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EAN : 9782012795440
496 pages
Fayard (11/01/2012)
4/5   25 notes
Résumé :
Pierre Riché est professeur émérite d'histoire médiévale à l'université de Paris X-Nanterre.Au VIIe siècle, alors que s'affrontent encore les héritages celte, gréco-romain et germanique, la première unité européenne voit le jour.
Elle est l'œuvre des Carolingiens, une famille aristocratique qui mène une habile et patiente stratégie d'alliances avec les territoires voisins. Maîtres de l'Austrasie, puis de la Gaule, ils créent un empire qui regroupe pendant un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En 1983 Pierre Riché, historien spécialiste du haut moyen-âge, dépoussière l'histoire des Carolingiens.

Quand je dis « dépoussiérer », il s'agit de balayer définitivement les dernières interprétations nationalistes des événements de cette haute époque. L'auteur veut en finir avec les visions du 19ème et du début du 20ème siècle qui affirment que la France et l'Allemagne étaient déjà là, tapies dans les gênes des peuples, imbues de leurs particularismes, impatientes de s'étriper. A la place il veut montrer que les Carolingiens ont placé les germes de la civilisation européenne occidentale. Son Histoire englobe en effet le continent, montre tout autant la construction très vassalisée de la Francie que celle de l'Empire Romain Germanique, surtout sans les opposer mais en insistant leur irrigation commune.

Pierre Riché n'est pas moins l'esclave de son temps que les écrivains nationalistes du passé. J'ai ressenti son Europe comme un modèle pour ce que la construction politique européenne représentait quand il écrit ce livre : des peuples divers qui partagent une même culture. En 1983 il n'y a encore que dix membres de l'UE ; l'Espagne et le Portugal n'y sont pas encore mais les négociations sont bien avancées. On envisage avec plaisir de se fondre dans un fédéralisme qui éliminera définitivement la haine et les guerres et permettra au continent de parler d'une voix forte face aux grands ensembles américains, chinois et soviétiques (en tout cas j'y croyais moi). Ce livre est le reflet de cette vision, il en apporte une « justification » historique. Je suis persuadé que l'on ne parle plus des Carolingiens de la même manière aujourd'hui, en cette époque de technocratie ultra-libérale, de brexit, d'indépendance catalane et de braquage nationaliste un peu partout.

Dans un style clair et jamais ennuyeux, l'auteur évoque cette grande famille franque depuis ses premières armes en tant que maires du palais des rois mérovingiens jusqu'aux difficiles combats pour se maintenir au pouvoir de Louis IV d'Outremer ou Lothaire IV en passant par la conquête et la christianisation de nouveaux territoires par Pépin le Bref et Charlemagne. Il a l'art de pointer quand il le faut les événements que l'on reconnaît comme éléments constitutifs du futur âge médiéval : le monachisme conquérant de Benoît d'Aniane et de Cluny, la montée en force de la papauté et les premières tensions avec l'Empire, l'indépendance progressive des grands féodaux, etc. Toujours il défend les carolingiens, surtout ceux qui ont moins bonne presse comme Charles le Simple et ses successeurs. le livre montre aussi que les invasions n'ont jamais véritablement cessés : Lombards, Avars, Slaves, Normands, Hongrois, Arabes, cela n'arrête pas. Et parallèlement, la christianisation de ces nouveaux peuples progresse à un rythme « miraculeux » (hormis pour les Arabes bien sûr).

La dernière partie s'éloigne de la description chronologique pour se consacrer aux structures, aux lois, à la culture. Pierre Riché essaie de retrouver de grandes lignes, des intentions fondamentales qui traversent les siècles. C'est un peu plus aride, mais on en ressort plutôt convaincu que cette longue période qui va du VIIIème au début du XIème siècle, n'est pas aussi obscure que l'image d'Épinal voudrait nous en convaincre. L'ensemble est complété par un grand nombre d'arbres généalogiques et de cartes absolument indispensables pour suivre les innombrables héros de l'aventure.

Cet ouvrage est resté très longtemps à prendre la poussière dans ma bibliothèque. Je suis content de l'en avoir sorti. Il n'est pas convenable qu'un livre dépoussiérant prenne lui-même la poussière n'est-ce pas ?
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La renaissance carolingienne.


Pierre Riché est le médiéviste et le grand spécialiste du Haut Moyen âge, c'est-à-dire de l'avant l'an mille.
Dans son livre « Les carolingiens – Une famille qui fit l'Europe », Il nous raconte, par un ouvrage très documenté, la grande histoire de ce petit aristocrate et maire du palais, en la personne de « Pépin l'ancien ».
Et de son illustre descendance, avec Charles Martel son petit-fils et Charlemagne, petit-fils de ce dernier.
Pépin l'ancien qui usa de sa ruse et de son intelligence pour déposer le dernier roi « fadasse » Mérovingien et mettre fin à cette dynastie.
Pierre Riché, nous explique aussi et surtout la manière que tous ces rois et empereurs carolingiens mirent en place, des institutions politiques, sociales et religieuses, pour régner sur leurs possessions qui englobaient une très grande partie de l'Europe.


Pierre Riché dit même que « cette dynastie carolingienne fut le fondement de la civilisation occidentale » et qu'elle prépara le Moyen âge en France.


Il est aussi un de ces rares historiens, comme je les aime, qui comme feu Jacques Legoff, s'insurge contre l'Histoire réécrite dont l'Education Nationale, sous la coupe franc-maçonne, n'a cessé de « nous casser les oreilles » depuis des décennies. Que cette époque de l'an 660 à l'an 1400 est très loin d'avoir été une période « d'obscurantisme. ».
Et cet éminent médiéviste, qualifie même cette longue période de « Renaissance Carolingienne ».
Il nous rappelle que le grand roi et empereur Charlemagne et sa descendance aimaient s'entourer d'érudits et de gens lettrés qu'ils allaient chercher, au fond de ce qui allait devenait la Germanie, et même en Angleterre.


Charlemagne n'a pas inventé l'école publique d'aujourd'hui, mais c'est un des premiers rois à avoir restauré des « écoles » afin de permettre aux laïcs, seigneurs et ecclésiastiques d'acquérir des connaissances et des techniques qu'ils mettraient en pratique pour le bien du royaume.


Je désirerais faire un ajout à ce commentaire, mes propos n'engageant que moi.
Je me permets d'apporter un autre « éclairage » sur ce Moyen-âge que beaucoup d'historiens et d'intellectuels ont défini comme une « période d'obscurantisme » et qui perdure dans la tête de certaines personnes.


C'est le grand historien, feu Jacques le Goff qui a cherché des explications à cette « dépréciation » de cette période et qui en donne des raisons.
« L'expression "moyen âge" date du XVIIe siècle. Cette période de mille ans aurait été jugée archaïque et barbare et n'était qu'une « attente obscure » de la brillance de la Renaissance et des Temps modernes
Cette période était considérée aussi de « transitoire », et période obscure, comme un temps de déclin, par apport à l'Antiquité, dont les intellectuels avaient une image très idéalisée.

Mais c'est avec la Révolution Française que ce Moyen-âge, fut des plus vilipendés et méprisés. Une nouvelle époque voyait le jour, une époque de « déchristianisation » et du déni d'une société avec son lourd héritage Judéo-chrétien.
Ce qui mènera bien sûr à la séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Naitra ensuite l'anticléricalisme politique, qui dénonça violemment l'obscurantisme, où la foi en Dieu écrasait la raison des hommes et qui accusa « l'intolérance » du christianisme médiéval.
Un anticléricalisme qui est mis aujourd'hui dans le grand sac « fourre-tout » de la laïcité par certains partis politiques.


Le Moyen-âge est donc devenu une époque très sombre, régressive, sale et triste, dont les humanistes et les gens des Lumières ont tenté de propager cette image.
Une image dégradée qui s'est disséminée pernicieusement dans tous les livres et manuels d'Histoire de l'Education Nationale.

Pour avoir un autre point de vue sur ce phénomène, né de la révolution française, où l'idéologie de cet acharnement envers l'église catholique, se transforma en une pathologie et une vraie psychiatrie. Je me permets de vous indiquer une oeuvre très méconnue, mais qui est pour moi magistrale, en deux tomes : « La Névrose Révolutionnaire », écrite par Docteurs Cabanés et L. Nass.


Je voudrais terminer sur cette manipulation de « la désinformation » de notre Histoire de France.

Une manipulation qui a plongé certains de nos contemporains, dans une parfaite ignorance, en leur prétendant que les « découvreurs » avaient cessé subitement d'exister en l'espace d'un quasi-millénaire.

Et bien au contraire, du Ve au XVe siècle, le Moyen Âge s'est inscrit dans la continuité de l'Antiquité.
Avec un premier argument de taille (comme la pierre), celui de la construction de toutes ces superbes et majestueuses cathédrales. Des édifices qui défient le temps et de leurs maîtres bâtisseurs qui forcent aujourd'hui, l'admiration des meilleurs architectes de ce monde
Avec aussi ses avancées techniques, comme les moulins à eau que l'on a perfectionnés pour écraser le grain ou actionner les soufflets de forge.
De la même façon, la roue à filer permit de gagner en efficacité pour le tissage des vêtements.
C'est aussi en 1025 que fût élaborée une encyclopédie médicale qui synthétisait les médecines grecque, hindou et arabe.


Cette petite énumération est un aperçu de toutes les découvertes, les avancées techniques et scientifiques, inclus les sujets de l'hygiène, des voyages, des premières Postes, etc.
Toutes ces choses qui furent mises en place, d'années en années, pour structurer d'avantage la société médiévale et améliorer les conditions de la vie au Moyen-âge.
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Avis aux amateurs d'histoire médiévale, que cela soit pour le plaisir ou les études (l'un n'empêchant pas l'autre), voici un ouvrage extrêmement clair et complet sur l'époque carolingienne.

Pierre Riché, professeur émérite d'histoire médiévale à l'Université de Paris X-Nanterre, offre ici une belle synthèse sur une période historique pour le moins touffue. Il permet ainsi au lecteur de découvrir comment une dynastie, parvenue à la royauté puis à l'empire , a créé l'Europe, de ses débuts à la fin du VIIe siècle jusqu'à sa chute à la fin du Xe siècle. Car il s'agit bien de cela : la naissance de l'Europe médiévale , sa christianisation et la naissance de ses pays. Les prédécesseurs et successeurs de Charlemagne ont posé les fondations d'un système politique original qu'ils ont maintenu tant bien que mal au milieu de mille péripéties, et qui s'inscrit dans la mémoire dynastique des carolingiens.

L'époque carolingienne est pour ma part une époque historique passionnante qui a ouvert les portes à la modernité : renforcement de l'administration, développement de l'éducation, essor économique, transition culturelle, activités artistiques... L'impact de cette" famille" a été immense.
La narration de Pierre Riché, fluide et précise, nous permet de prendre connaissance sans ennui de cette période dense.

Lu dans le cadre de mes études supérieures, je garde de cet ouvrage un excellent souvenir, pas du tout rébarbatif comme peuvent l'être certains livres de spécialistes. Un livre qui reste une référence en la matière et passionnant du début à la fin.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Pépin II règne au nom du roi mérovingien Thierry III... Thierry meurt vers 690. Pépin le remplace par l'enfant Clovis III qui ne règne que quatre ans puis par son frère Childebert III. Lorsque Childebert meurt au palais de Choisy-au-Bac (Oise), Dagobert III devient roi jusqu'en 715...
Le rédacteur des "Annales de Metz" qui écrit au IXème siècle et qui veut exalter Pépin le Moyen raconte: "Tous les ans aux calendes de mars, le maire du palais Pépin II tenait une assemblée générale avec tous les Francs selon la coutume des Anciens. A cause de la révérence due au titre de roi, il y faisait présider le roi jusqu'à ce qu'il ait reçu de tous les grands parmi les Francs les dons annuels, qu'il eût fait une harangue pour la paix et la protection des églises de Dieu, des orphelins, des veuves, qu'il eût interdit fermement le rapt des femmes, le crime de l'incendiaire, qu'il eût ordonné à l'armée d'être préparée pour le jour annoncé pour partir. Alors Pépin renvoya le roi à sa villa royale pour y être gardé avec honneur et vénération tandis que lui-même gouvernait le royaume des Francs."
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(A propos du partage de Verdun)
Depuis le XIXème siècle, les historiens surtout en Allemagne et en France ont cherché à expliquer chacun à leur façon la constitution des trois royaumes. Au temps où le principe des nationalités était à l'ordre du jour, certains tels Michelet ou Augustin Thierry ont pensé que les négociateurs avaient voulu respecter les sentiments nationaux et les diversités linguistiques. Ainsi la France et l'Allemagne seraient nées à Verdun tandis que la part de Lothaire était destinée à se fractionner en plusieurs Etats qui donneraient le jour à la Hollande, la Suisse et l'Italie...
En fait il n'existe à l'époque ni France, ni Allemagne. Le royaume de Charles le Chauve est composé de populations sans cohérence, parlant des langues très différentes. Qu'y a-t-il de commun entre les Goths de la marche d'Espagne, les gascons, les Aquitains, les Celtes d'Armorique, les peuples de Neustrie ou de Flandre ? Quant au royaume de Louis de Bavière qui apparaît plus cohérent, il n'a aucune unité quoi qu'aient dit les historiens allemands du XIXème siècle ou de la première moitié du XXème siècle.
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Charles Martel est l'ami des moines de Saint-Denis à qui il confie l'éducation de son fils Pépin. Ce faisant, Charles rompt avec la tradition des rois mérovingiens qui confiaient leurs fils à des gouverneurs et suit l'exemple des princes anglo-saxons qui, dès le VIIème siècle, firent instruire leurs enfants par des moines.
Lorsque le jeune Pépin se trouve à Saint-Denis, les moines commencent à devenir les historiographes des Francs... Dans l'entourage de Charles et de son frère naît la légende de l'origine troyenne du peuple franc, car il fallait bien que les Francs trouvent les moyens de se rattacher aux peuples civilisés.
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Charlemagne savait que dans les "scriptoria" des grands monastères, on commençait à utiliser une nouvelle écriture, mise au point vers 780, peut-être à Corbie et qui par la suite reçut, en l'honneur du roi, le nom de "caroline". Cette minuscule de petit module, régulière, séparant les espaces entre les mots, a été adoptée peu à peu, pour s'imposer dans tout l'Occident et même parvenir jusqu'à nous. En effet les premiers imprimeurs de la Renaissance ont tant admiré la caroline qu'ils l'ont adoptée et qu'elle est devenue le bas-de-casse de la typographie actuelle.
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(à propos de la conquête de la Saxe par Charlemagne)
Ainsi se termine cette première "guerre de Trente Ans" que certains considèrent comme une des gloires du roi conquérant et d'autres comme une des pages les plus noires de son histoire. Les historiens nazis, qui accusaient Charles d'avoir christianisé de force les Saxons, ont encore de nos jours des héritiers, et Widukind, dont la légende s'est emparée, apparaît comme le héros national du germanisme. Quoi qu'il en soit, par sa brutalité et par sa ténacité, Charles a réussi ce que les armées romaines n'avaient pas pu réaliser. La soumission et la christianisation de la Saxe permettront par la suite la création d'un ensemble d'où sortira l'Allemagne médiévale.
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