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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Opération mass critique.

Cette correspondance impromptue est initiée en 1920 par une jeune suissesse, fräulein Anita, après que cette dernière ait assisté à une séance de lecture du poète. Rilke lui répond promptement et essaye d'apporter conseils et perspectives à la jeune âme que l'on découvre très vite tourmentée d'Anita. Ce n'est plus tout à fait le Rilke de Lettres à un jeune poète, l'auteur est dans sa maturité littéraire, les Carnets de Malte ont déjà paru, ainsi que plusieurs recueils de poésie. Autre différence, l'échange avec Anita est d'emblée plus centré sur la vie de la jeune femme.

“Pourquoi je vous écris tout cela : je ne sais pas, c'est peut-être que j'obéis à une nécessité intérieure.” Cela commence certes par des échanges sur la littérature, quelques vers envoyés à Rainer par Anita lui valent une invitation à plutôt essayer la prose : “je ne saurais vous mettre suffisamment en garde contre les tentations de la rime”… mais c'est presque un coaching thérapeutique nous pourrions dire. En effet, Anita sans relâche confiera ses doutes, ses peurs, ses ressentis à la recherche de l'appui, mais aussi sans doute de l'intérêt de Rilke, tout en s'inquiétant de sa légitimité à ainsi perturber le grand écrivain par ses missives somme toute assez centrées sur elle-même, de son propre aveu.

Le maître rassure, apaise sans complaisance, sans mièvrerie feinte, allant droit au but dans la limpidité, le dépouillement et la spiritualité qui le caractérisent. Puis les mots ayant leur limite, mieux vaut laisser infuser des paroles claires qu'user sa plume à les répéter, alors le maitre s'efface peu à peu… Si les lettres de Rilke sont d'emblée plus fécondes pour le lecteur, de par les conseils, le recul et la vision de l'auteur, il n'est pas inintéressant du tout de voir à quoi ce dernier se raccroche dans les demandes d'Anita avant de professer ses recommandations.

“Nous ne savons pas ce qu'est le centre d'une relation amoureuse” répond Rilke à Anita qui lui écrit avoir consulté un psychiatre, troublée suite à une relation avec une amie. Les vues du poète praguois sur l'homosexualité, alors que la lettre d'Anita est sibylline, tortueuse, sont d'une sagacité bluffante : “des être travaillent depuis longtemps déjà à dissiper les soupçons si laids qui pèsent sur les relations amoureuses au sein du même sexe”. Ces mots, ainsi que la disqualification de la psychiatrie ou de tout jugement extérieur ou tendance culpabilisante face à ce qu'il nomme l'innocence et le mystère de l'amour auront joué un rôle important pour Anita qui renouera avec son amie, et par la suite vivra une longue histoire d'amour avec une autre femme.

Il y a un petit côté courrier des fans, nous sentons comme Anita, sans même en revenir d'entamer une relation épistolaire avec Rilke, est en demande par rapport à lui, elle a l'hubris de vouloir savoir - et lire de la plume même de Rilke - s'il existe une place pour elle dans les pensées du poète et on ne peut qu'imaginer comme elle retint son souffle à la lecture de la réponse de l'écrivain : “Ai-je répondu à toutes vos questions Anita ? - Il en reste une : est-ce que parfois, sans qu'une de vos lettres m'y invite, je pense à vous ?”

Comme le suspense est à son comble, il ne tient désormais qu'à vous de décacheter la cire sur l'enveloppe à la flamme de votre chandelle…

Il me faut saluer et remercier Babelio & les Editions Bouquins pour ce très bel ouvrage. C'est un très bel objet, les lettres sont accompagnées de quelques mots qui ouvrent et clôturent la lecture pour la contextualiser sans l'appesantir, en s'en tenant à l'essentiel, des photos et des extraits du journal d'Anita Forrer et notamment les précieux passages consignant ses deux rencontres réelles avec le poète.

Un pré-requis peut-être avant d'entamer une correspondance (lorsque bien sûr celle-ci ne nous est pas destinée) : ne pas s'interdire le voyeurisme et plonger à fond dans la vie des autres !

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Ouvrage reçu lors d'une opération Masse Critique Privilégiée, je tiens tout d'abord par remercier babelio et les éditions Bouquins pour l'envoi de ce magnifique ouvrage.
Il est vrai que j'avais lu "Lettres à un jeune poète" du même auteur (Rainer Maria Rilke) lorsque j'étais adolescente mais je n'avais alors sans doute pas saisi toute la portée des mots alors - étant probablement trop jeune - et il aurait peut-être fallu que je les relise avant de me lancer dans cette nouvelle lecture mais cela me fut impossible, n'arrivant pas à remettre la main sur l'ouvrage que je possédais alors et édition donc dans laquelle j'aurais voulu relire cette correspondance (je ne désespère pas de remettre la main sur ledit exemplaire).

Ici, Jeanne Wagner et Alexandre Pateau ont accompli un travail remarquable en se plongeant dans les archives de l'oeuvre rilkéenne afin de nous présenter cette édition. Sont regroupés ici la quasi-totalité de la correspondance qu'échangea le poète Rainer Maria Rilke avec une jeune femme (qui avait l'âge de sa propre fille), Anita Forrer. Entre eux, jamais le moindre échange épistolaire ambigu, jamais un mot déplacé de la part de Rilke qui s'instaura plutôt comme "un maître à penser", un aiguilleur de conscience qu'autre chose. Si les deux se sont rencontrés dans la vraie vie (j'entends par là, autrement qu'à travers des lettres mais se sont bel et bien retrouvés en présence l'une de l'autre), ce ne furent pourtant que des moments fugaces, retranscrits ici mais qui sont loin d'être aussi riches en échanges que dans les lettres qu'ils se sont adressés de 1920 à 1926. Mêms i le poète reste parfois muet de longs mois (ce qui désespère souvent notre jeune femme à peine âges de 19 ans lorsque débuta leurs échanges), il n'en reste pas moins très prévenant envers cette dernière, se chargeant de répondre dans les moindre ds détails à toutes les questions existentielles que se pose cette dernière. Elle lui demande également souvent des conseils en matière de lecture, savoir si les ouvrages vers lesquels elle se tourne sont de bons modèles et Rilke se chargera également de lui faire découvrir des ouvrages tels "Les Fleurs du Mal" de Baudelaire qu'il jugea comme un livre indispensable qui doit nous accompagner tout au long de notre vie.
Entre eux, également des échanges plus légers - quoique - (sur la santé de l'un ou l'autre, les relations qu'entretient Anita avec sa famille entre autres) mais tout cela amène le lecteur à se replonger dans une autre époque et à les retransposer dans le contexte d'aujourd'hui.

Une lecture riche en émotions et en réflexions philosophiques ! Je n'ai qu'un regret, ne pas connaître assez l'allemand (bien que l'ayant étudié au collège et lycée) et encore, Rilke était autrichien donc c'est encore probablement différent, pour pouvoir lire les oeuvres de ce dernier (qui s'enrichissent au cours de cet échange épistolaire) dans leur langue originale. Un ouvrage intense et extrêmement bien documenté et annoté par nos deux traducteurs et que je ne peux que vous recommander !
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Après -Lettres à un jeune poète- de Rainer Maria Rilke, voici la correspondance du poète avec la jeune poétesse Anita Forrer. Cet échange épistolaire s'étend de 1920 à 1926, soit 12 années après les échanges avec Franz Xaver Kappus.

Il s'agit d'une édition inédite en France et quasi complète des lettres que se sont adressé les deux protagonistes.

Dans l'avant-propos, l'éditeur précise :
« En présentant cette correspondance, nous aimerions faire entendre la voix d'un Rilke arrivé dans sa pleine maturité d'homme et de poète – mais aussi donner la parole à une jeune femme qui, tiraillée entre la pesanteur de son carcan social et un élan irrépressible vers la création et vers la vie, pourra devenir, à sa manière, source d'inspiration pour les lectrices et lecteurs d'aujourd'hui. »

Tout comme il l'avait fait avec le jeune poète Franz Xaver Kappus, Rilke répond immédiatement aux sollicitations de la jeune femme de 19 ans, qui selon lui, est sensible, « avide de savoir, ouverte aux choses de la nature comme à celles de l'esprit. »

Cette correspondance va permettre, en outre, à Rilke d'accéder au milieu de la bourgeoisie Suisse de Saint-Gall qu'il ne connaissait pas.

La jeune femme voit en la personne du poète « un guide », « un maître. », celui-ci va donner selon elle « un sens nouveau à sa vie » « en lui ouvrant des espaces spirituels insoupçonnés… »

Après l'ouverture du recueil sur quelques lettres manuscrites nous accédons à la correspondance entre les deux personnes.

La jeune femme se d'abord montre admirative des oeuvres et de la personnalité de Rilke.

Dans un premier temps, la correspondance est axée sur l'aspect littéraire de l'oeuvre du poète, il y est question, entre autres, des Cahiers de Malte, la jeune poétesse ressent une totale empathie pour le personnage en se sentant en totale fusion avec les émotions de celui-ci.
Rilke apporte alors des lumières à la jeune fille sur cette oeuvre dans laquelle la cruauté est mise en avant mais la sensibilité de la poétesse au texte de Rilke a permis à celle-ci de dépasser la noirceur du livre, l'angoisse que sa lecture aurait pu déclencher pour en tirer l'essence même de ce que l'auteur a voulu exprimer, Rilke lui adresse ses compliments pour cette justesse littéraire. Il lui enjoint toutefois de diversifier ses lectures, de lire d'autres auteurs dont le fameux Jacobsen qu'il admire toujours depuis les lettres à un jeune poète. Les conseils de Rilke, estime-t-elle lui ont permis de transformer son écriture.

Rilke se montre toujours aussi attentif, enthousiaste à l'idée d'éclairer les jeunes talents, de leur prodiguer des conseils ; il éprouve une certaine jouissance à l'idée de les former, les guider dans leurs lectures et leur écriture tel un poète/professeur.

Mais l'homme, le père qu'il est, il a une fille de l'âge D'Anita, ne se comporte pas uniquement en « pédagogue » de la littérature, il est présent également quand la jeune fille confiante lui livre certains secrets inavouables sur l'amour, le désir naissant qu'elle éprouve et dont elle se sent coupable, ses ruptures et déceptions amoureuses, les difficultés des liens familiaux, l'amitié, la religion, elle lui pose aussi de nombreuses questions métaphysiques qui l'obsèdent. Il la rassure et lui apporte le réconfort moral nécessaire en toute simplicité, à la manière d'un ami bienveillant, elle lui en sera pleinement reconnaissante.

L'empathie et la générosité de Rilke à l'égard des autres se déploie pleinement dans ses correspondances. Elles nous permettent de mieux approcher l'être humain qu'il est au-delà de son génie poétique, son altruisme qui le rend apte à se tourner vers autrui et de compatir notamment lorsqu'il s'agit de jeunes gens qui se sentent quelque peu égarés, solitaires. Il a une telle aptitude langagière, une telle profondeur de pensée (tournée parfois vers la métaphysique) qu'il sait trouver les mots justes et atteint le coeur de la poétesse.

Cette correspondance est plus intime peut-être, plus personnelle que les -Lettres à un jeune poète- qui était plus axée sur l'écriture, les formules de politesse sont moins convenues que celles que Rilke adresse à Kappus, la jeune fille et le poète se sentent très proches ; ils signent leurs lettres de leur prénom. Les délais entre certaines lettres les inquiètent au plus haut point, leur rendez-vous manqué affecte le poète, ils sont devenus dépendants l'un de l'autre et s'apprécient mutuellement au plus haut point, je dirai presque qu'il y est question d'amour, filial ? Un amour platonique ? En tout cas un « coup de foudre » qui va au-delà de la littérature et de l'initiation à l'écriture, Rilke est un véritable confident de confiance pour la jeune femme.

Certaines lettres de Rilke sont tout à fait accessibles, d'autres comportent des envolées métaphysiques qu'il faut lire ou relire avec attention. Quant Anita Forrer, elle exprime son admiration, son amour, ses doutes, ses tourments, ses échecs, ses joies aussi, propres à son âge et à sa condition, à son époque, de manière simple, claire et sincère.

Je remercie Babelio ainsi que les éditions Bouquins pour l'envoi de ce livre, merci également pour le petit mot de l'éditeur.
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Après la lecture de Lettres à un jeune poète, écrites entre 1903 et 1908, qui m'avait laissé un goût amer et triste, j'ai choisi de lire Lettres à une jeune poétesse, car il faut bien le dire, la profondeur des pensées de Rainer-Maria Rilke est une belle découverte. Et je remercie Babelio pour cet envoi dans le cadre d'une Masse critique privilégiée et les éditions Bouquins littérature.

La correspondance entre l'auteur et Anita Forrer âgée de 19 ans, s'échelonne entre 1920 et 1926, année de la mort de l'écrivain. Heureusement pour moi, je n'ai pas retrouvé le sentiment de mal-être de R.M. Rilke, bien au contraire. Peut-être avait-il acquis une certaine sagesse; et sa philosophie de vie était arrivée à maturité. En cette période, il était également au faîte de sa gloire.

A la demande d'Anita Forrer, jeune fille désoeuvrée par sa vie, s'en suivra une correspondance où, en toute confiance, elle fera part à l'écrivain de ses nombreuses questions existentielles. Enfermée dans un carcan de bonne éducation et de valeurs morales pour jeunes filles de cette époque, la jeune Anita, indépendante d'esprit, trouvera un guide en la personne de Rainer. Un maître à penser. L'écrivain, dans une immense générosité, fera don de lui en tentant de répondre aux nombreuses questions que son "élève" ne peut aborder dans son cercle familial.
Dans les dernières années de leur échange épistolaire et tout en continuant à prodiguer ses précieux conseils, R.M. Rilke expliquera à Anita la raison de la rareté de ses lettres, et ce, avec la plus grande délicatesse. En effet, ses grandes oeuvres sont sur le point d'aboutir et il doit y travailler. Anita quémandera toujours, comme une enfant gâtée... (en tout cas, c'est ce que j'ai ressenti).

Ce livre est un très beau travail de recherches, par des passionnés. Bien qu'il s'agisse de lettres des dernières années de vie de l'écrivain, je trouve qu'il serait un bon début pour découvrir et plonger dans l'univers de R.M. Rilke.
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ÉMOUVANTE CORRESPONDANCE D'UN MAÎTRE À SON ÉLÈVE.

Longtemps durant, l'oeuvre du poète Rainer Maria Rilke fut connue au public français non seulement par l'entremise de ses grands recueils de poèmes, peut-être un peu par le biais de son unique et étonnant roman, Les cahiers de Malte Laurids Brigge, (auquel il est régulièrement fait référence dans le présent ouvrage), mais, dans une très large mesure, c'est par un livre qu'il n'a jamais lui même directement composé ni ouvertement souhaité que la postérité de cet immense poète autrichien né à Prague s'est faite chez nous, les fameuses Lettres à un jeune poète

C'est oublier un peu vite plusieurs éléments : que celles-ci avaient été envoyées à un "apprenti poète" sans volonté première de "faire oeuvre". Qu'elles sont le reflet d'un poète à la reconnaissance pas encore aussi affirmée que celui qui écrira plus tard à la jeune Anita Forrer, puisqu'elles furent rédigées entre 1903 et 1908. À cette époque-là, les "grands" recueils déjà écrits par Rilke sont surtout le livre d'image (1899) et, plus encore, La Chanson de l'amour et de la mort du cornette Christophe Rilke (1904) et son magnifique Livre des Heures (1905). Cela n'ôte rien aux qualités intrinsèques de cette série de dix lettres adressées à son compatriote Franz Xaver Kappus ni à ses "leçons" d'esthétique ou de vie, mais ce que les éditions Bouquins, par l'intercession d'une Masse Critique spéciale organisé par notre site de lecture en ligne préféré, Babelio.com mettent en évidence en traduisant pour la première fois en français ces Lettres à une jeune poétesse, c'est que des correspondances - sauf volonté expresse, et de leur vivant, par leurs deux auteurs - ne sont pas autre chose que des échanges ponctuels, dispersés dans le temps, plus ou moins intimes et inégalement riche d'intentions, d'envie, de projection - cela dépend bien évidemment de leurs auteurs - entre deux personnes. 

Mais entrons dans le vif du sujet. Nous sommes au début de l'année 1920 en Suisse où Rilke réside depuis peu (mais désormais, jusqu'à ces derniers jours en 1926). Une jeune femme de la bourgeoisie en vue de la ville universitaire de Saint-Gall, Anita Forrer, alors âgée de dix-neuf ans, venait de voir et d'entendre le poète à l'occasion d'une série de lectures qu'il avait données en septembre de l'année précédente. Avec la maladresse sincère et enthousiaste propre aux "fans" qui se décident enfin à approcher leur idole, Anita finit donc par se décider à écrire à Rilke, même si cette première missive ne se voulait «rien d'autre que [lui] montrer l'émotion profonde d'une jeune fille qui aime [ses] oeuvres.» Divine surprise, Rilke répondra à cette lettre qui ne demandait expressément aucune réponse, faisant d'elle une sorte d'élue. Suite à cette manière de malentendu miraculeux, s'ensuivirent six années d'un bien étonnant échange épistolaire au cours duquel la jeune femme avoua très vite à son "maître" s'adonner à l'art difficile du poème ainsi que du recueil de pensées diariste. Rilke, avec une forme intransigeante de brutalité douce la dissuada presque immédiatement de poursuivre dans la première direction tandis qu'il lui conseilla tout aussi tendrement et sincèrement d'approfondir cet autre forme d'écriture - le journal intime - pour laquelle il lui semblait qu'elle était bien plus elle-même, bien plus vraie, bien plus douée. Très vite, tant dans l'existence d'Anita Forrer que dans leurs échanges, cessent ces références à la poésie ainsi qu'au désir d'entrer en écriture (ce qui différencie, entre autres choses, ces lettres de celles que l'auteur des Elégies de Duino entretint avec le jeune Kappus, et qui nous font estimer le titre retenu pour ces correspondances un rien racoleur - c'est aussi celui de l'édition originale allemande -, même si tout autre titre eût été difficile à choisir. Ce sera notre seul remarque négative à ce très bel ouvrage).

Tout aussi rapidement, en revanche, s'installe une étrange mais parfaitement voulue relation de maître à élève, un échange se portant bien plus sur l'existence que sur l'écriture ou l'esthétique, même si les livres, et en particulier ceux de Rainer Maria Rilke (les Cahiers en tête, comme un Leitmotiv), sont abondamment cités et présents au fil de ces très belles pages. Ces derniers n'interviennent alors bien souvent que comme matière à exemples, comme modèles de chemins intérieurs à suivre ou à ne pas suivre, comme possibles sources de réflexion intimes, d'avancées personnelles, de motifs d'espoir, d'ouverture au monde et de compréhension de celui-ci, beaucoup plus que comme relation strictement esthétisante d'un lecteur à un autre. On y lira cependant l'importance d'un Francis Jammes (le poète "mystère" mentionné sans le nommer dans les Cahiers), d'un Charles Baudelaire (cadeau d'anniversaire un rien subversif du maître à son élève, véritable appel à l'indépendance d'esprit et à la liberté d'être), d'un Jens Peter Jacobsen (écrivain préféré de Rilke), d'un Valéry Larbaud...

On y découvre aussi - avant tout, peut-être - une jeune femme en pleine rébellion intérieure, passablement déprimée, pour ne pas écrire dépressive, en tout cas à fleur de peau, et cherchant, sans bien savoir comment, à s'affranchir de sa condition, à son destin tout tracé, à s'extraire, mais en cherchant à ne pas mettre à mal ceux qu'elle aime (qui ne la comprennent d'évidence pas), de cette prison dorée, familiale et sociale. Pour une part, Rilke saura lui ouvrir la voie, lui donnant des armes pour apprendre à vivre ; il saura même la mettre en garde à l'encontre de fausses solutions. Celle proposée, par exemple, par des théosophes qui l'avaient invitée à l'une de leur réunion. Celle encore de l'Amour, ou supposé tel, qui trouvera un temps sa solution en des fiançailles qui n'aboutiront jamais. Pour une autre part, on sent le poète presque désemparé par certaines questions, certaines attentes, certaines douces colères de cette femme à l'aurore de sa vie (celles concernant ses parents, entre autres choses), qui va d'ailleurs se mettre brutalement en retrait de cette correspondance qui ne sera plus, désormais (à la suite de l'une des deux seules rencontres, manquée, d'Anita et de Rainer, en 1923), qu'un long monologue sans aucune réponse, malgré le caractère empressé des lignes que la jeune femme envoie à son "maître". L'un des derniers mots, terrible, de l'autrichien sera de dire à sa correspondante tandis qu'il la raccompagnait à la gare à la fin de cette rencontre affreusement décevante : «Anita, pourquoi faites-vous toujours deux pas en avant pour reculer de trois ?» Mots auxquels Anita répondit, bien involontairement sans doute, par ceux-ci à l'occasion de leur seconde et ultime entrevue, tandis qu'il ne lui avait pas répondu une seule fois en trois ans ; des mots encore plus dramatiques, encore plus émouvants avec le recul, Rilke décédant d'une leucémie seulement quelques mois plus tard : «Comment avez-vous pu me faire ça ?» Et Rilke de répondre, « quel terrible malentendu». Mais quel passionnant, quel enthousiasmant malentendu, proposé à notre lecture près d'un siècle plus tard !
L'édition qui nous est proposée ici, constituée d'une soixantaine de lettres - certaines très brèves, d'autres tenant sur plusieurs feuillets ; d'autres encore n'existant plus qu'à l'état de résumés ou d'extraits restitués par le journal intime d'Anita - permet tout autant d'en découvrir plus sur l'auteur des Sonnets à Orphée - une autre de ses oeuvres majeures - que sur l'existence de cette femme de la bonne société du début des années 1920, des carcans étouffants dans lesquels l'une d'entre elles eut à se débattre afin d'en sortir dignement et surtout librement. La suite de l'existence d'Antia Forrer en atteste indubitablement. de ces rares et beaux échanges avec l'un des plus grands poètes du XXème siècle, elle sut faire oeuvre existentielle intime, la vieille dame qu'elle devint (elle eut une belle et longue vie, s'éteignant très âgée au début des années 80) n'oubliant en effet jamais les conseils et les mots de son ancien maître. 

On notera aussi la richesse des notes, souvent agrémentées d'extraits d'autres correspondances de Rilke venant éclairer celle-ci, ainsi que le patient travail de présentation et de traduction de Jeanne Wagner et d'Alexandre Pateau. Notons, enfin, que l'ouvrage est agrémenté de documents iconographiques particulièrement enrichissants pour l'ensemble de ce recueil. Un bien bel ouvrage pour lequel nous tenons, une fois de plus, à remercier les éditions Bouquins de nous l'avoir fait parvenir gracieusement. 
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Échange épistolaire entre une jeune femme de 20 ans et le poète RAINER MARIA RILKE, dont le texte « LETTRES A UN JEUNE POÈTE » de même construction a intéressé de nombreux lecteurs avisés en quête d'un supplément d'âme.
Ici, ANITA, est une personne à l'aube de sa vie d'adulte, tout en questionnement, sensibilisée lors d'une soirée de lecture donnée par RILKE à cette nouvelle dimension qu'elle pourrait donner à sa vie en conversant de manière plus directe (par échange de lettres) avec ce poète dont le succès grandissait et dont les écrits la bouleversaient.
L'époque (1920, il y a 100 ans) est lourde en conventions, très présentes dans le milieu de la jeune fille, assombrissant son avenir. RILKE, en devenant une sorte de maître à penser, tout en douceur, tout au long de l'échange qui s'étend sur 6 années, fera contrepoids à tous les doutes et les souffrances d'ANITA et tachera de l'encourager dans son réel potentiel à trouver le bonheur par elle-même, à se faire confiance pour son avenir, ses relations, ses envies profondes en dehors de tout carcan imposé par la société, notamment aux femmes de l'époque.
L'écriture composant les lettres des 2 personnages est riche et toujours bienveillante. Il est plus question ici de leçon de vie que de leçon d'écriture, RAINER demeurant parfaitement sincère sur ce sujet avec ANITA, dont la poésie sur laquelle elle s'essaya au début, demandant l'avis de RILKE, ne pourra constituer un avenir pour elle (ce qui rend le titre un peu trompeur).
Un livre touchant par la grande qualité de cette relation humaine, approfondie, typique de l'échange épistolaire. Un livre cependant si loin de notre époque, de nos conventions, de notre manière de communiquer aujourd'hui. Une leçon d'humanité donc, posée, nous incitant à prendre le temps, à écrire même :
« RAINER, si vous avez ne serait-ce qu'un tout petit peu de temps, écrivez moi je vous prie, rien quelques mots: les mots, ils me rendent heureuse."
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Ce recueil épistolaire est une vraie belle découverte, grâce à la masse critique.
Il est aisé de comprendre le choix du titre, assez accrocheur, mais il est inexact. En effet contrairement à Franz Kappus, il ne semble pas que la jeune Anita Forrer se soit sérieusement destinée à la poésie. Elle adresse bien au début de leur correspondance « quelques tentatives » à Rilke, mais ce dernier l'en dissuade immédiatement avec franchise « Vous feriez mieux de vous exercer à noter vos sentiments en prose ».

Alors que la version de « Lettres à un jeune poète » qui proposait également les lettres de Kappus, présentait à ce titre un intérêt certain mais un peu anecdotique, les lettres d'Anita apportent un vrai plus à cet ouvrage. La jeune fille de 19 ans possédait une personnalité entière et bouillonnante et son style est à la fois enlevé et sensible, moins empesé que celui de Kappus.

Rilke joue là encore un rôle de mentor, mais alors qu'il n'avait que 27 ans au début de sa correspondance avec Kappus, il a ici dépassé les 45 ans. On ressent une véritable affection entre les deux correspondants qui ne se sont cependant rencontrés que 2 fois. La jeune fille se cherche, elle se sent à l'étroit dans une famille pourtant aimante. Elle fait part par exemple à Rilke de ses premiers émois amoureux pour une autre jeune fille, et ce dernier lui répond avec beaucoup de bienveillance et sans préjugés.

Rilke va ainsi l'accompagner, de 1920 à 1926, toujours avec beaucoup de délicatesse, en l'encourageant à se révéler à elle-même, à prendre sa vie en main mais sans l'influencer directement. Il lui suggère également des lectures, notamment Les Fleurs du Mal, lui offre plusieurs ouvrages. On sent que Rilke a évalué la psychologie de la jeune fille avec beaucoup de finesse. A l'issue de leur première rencontre (résumée en annexe du livre), au cours de laquelle elle est restée mutique, pétrifiée par le trac, il lui dira : « Anita, pourquoi faites-vous toujours deux pas en avant pour reculer de trois », ce qui perturbera profondément la jeune fille.

La postface du livre nous apprend que cette dernière a finalement eu la vie riche et stimulante qu'elle appelait de ses voeux. Sans doute l'influence de Rilke l'y a-t-elle aidée.
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"Lettres à une jeune poétesse" est un recueil inédit de lettres entre le poète Rainer Maria Rilke, 45-50 ans, et une jeune fille dans la vingtaine, Anita Forrer. Une soixantaine de lettres échangées entre 1920 et 1926. Une édition allemande de ces lettres avait paru il y a 40 ans et cette version française la réactualise.

Dans cette édition justement, il me semble que les notes des traducteurs.rices ainsi que l'accompagnement éditorial, préface, postface, photos, participent directement de l'intérêt de lecture. Par les notes, nous sommes avertis des trous dans la narration ("lettre perdue", extrait tiré du journal etc). Il nous est proposé l'expérience d'un récit lacunaire, recomposé. Un double récit en fait, deux narrations qui se croisent et dialoguent. le livre se formant par assemblage des fragments... par le travail d'édition, qui met bout à bout les deux côtés de l'échange, comble - juste ce qu'il faut, point trop n'en faut -, fait d'un discontinu un récit.

À ce titre, rarement l'importance du travail d'édition ne m'est apparu aussi clairement. Les notes d'accompagnement, pour certaines anecdotiques, tissent de bout en bout la toile de ce "récit de leur relation". Que ce soit par des explications quant à leurs références communes, livres, personnes, lieux etc., tout leur tissu d'existence partagée. Egalement par tout ce qui accompagne ces lettres, tel que rapporté dans les notes, par exemple telle lettre d'Anita était accompagnée d'un gâteau, ou d'un livre; telle autre encore aura voyagé de porte en porte avant de trouver "Rainer"... Les lettres semblent vivantes, concrètes, postées dans leurs boîtes aux lettres. Elles nous apparaissent entourées d'une auréole historico-romanesque. Il y a là, dans l'espace-temps ainsi déplié, une zone de vie historiquement datée, à l'Est, il y a un siècle.

Mais... place au texte. Aidées par la présentation, ces "voix du passé" ont pu jouer, moderato cantabile, sur les cordes de ma mélancolie. Lues aujourd'hui, elles passent pour des parcelles de vie dans la fosse obscure de la grande Histoire, toujours menacée d'oubli (en particulier la voix d'Anita, qui "vibre" de son aspiration à vivre).

Musique de nos remous intérieurs - et la confession provoque en moi un trouble. Ces lettres ne sont pas ou peu des récits d'actions, elles sont le récit d'une âme, une plongée en soi (mais guettant toujours l'autre) ; des parenthèses à la vraie vie, des minutes de pure partage, des alvéoles de sentiments, des respirations au pouls de l'autre. Les détails de la vie concrète prennent une autre dimension dès lors qu'ils sont racontés sur le ton de l'aveu (qui est un peu un aveu à soi).

Les lettres prennent également une autre dimension dès lors qu'"elles ont été lues", et c'est bien un double regard qui s'affiche au travers de chaque courrier. Malgré nous, nous nous approprions les yeux de Rainer lisant Anita, et inversement.

Le lecteur trouvera finalement dans ce recueil le mariage d'un échange épistolaire raffiné, plein d'esprit, et d'un récit à la fois historique dans les faits et romanesque pour l'imagination.

Les notes sont capitales pour la compréhension mais restent succinctes, n'appesantissent pas la lecture. Elles laissent des questions en suspens: que faisait alors Rilke dans cette demeure?... Qu'en est-il de la maladie de la mère d'Anita?... Cette concision est bienvenue pour les respirations qu'elle laisse (et les ellipses ont leur valeur littéraire).

On appréciera dans les pré- et postfaces l'implication enthousiaste des traducteurs-éditeurs français : Jeanne Wagner et Alexandre Pateau, le plaisir qu'ils éprouvent à nous présenter leur travail ; aussi la mise en page des éditions Bouquins, aérée, confortable à l'oeil ; enfin la reliure couleur crème, au toucher agréable.

Les fins de lettres sont souvent des formulations charmantes, par exemple ils ne cessent de se dire "Adieu pour aujourd'hui".

Anita, P. 149 : "Acceptez, Rainer, ma gratitude en échange de toute votre bonté !"
Rainer, P. 114 : "Célébrez, chère Anita, un jour bon, un jour beau dans ses réalités, - beau dans toutes ses significations, et avant tout un jour qui donne à votre coeur tout l'espace d'être gai !"

Merci à Masse Critique et aux Editions Bouquins pour cette découverte.
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Lettres à une jeune poétesse est un échange de lettres entre Rilke et une jeune femme admiratrice, Anita Forrer, qui cherche en ce poète un ami, un confident et un "maître" qui lui apprend la vie au travers de textes, de livres poétiques et autres.
J'ai souri au début du texte car j'ai retrouvé dans ces échanges épistolaires beaucoup de similarité avec l'amitié que j'ai avec un ami, que je n'ai moi aussi jamais rencontré en vrai mais avec qui j'échange régulièrement de longs mails. Et nous échangeons pratiquement la même chose : il est pour moi un guide, un ami, un confident, je le surnomme même mon "journal intime vivant".

Si vous cherchez de belles phrases inspirantes pour vous élever, vous questionner en vous-même ou sur le monde, méditer au travers de la poésie... et bien... vous serez peut-être déçus. Sans prendre de gants, ce livre est simplement des échanges de lettres entre une "gamine" assez inconstante, légèrement déprimée et capricieuse, et le poète qui tente sans cesse de la calmer, de lui envoyer du réconfort et tenter de la réjouir par le biais de quelques lettres. Ce n'est pas de la grande poésie ni un livre de développement personnel, ni de la philosophie. Ne n'y trompons pas !

Sur la fin, j'ai fini par me lasser non pas de Rilke, qui reste un poète sage et gentleman, mais de Anita qui, un coup ca va, un coup ca va pas et attend toujours de Rilke, avec trop d'insistance à mon goût. Elle se veut grande, mûrie, désormais heureuse et forte, mais elle retombe toujours dans le rabaissement d'elle-même, la susceptibilité, c'en devient un peu lassant.

Néanmoins, si ce ne fut pas un coup de coeur et si j'ai nettement préféré @Lettres à un jeune poète de Rilke, j'ai apprécié ma lecture dans ce qu'elle a d'intime, qui va droit au coeur, d'authentique, et aussi pour le clin d'oeil de mon amitié réciproque avec mon ami qui me donne des leçons de vie et des conseils, exactement comme l'échange entre Anita et Rainer.
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Difficile de chroniquer "Lettres à une jeune poétesse" sans évoquer "Lettres à un jeune poète" . Bien sûr , la période n'est pas la même , les motivations sont différentes , et Anita Forrer n'a pas la même liberté que Frank Xaver Kappus .
Rilke et Kappus étaient encore au début de leur vie adulte , ils n'étaient que des hommes en devenir .
Alors que pour la correspondance avec Anita Forrer , Rilke est un écrivain reconnu , sa fille a presque le même âge qu'Anita , c'est un homme mûr . En réalité , Rilke et Anita Forrer n'ont que très peu de choses en commun , mais ils se parlent avec franchise . Lui éprouve une certaine tendresse pour la jeune femme , alors que depuis qu'elle a vu l'auteur à Saint-Gall dans une lecture en novembre 1919 , elle est en adoration devant lui . A tel point que , les rares fois où elle le rencontre en chair et en os , elle est quasi mutique , elle s'exprime mieux par écrit .
Dans sa première lettre à l'auteur , elle lui déclare : "votre compréhension des êtres doit être bien grande . Comme il doit être beau de faire votre connaissance" . Il n'en reste pas moins que Rilke parle toujours comme un maître à penser : il n'hésite pas à décourager Anita de rédiger de la poésie , et elle tient compte de son avis .
Mais si la Suissesse s'adresse au poète , c'est essentiellement pour se libérer du carcan de la bourgeoisie de Saint-Gall et d'une éducation stricte . Elle espère que Rilke l'accompagne sur les chemins de la liberté et l'encourage à s'assumer pleinement . Il faut se replacer dans le contexte de l'époque : une jeune femme comme Anita n'a pas le droit de rencontrer seule un homme comme l'auteur . Et cela ne s'est jamais produit d'ailleurs .
On peut constater que Rilke répond totalement aux attentes d'Anita Forrer , il lui fait découvrir des auteurs comme Baudelaire , il lui offre "les fleurs du Mal" , qui est toujours considéré en 1920 comme un recueil sulfureux et immoral . C'est quasi un geste subversif .
Aux débuts de leur relation épistolaire , Anita déclare qu'elle "attend un homme" , les jeunes femmes de l'époque n'ont qu'une seule alternative pour échapper au carcan familial : se marier . Elle ignore encore son homosexualité à cette époque , mais Rilke , qui l'a compris , encourage la jeune femme à assumer cette "variante du désir" qui appartient à l'être humain . Selon ses convictions , il lui déclare que l'amour qu'elle recherche doit être avant tout une relation spirituelle , avant que d'être charnelle .
Les questions que pose Anita à Rilke le contraignent parfois à se dévoiler . Quand Anita lui demande quelle est sa nationalité , il est le premier à s'interroger : né à Prague , il est théoriquement de nationalité autrichienne , mais il se sent tellement peu autrichien qu'il se souhaiterait russe (après un voyage en Russie) .
Bref , ces échanges épistolaires nous en apprennent autant sur Anita Forrer que sur Rainer Maria Rilke . Par exemple , on apprend que Rilke rédige toutes ses lettres en Kurrent allemande , mais il passe à l'écriture latine dès qu'il écrit une partie de sa lettre en français (ou même un seul mot) .
Cet échange épistolaire est riche en réflexions philosophiques . On regrette d'ailleurs que toutes les lettres d'Anita ne soient pas disponibles , certaines ont disparu . Heureusement , le livre est enrichi de nombreuses annotations en bas de page qui permettent de combler les infos manquantes .
Je remercie Babelio et les Editions Bouquins pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée .
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