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EAN : 9791022600255
11 pages
Editions Métailié (17/10/2013)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Dans ces récits solidement construits, l’inquiétante étrangeté de chaque détail, l’horreur toute simple – donc absolue – et le réalisme alimentent un fantastique aussi spectaculaire qu’ambigu ; fantastique parfois drôle, plausible et cependant opaque comme peuvent l’être la monstruosité de l’enfance, la force tonnante d’un fleuve en crue, l’inclémence de la forêt vierge et des midis tropicaux ou le délire de l’homme, délire de l’amour ou folie de mort.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Attention, petit bijou de nouvelle en vue !
Oui, c'est tout simple, c'est émouvant, c'est magnifiquement amené : bref c'est de la belle ouvrage monsieur Quiroga ; on en redemande. Voici une nouvelle qui, à beaucoup d'égards, me rappelle celle d'un autre grand nouvelliste régionaliste, Arcturus, chien courant de Iouri Kazakov dans le recueil, La Petite Gare.

Ici, vous êtes sur les pas de yaguaï, un fox-terrier en terre argentine, il y a un siècle environ. Un fox, qui est teigneux comme un fox dès lors qu'il s'agit de faire sa fête à un rat ; un fox qui souffre un peu de la chaleur, si loin des climats de terres anglaises dont il est originaire.

Un fox, si loin également des chiens faméliques des péons du coin, car il est choyé par son maître, enfin, c'est-à-dire qu'il lui donne à manger, quoi…

Son maître d'ailleurs aimerait bien qu'il acquiert d'autres caractéristiques pour la chasse que seulement cette aptitude à jouer des crocs sur les coatis ou les ragondins ombrageux. Il aimerait qu'il devienne bon pour pister le gibier.

Voilà pourquoi le maître de yaguaï souhaite aller à la chasse avec l'un de ses péons qui possède de très bons chiens de chasse, afin que le petit fox-terrier en prenne de la graine, vous comprenez. Bon, le premier essai n'est pas spécialement concluant.

Toutefois, une méchante sécheresse survient et la chasse devient de plus en plus compliquée. le péon en question est soucieux car ses chiens risquent de se faire amocher par des coatis. Il demande donc à prendre en pension quelque temps le petit batailleur de yaguaï, moyennant quoi, celui-ci devrait s'améliorer à la chasse au contact permanent de ses bons congénères chasseurs…

Je vous laisse découvrir la suite et la fin de cette magnifique nouvelle qui révèle, s'il en était besoin, l'extraordinaire talent de conteur de son auteur. Bien entendu, ceci n'est qu'un avis, qui a du chien, certes, mais un tout petit chien, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Amérique du Sud. Forêt non loin d'un fleuve. Un baroudeur robuste vaque à ses occupations mais, par inadvertance, pose le pied sur quelque chose de mou. Quelque chose qui a la langue en forme de Y et seulement deux dents creuses.

La douleur vive à son pied informe l'homme que la bête, se sentant agressée, l'a légitimement mordu. Cela justifie selon lui un bon coup de machette en travers du corps du plaignant.

Il va falloir faire face à cette injection venimeuse. On habite un trou perdu et inaccessible. Vite, faire un garrot pour éviter que le mal ne se diffuse. Regagner tant bien que mal sa cahute et sauter si possible dans sa barque.

Maintenant, il s'agit de se laisser dériver sur des kilomètres et des kilomètres pour arriver au village ou à la petite ville où l'on pourra s'occuper de sa blessure. Pendant ce temps, supporter vaillamment les affres du venin qui irradie sadiquement à l'intérieur de vous.

Je vous laisse savourer ce moment de brève mais d'intense transpiration. Encore une fois, Horacio Quiroga ne rajoute pas une syllabe de trop, adepte avant l'heure de la méthode de LEAN management appliquée à la littérature.

C'est redoutablement efficace, peut-être un peu sec, mais en tout cas, ça ne peut pas faire de mal de se laisser dériver quelques minutes sur ce fleuve sud-américain. Bien sûr, ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Horacio Quiroga n'a rien à envier aux grands maîtres de la nouvelle dans le registre de l'angoisse. Si vous avez aimé des nouvelles comme le Horla, vous aimerez nécessairement, mathématiquement presque, L'Oreiller de Plumes.

Personnellement, ce n'est pas ce que j'aime le mieux dans les nouvelles, mais je reconnais bien volontiers que dans ce style, c'est vraiment très bien fait et que cette petite nouvelle, avec un format remarquablement ramassé parvient à susciter, à créer une ambiance trouble, angoissante. On en frémit pour l'héroïne.

Mais, selon moi, ce qui fait le grand intérêt des nouvelles de Quiroga, ce n'est probablement pas le registre dans lequel il s'inscrit mais plutôt son style, l'élégance de sa plume. Il est à la littérature ce que l'esthétique japonaise est à l'art.

Pas un gramme de trop, pas un virage inutile, pas une fois où il fait vibrer la note. Quelle épure, quel style, quelle maîtrise ! C'est vraiment beau à lire, et ce, même dans l'injure que constitue toujours une traduction, et ce, même indépendamment de l'intérêt que l'on peut porter au fond de l'histoire.

Voici le Miles Davis de la nouvelle, l'homme qui joue la note, et rien que la note, sans chichi, sans vibrato superflu. Il nous conduit auprès d'un jeune couple. Lui est un peu brut de décoffrage, elle est toute jeune, toute tendre, toute frêle, toute lisse…

Elle est probablement très impressionnée par son géant de mari, genre de mégalithe en granit ; elle aimerait sans doute un peu plus de tendresse, de délicatesse, mais il l'aime à sa façon et elle à la sienne, et ce n'est déjà pas si mal.

Néanmoins, quelque temps après leur mariage, elle ne se sent pas très bien ; elle est comme malade. Peu à peu, elle dépérit. le mari ne lésine pas sur les moyens pour la remettre sur pied mais rien ne semble y faire, et… et… ne vous en ai-je pas déjà trop dit ?

Bref, si vous voulez connaître la suite, venez vous allonger auprès d'elle pour qu'elle vous chuchote à l'oreille quelques éléments de l'intrigue, la tête sur l'oreiller, légère comme une plume. Mais ce n'est qu'un avis, incomparablement léger lui aussi, autant dire, pas grand-chose.
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Ce matin, j'ai enfourché mon vélocipède ergonomique à moumoute pour écouter* un nouvel épisode des redoutables Contes d'amour, de folie et de mort (1917) d'Horacio Quiroga.

Un homme marche malencontreusement sur le long corps mou d'un jararacuçu et sent la morsure sur son pied. Il le tue prestement avec sa machette en lui disloquant les vertèbres avant que le serpent ne puisse le mordre une nouvelle fois. Mais très vite apparaissent les premiers symptômes : douleur intense , oedème, gorge sèche, et soif brûlante...il faut agir vite…car le venin se propage.
L'histoire est rondement menée, intense, rythmée et vous tient en haleine jusqu' à la fin. Horacio Quiroga a le don de vous transporter en quelques pages dans un endroit perdu et sauvage puis de vous faire dériver sur un interminable fleuve aux côtés d'un homme simple et courageux qui lutte seul contre le désespoir et la mort.

J'ai fini en sueur, la gorge sèche...


*https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/horacio-quiroga-a-la-deriva-v-o.html
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Intriguée par l'avis de Nastasia, je me suis dit, "tiens, ça ferait un bel item pour mon défi ABC."...

Euh... "bel", c'est vite dit. Comme tout dans cette nouvelle, d'ailleurs.
C'est violent, rapide, sec, et définitif.

Le style (et la traduction) sont impeccables, droit au but, pas de méandres, moi j'appelle ça de l'efficacité.

Un fait divers qui décoiffe sa race. Du coup, encore plus intriguée je suis par cet auteur, j'm'en va sans doute en découvrir un peu plus dans les mois qui viennent...

Et comme je ne connaissais pas du tout cet auteur, je viens de découvrir qu'en fait, ce sont des écrits du début des années 1900... C'est d'une modernité époustouflante !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'homme marcha sur quelque chose de mou et sentit aussitôt la morsure à son pied. Il bondit en avant et, en se retournant, il vit en jurant une yararacusu qui, enroulée sur elle-même, attendait une autre attaque.
L'homme jeta un rapide coup d'œil à son pied, où deux gouttelettes de sang grossissaient péniblement, et sortit sa machette de sa ceinture. Le serpent vit la menace et enfonça davantage la tête au centre même de sa spirale ; mais le dos de la lame tomba, lui disloquant les vertèbres.
L'homme se baissa, essuya les gouttelettes de sang, et contempla un instant la morsure. Une douleur aiguë naissait des deux points violets et commençait à envahir tout le pied. Il serra sa cheville en toute hâte avec son foulard et suivit le sentier jusqu'à sa cabane.
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Depuis longtemps déjà le petit chien blanc avait été réclamé à Cooper par l'un de ses amis, un homme de la forêt qui passait tous ses moments perdus dans les bois à chasser le sanglier. Il était aidé par trois chiens magnifiques, bien que très enclins à pister les coatis ; et le chasseur non seulement perdait du temps, mais risquait une catastrophe, car d'un seul coup de dent un coati peut impitoyablement égorger le chien qui n'a pas su l'attraper.
Fragoso, ayant un jour vu le fox-terrier à l'œuvre avec un ragondin, que Yaguaï avait su forcer à une paix perpétuelle, en déduisit qu'un petit chien doté de ce talent singulier pour planter ses dents juste entre le cou et le garrot n'était pas un chien ordinaire, si courte que fût sa queue. C'est pourquoi il insistait tellement pour avoir le chien de Cooper.
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Sa lune de miel fut un long frisson. Blonde, angélique et timide, le caractère dur de son mari glaça ses rêves enfantins de jeune mariée. Elle l'aimait beaucoup et, pourtant, c'est avec un léger frémissement que parfois dans la rue, quand ils rentraient ensemble le soir, elle lançait un regard furtif vers la haute stature de Jordan, muet depuis une heure. Quant à lui, il l'aimait profondément, sans le laisser paraître.
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Video de Horacio Quiroga (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Horacio Quiroga
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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