, lumière diffuse, tamisée, couleurs en demi-teintes, le corps qui se replie, face au vent froid, ce même vent qui fait courber les peupliers, qui fait bruisser les feuilles gelées et bousculées. Je ne sais si c'est à cause de la musique, "A perfect circle", sombre, sauvage et douce à la fois. Je ne sais si c'est le bercement du train, filant le long des paysages frileux, sans plus de vert mais pas encore de blanc. Je ne sais si c'est dû au présent qui s'infiltre, à mon présent, chien galeux, enragé et aveugle, qui aboie sans plus trop savoir pourquoi, qui a faim, mais ne sait plus de quoi. Je ne sais pas non plus si c'est dû à ce coeur qui s'émeut pour un louveteau tremblant de solitude.

Je ne sais rien du tout en fait, du pourquoi de l'impact. Je sais juste l'impact. Cette lecture m'a éblouie. Elle m'éblouit encore. Même après l'avoir finie. Persistance rétinienne, phosphorescence, phosphène qui prend son plaisir là où y a des gènes, des similitudes. Béatitude de l'esprit qui déborde dans les veines, qui éclabousse même l'inconscient.

Les pages refermées sur elles-même, partage éternel entre elles du secret qu'elle contiennent, continuent de murmurer à mon oreille une passion silencieuse "sa marche dansante ne fit aucun bruit", "mais avec une grande fureur silencieuse", une rage à peine contenue, une folie douce et esthète, desservie par une écriture subtile et féroce, juste et dangereuse. Toujours sur le fil, tendue et sans attente à la fois, comme ces 4 personnages qui agitent la foi de Jeanne d'Arc comme étendard, qui signent leurs actes "Arthur Rimbaud".

Jeunesse désespérée, vengeresse et aveugle, "Moi je me suicide à l'absurde. Soit j'en meurs, haché par une mitraillette, soit j'en réchappe et, de ne plus pouvoir revivre telle lumière, je serai mort le restant de mes jours." Amour inconditionnel, conditionné, réconfortant et effrayant, "Si Anna ne vient pas, je vais en dégueuler mon corps et mon âme.". Constat désabusé, "Je sens ma vieillesse s'enfoncer, s'effacer sous un sourire naissant. Cela paraît imbécile de le dire comme ça, mais je le ressens, je perds ma fliquitude. Celle-ci s'enfuit dans un grand dégoût, dans un grand absurde."

Jonglage des points de vue, l'auteur fait de nous un funambule, équilibriste des mots. "Je", "Il", intérieur, extérieur, on sait tout, on ne sait plus rien. On prend partie, on récuse. On ne peut rester indifférent. face à tant de différences, face à ce mélange des genres, si complexe, qui paraît si simple, si évident.

Maîtrise du mouvement, exécution parfaite.

Émerveillement.

(nov 2006)
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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« Nous sommes perdus, nous avons brûlé une sainte » déclare le secrétaire du roi d'Angleterre, après l'exécution de Jeanne d'Arc, à Rouen le 30 mai 1431 (cité par Jules Michelet dans l' « Histoire de France » ). Jean-Bernard Pouy reprend la citation dans le titre. Il conçoit une nouvelle joute, une histoire inconcevable et imaginative. « Sus à l'anglais ! »… une bande de jeunes reprend le combat sous l'autorité d'une nouvelle Jeanne animée par une vengeance personnelle. Ils s'attaquent à l'ambassadeur anglais, à la British Airways, à un concert de punks londoniens. Quel parcours : marcher dans les pas de Jeanne d'Arc, s'en prendre aux Bourguignons alliés des anglais… et revendiquer ces actions dans un texte signé Rimbaud ! le lecteur est circonspect devant le retour sur terre d'un satellite devenu incontrôlable, il suit la tournée d'une bande de rockers imprégnés d'alcool et de décibels. Tous ces ingrédients se combinent et provoquent, à Rouen, un incendie dans lequel disparaît notre Jeanne d'Arc du XX ème siècle. le style de J.B. Pouy est empreint d'humour, d'ironie dans une parodie historique . Ses liens à la poésie de Rimbaud, dans une aventure invraisemblable aux relents anti-anglais, donnent au roman une saveur particulière et captivante.


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Bon, qu'on se le dise de suite, il est possible d'être hermétique à ce type d'écriture et de renoncer au bout de 15 pages. Pour ma part, j'aime bien ce type de narration déjantée et la peinture par petites touches des principaux protagonistes. Bien entendu, l'histoire est tirée par les cheveux et il faut accepter de s'immerger pour en comprendre tout le sens loufoque même si cela se solde par un paquet de meurtres et d'actions spectaculaires…!

Bien entendu, Pouy est le premier à se marrer en déroulant son intrigue et en brossant le portrait de cette fille étrange qui entraîne à ses côtés une petite bande de doux dingues prêts à dégommer du beau monde pour un seul de ses regards…

Sans oublier la perte de contrôle d'un satellite et d'une bande de rockers totalement cuits et de télescopages littéraires… Pour ma part j'avais adoré La chasse au tatou dans la pampa argentine mais j'étais bien l'un des rares dans ma tribu.

Bref, si vous êtes une fidèle oreille des papous dans la tête (je commence à me méfier de la programmation sur nos radios, les émissions que j'écoute ayant tendance à disparaître et, après celle de rue des entrepreneurs, plus rien ne risque de me surprendre), vous y retrouverez l'écriture de Pouy. Et même sa voix dans mon cas, ce qui est assez étrange quand je lis ses polars…!
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'autre perdu
là-bas
au Harrar
c'est pendant l'Harrar d'une profonde nuit qui, petit à petit
sombre monde imprévisible
voit son genou, ce rond blanc, lisse, livide et huilé mécanique de précision
la marche est le moteur de l'âme
gonfler
et devenir violet
ce n'est pas la tête
qu'il avait bien tuméfiée et bizarre
cinquante ans d'avance
qui va pourrir son corps
c'est le genou
les cafards vont lui cracher dans la poche synoviale
et le scorpion mortifère va donner sa couleur à la peau
et sous le chasse-mouche
le long des murs bleu clair
alors que le persique clapote
étendu sur le drap moite
il ira bien
son corps et ses affaires vont bien
tout va bien
sa petite sœur l'aime toujours
sa maman, deux fois l'an, lui écrit
mais lui
son genou
gonfle et se violétise
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Le cul et la tête, les deux endroits maudits, tout vient de là, c'est là que ça se passe, pensa Chasseguet.
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- Ecoutez, Patron, je me suis tapé plus de mille pages de ce connard en deux jours, alors, les doubles sens…
- Et si le dénommé Rimbaud était là, sur une chaise, tu lui dirais quoi ?
- Ben je lui dirai qu'il a bien fait d'abandonner la poésie pour la vente d'armes et de chameaux, c'est plus rentable.
- Dubois t'y connais rien.
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Par contre, y'a peut-être un truc, c'est Marty qui m'a mis la puce à l'oreille...Le reggae...
- Le reggae ?
- Les nègres. Bob Marley et compagnie. Les rastas. Son fils à Marty, il n'écoute que ça. C'est une secte qui croit en Dieu, mais leur Jésus-Christ à eux, c'est le Négus, l'ancien roi d'Ethiopie. Rimbaud s'est baladé par là, non ?
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Il fixa Paris. Des clochards gisaient sur une grille chaude du métro, viande sale, merguez douteuse sur un gril inattendu. Il marcha le long du quai et regagna, plus bas, sa voiture au parking, désespéré par l’heure, par le nuage bleuté des gaz d’échappement, par le dernier métro qui passe, par le flic endormi au volant de la R16,par la radio allumée,par Europe 1, par les cons qui parlent aux cons
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