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EAN : 9782204147644
352 pages
Le Cerf (23/03/2023)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Un événement important dans notre culture est passé quasi inaperçu : le mot " âme " a disparu de notre langage, de notre pensée, de notre quotidien. C'était pourtant le mot le plus décisif de notre civilisation. Quel est le sens de cette disparition ? Que nous dit-elle de l'homme contemporain ? L'" âme " de notre culture peut-elle encore être sauvée ? Longtemps un des mots les plus importants de la philosophie, et même de la civilisation occidentale, " âme " est auj... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Face à ce réquisitoire qui pourrait paraître alarmiste, Robert Redeker appelle de ses voeux à un sursaut spirituel salvateur. Réhabiliter le goût de l'intériorité loin de la frénésie technologique, réapprendre les sillons secrets de l'âme : tels sont à ses yeux les impératifs absolus si l'on veut éviter une complète déshumanisation. Pour l'auteur, le salut passe d'abord par un retour à des pratiques délaissées, comme la lecture patiente, la marche atemporelle ou le silence fécond. Autant d'espaces propices à la renaissance d'une authentique vie intérieure. Il en appelle ainsi à une vigoureuse “écologie de l'âme” pour faire renaître une spiritualité digne de ce nom et conjurer la déshumanisation numérique. Ainsi s'achève le cri d'alarme poignant d'un penseur unique et d'un immense philosophe, refusant de voir l'homme renoncer à son âme. Derrière la rigueur de l'analyse percent l'émotion et l'inquiétude face à l'oubli de cette part essentielle de notre humanité. Peut-être même la dernière…
Lien : https://marenostrum.pm/labol..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
La découverte de ce que nous appelons âme – ou plutôt de ce qui a été longtemps, presque toujours et partout – appelé ainsi, passe par le croisement des chemins suivis par les spiritualités et les philosophies. L’on nous dira : mais l’âme, en des civilisations différentes, dit des choses différentes. Le relativisme de cet argument s’accomplit en une négation : puisqu’âme renvoie selon les lieux et les temps à des références différentes, l’âme n’existe pas. Elle serait alors, pour reprendre une formule de La Mettrie, qu’ « vain mot dont on n’a point idée ». Un mot sans idée. À quoi nous rétorquions : les hommes avaient le mot mais ils n’avaient pas encore la chose. L’on sait d’intuition que l’âme existe. C’est pourquoi il y a le mot : l’existence du mot atteste l’existence de la chose. Le mot est la recherche de la chose. Ou aussi : le mot est à la recherche de la chose. Comme le mot Dieu. On dit Dieu parce qu’on cherche Dieu. Recherche de la chose, le mot en est aussi l’appel. Chercher… Appeler… Dans la nuit où le sort nous a jetés, dans l’obscurité de la caverne. Quand je dis âme, peut-être dans l’angoisse, peut-être dans le vide de déréliction, j’appelle l’âme. Lorsque je prononce le mot Dieu, itou. Le mot âme est ainsi utilisé comme un détecteur, un instrument pour trouver ce que le mot exprime.
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Assimilons la conquête de l’intériorité avec la conquête de sa propre réalité par l’homme. À la faveur de cette conquête l’homme devient réel, se réalise.
Impossible de nier que cette conquête soit à prendre, à chaque génération et à chaque homme, à partir de l’éducation, et impossible de nier également que cette reprise par laquelle chacun devient toute l’humanité soit ce que Bernanos a appelé « la vie intérieure ». Il existe des instruments pour cette vie intérieure : la prière, la réflexion, la contemplation, la méditation, la poésie, l’art, la pensée, la philosophie, le silence. Toutes activités et tous états menacés d’élimination sous le double règne de la marchandise, dont Marx aperçut l’empire naissant, et de la machine, aujourd’hui muté en digital.
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L’âme, comme prise d’asthme, étouffe en notre monde moderne.

L’abolition progressive de l’âme par la raréfaction de son oxygène, la destruction de son biotope, est analytiquement contenue dans le néo-pélagianisme qui règne sur la modernité. Ce néo-pélagianisme imprime la carte d’identité du monde moderne. Pélage, moine britannique du IVe siècle que combattait saint Augustin, affirmait ceci : « La volonté et l’action n’ont besoin d’aucun secours de Dieu ». Sa doctrine fut déclarée une hérésie au Ve siècle. Les hérésies chrétiennes travaillent comme des taupes, de façon souterraine, dans le sous-sol de l’histoire. L’apocatastase, cette doctrine de coloration stoïcienne, condamnée comme hérétique dans sa version origénienne, lors du second concile de Constantinople en 533, selon laquelle, à la fin des temps tous, pécheurs et gens de bien, seront sauvés, imbibe la modernité. La puissance du pélagianisme dans l’histoire s’avère encore plus forte. Elle fonde sans le dire notre prométhéisme.
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Différente de la destruction, l’abolition est un phénomène culturel au long cours, joignant refoulement et effacement. Au sein de ce mouvement historique, le refoulement est le fait, quand l’effacement demeure l’idéal. Abolir l’âme signifie : conjuguer tous ses efforts pour parvenir à l’effacer de la culture, de la vie quotidienne, de la philosophie, de la psychologie, de la conscience. Au bout de ce processus pluriséculaire surgit une société majoritairement composée d’hommes, de femmes, d’enfants, moins dénués d’âme, que privés de la science d’avoir ou d’être une âme. Eric Vœgelin, le philosophe de la dépneumatisation de l’homme, envisagea la survenue d’une telle humanité : « il est possible que l’idiotès, c’est-à-dire l’homme devenu étranger à l’esprit, devienne la figure sociale dominante ». Qu’est-ce que l’esprit ? – « l’ouverture de l’homme au fondement divin de son existence ». Autrement dit : l’esprit est l’expérience de l’âme.
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La nuit est à la vue ce que le silence est à l’ouïe. […] Des millénaires durant, jusqu’à la rosée du matin, la nuit était le temps du silence.

Nous sommes la première humanité à ne connaître ni le silence ni la nuit.

Longtemps, le bruit était l’exception, le silence la règle ; révolutionnaire, la civilisation des machines a renversé cet ordre millénaire.

La peur du silence, au contraire de ce que proclame une psychologie de comptoir, est autre chose que la peur de soi. Que la peur de se retrouver seul avec soi. Elle est la peur de l’âme, cette réalité dont nous nous sommes déshabitués. Que notre monde a refoulé.

Le silence est à l’instar de la nuit, l’écrin de l’âme.
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Vidéo de Robert Redeker
Pour annoncer un été sportif, Livres&Vous vous propose une émission consacrée au corps sportif mais également à un corps social tendu vers la victoire. Finale de la Coupe du Monde, départ du Tour de France, grand prix de Formule 1 et un mois avant les Gaygames qui se tiendront à Paris début août, c'est avec deux experts en la matière que nous en discuterons : l'historien Georges Vigarello spécialiste du corps et plus particulièrement du corps sportif et le philosophe Robert Redeker qui fait paraitre Peut-on encore aimer le football ? Avec : Robert REDEKER : Philosophe, Georges VIGARELLO : Historien.
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