Grand-père

Rapaport est un auteur qui se souvient de sa lourde histoire familiale qui rejoint la grande histoire, en l'occurrence celle du sort des Juifs lors du siècle passé.
Austère et franc, cet album peut être présenté aux enfants mais avec l'accompagnement d'un adulte. Il nécessite parfois des explications par rapport à ce que le texte suggère.
Comme le trait du crayon est simple mais tourmenté et les couleurs froides on sent un choix délibéré de l'auteur de traiter la rude réalité, l'enfer des camps . L'univers du camps de concentration s'établit dans la noirceur des traits sans rentrer dans les détails de l'horreur.
"Grand-père" de Rapaport est plus âpre que "Otto" de Ungerer mais il s'inscrit pleinement dans la culture du mémorial pour la paix.

Critique littéraire

1/Accroche :
Un homme est déporté dans un camp de la mort. Seul avec son espoir, va-t-il survivre à cet enfer ?

2/ Présentation du livre :
Ce livre se nomme « Grand-père » et a été écrit par Gille Rapaport. Il s'agit d'une Bande Dessinée : les dessins sont de couleurs froides (principalement noirs, bleu glacial et blancs). Les personnages ont l'air torturé, les traits sont très marqués et illustrent bien le récit. le thème sur fond de la 2nde guerre mondiale (en Europe), traite des camps de concentration.

3/ Résumé :
Ce livre évoque la 2nde guerre mondiale, en particulier la montée des nazis et la déportation des juifs vers les camps de concentration.
Le narrateur est le petit-fils du personnage principal. Il narre le « vécu » de son grand-père : un homme fort mentalement et si sensible, parti de Pologne, son pays natal, avec son épouse en direction de la France, où il rêve d'une vie meilleure.
La guerre éclate, le nazisme monte : il s'engage alors dans la Légion, sans peur, mais il est fait prisonnier, et est déporté dans un camp de concentration. Il fera preuve de robustesse, d'espoir et de pugnacité pour tenter de sortir de cet enfer.

4/ La critique :
Le point fort de ce livre est l'écriture et le style à la fois simples et efficaces. Lorsque nous lisons, nous ne savons pas à quoi nous attendre et nous sommes donc stimulés pour poursuivre la lecture. Je n'ai pas trouvé de difficultés dues à la langue ou à la construction du récit. Je suis rentré dès la 1ère page dans l'histoire.
En effet, plusieurs éléments nous permettent de « rentrer » directement et de façon captivante dans ce récit :
- En premier lieu, le texte est efficace, direct mais cependant très imagé. Il est accompagné de dessins simplistes mais suffisamment précis pour exprimer les émotions décrites dans le texte. Les couleurs froides et sombres amplifient le sentiment d'horreur et de désespoir chez le lecteur.
- Egalement, le texte fait habilement référence à l'Histoire sans jamais énoncer clairement les faits : par exemple, « Il ne voit pas les ténèbres avancer » comme pour exprimer de façon forte la montée du nazisme.
Jusqu'à la fin du livre, nous nous demandons si la fin sera heureuse. On veut y croire, mais tout est écrit pour nous laisser penser que le personnage va mourir.
Et pourtant, nous savons pertinemment qu'il va sortir de cet enfer puisqu'au début du livre, son petit-fils raconte son enterrement récent, et se remémore son histoire qu'il va donc nous conter.
Cette ambigüité est intéressante, on sait… mais pourtant on doute, et on a hâte de poursuivre la lecture.

Jugement :
Je conseille vivement de lire ce livre. le vocabulaire est simple et tient donc en haleine. L'auteur véhicule de nombreuses émotions et des messages sur fond historique. L'histoire est émouvante et bouleversante, imagée par des dessins efficaces.

5/ Passage préféré :
De nombreux passages sont forts ; je retiens notamment celui de la page 29 qui exprime toute l'horreur des camps, et de la guerre en général :
« de misérables cachets pour sauver la mémoire de millions d'hommes et de femmes ».

6/ Baromètre :
Sur une échelle de 0 à 10 : ma note est de 8.

Cet album est très dur.
Le jour de la mort de Grand-père on se souvient de son histoire, de tout ce qu'il a vécu. Sa femme, ses enfants mais aussi et surtout, la guerre. La déportation, la violence, la mort ... Un récit poignant puisqu'on ne passe pas par quatre chemins. Les mots sont crus : "Il tombe en espérant qu'on l'achèvera d'une balle dans la tête sans le torturer".
Si c'est un album forcément utile, il est à accompagner bien sûr. Il est important d'expliquer correctement aux enfants qui le lisent de quoi il en retourne, avec plus de détails.
Les illustrations en noir et bleu, très floues parfois, nous évitent les dessins trop crus, même si on en devine la substance...

Je découvre cet auteur avec stupéfaction.
Cet album est terriblement poignant et beau
Il témoigne en mots comptés et choisis de l'histoire de ce grand-père revenu des camps de la mort.
Tout est dit par le plus court chemin vers l'essentiel.
Le dessin gris noir et bleu est percutant de sens et accompagne les mots comme une ombre.
Ne pas oublier ,rester aux aguets grâce à des ouvrages pareils à destination de la jeunesse.
Bravo et merci.

Grand-Père est un survivant, un témoin de son temps et de son époque : la seconde guerre mondiale. Le jour de ses obsèques, sa famille se souvient de lui ...

Avec cet album, Gilles Rapaport nous livre un texte fort, très émouvant, sur le parcours d'un homme qui a survécu aux camps de concentration, Grand-Père.
Tout est décrit avec beaucoup de subtilité, d'implicite et de poésie.
Un livre pour se poser des questions et réfléchir, avec les enfants, sans détour, aidé des images pour comprendre, ensemble, la folie d'une période cruelle et sombre.