Un début très fort, prenant et passionnant sur cette communauté ashkénaze hassidique ultra-orthodoxe de Williamsburg à Brooklyn, dans les années 50.
Communauté certes extrêmement attachante, avec des valeurs qui leur ont permis de survivre, de conserver leurs traditions et leur foi mais au prix d'une obéissance sans faille et d'une observance stricte des règles.
Tout manquement est vécu comme une trahison et une honte pour la famille.
En 2010, j'ai pu aller dans ce quartier de Williamsburg où le temps semble toujours s'être arrêté.
On peut encore en voir parfois quelques représentants rue des Rosiers à Paris. Je ne parle pas des serveurs séfarades de "l'As du Falafel", mais des hommes en noir portant le Shtraïmel, ce chapeau à large bord, les Tsitsit, la barbe et qui proposent aux juifs de porter les Téfilines.
Nous suivons le destin de deux soeurs dans la famille Weiss, Rose et Pearl.
Rose découvre la photographie, mais il est inimaginable qu'elle suive des cours d'apprentissage, encore moins qu'elle envisage d'en faire un métier.
Son avenir est tout tracé, se marier avec un étudiant talmudique qui se consacrera aux textes sacrés, autant d'enfants que celui dont le nom ne peut être prononcé lui en donnera et subvenir aux besoins de la famille, mais certainement pas en tant que photographe !
Avenir que Rose refuse et elle devra en assumer les conséquences.
Quant à Pearl, la désertion de sa soeur lui a fermé la porte des meilleurs partis, mais elle s'est marié selon les règles.
Rivka une de ses filles semble suivre le même chemin que sa tante (Oy Vaï...)
Quarante ans plus tard, les deux soeurs se retrouvent dans des conditions assez dramatiques...
Il est dommage que la seconde partie du roman, quoique toujours intéressante ne soit pas au niveau de ce que laissait espérer le début. Plus faible, car plus confuse et Rivka a une personnalité que j'ai trouvée moins attachante.
Enfin, ces petites critiques sont toutes relatives car ce roman est à lire absolument.
Je me suis référée avec intérêt au glossaire yiddish en fin de volume.
D'autres auteurs m'ont aussi passionnée sur ce sujet.
Entre autres :
Isaac Bashevis Singer (
La famille Moskat,
Shosha),
Edgar Hilsenrath (
Le nazi et le barbier),
David Grossmann (Vie et destin),
Chaïm Potok (
L'élu),
Etgar Keret (7 ans de bonheur)