J’étais dans le jardin que tu avais semé,
moi la plus fière de tes créatures,
Quand je tendais la main,
c’étaient des fruits pesants au goût de miel
des fleurs dont la lumière se jouait comme du cristal
et l’ombre des grands arbres comme des aînés dans la droiture.
Moi, l’homme, j’étais épris
de tout ce que tu avais semé.
Mais...
Moi, la plus fière de tes graines,
je me sentais bien plus que jardinier.
Pétri de feu dès le sein de ma mère
comment contenir cette joie qui surabonde ?
J’ai en moi cette source,
fleuve d’eau vive que rien ne pourrait épuiser.
L’eau qui jaillit, c’est la joie de l’Esprit,
en ces temps accomplis qui couvent le messie.
J’ai pris refuge au désert qui seul épanche cette soif ardente,
et là je crie l’attente du royaume qui vient.
J’ai en moi sa présence qui grandit, ineffable.
Pressentie et déjà si exquise.
Si petite et fragile et déjà Cathédrale,
La mer, les astres et les étoiles sont en humilité.
La grâce oeuvre en silence sur son chemin secret,
Nous voilà éblouis devant un tel cadeau.
Je viens encore t’offrir des chevaux fous,
beaux étalons fougueux
pour apaiser ta soif de sang,
et ils t’attendent la bride sur le cou,
ceux là aussi tu vas les égorger.