Biberonnée aux animés, comme tous les enfants de la Génération du Club Dorothée, je n'avais pourtant jamais rencontré en conscience la grande figure de l'animation qu'est Rintarô. Ce fut donc un réel bonheur de faire cette rencontre grâce à cette BD autobiographique offerte à l'occasion de sa venue en France à Angoulême.
De Rintarô, j'ai vu le trava
il sur Astro, le Ro
i Leo, Albator, Galaxy Express et même Métropolis, dont je me rappelle avoir attendu la sortie avec impatience quand j'étais au lycée. Et pourtant, je ne connaissais rien de cet homme en dehors de son nom, devenu emblématique dans le monde de la réalisation japonaise. J'ai donc été ravie de ce projet de proposer en France une BD que l'auteur aurait conçu pour raconter sa vie, suite à l'échec d'un projet de f
ilm sur le même sujet. L'objet en plus, une BD en noir et blanc au format relié franco-belge, est parfait pour plaire au plus grand nombre. J'espère que ce sera l'occasion pour les curieux de pousser la porte et d'aller à la rencontre de l'histoire de l'animation japonaise.
Car comme la BD Les Pionniers de
Dorison & Co., l'auteur en plus de nous raconter sa vie et son parcours, d'une manière bien plus large nous fait le récit d'une passion dévorante et c'est ce volet-là qui m'a passionnée à mon tour et fascinée. Qu'importe s
i la narration graphique et les dessins ne suivent pas et sont assez plats, l'histoire, elle, vaut totalement le coup et dépasse largement cela. Nous ne sommes pas dans un objet esthétique mais dans un objet de témoignage et j'aime cela !
Ce fut passionnant de découvrir l'homme derrière Rintarô, personnage né juste avant la guerre, qui a donc connu celle-ci en tant qu'enfant et qui nous raconte les chamboulements vécus par lui enfant, mais aussi par sa fam
ille, avec l'éclatement du quotidien qu'
ils ont pu connaître avant. Ensuite, c'est le grand rattrapage japonais et la folie de l'animation et de la production de masse qu'
il nous raconte et à nouveau on assiste avec passion à une nouvelle révolution dans le quotidien des Japonais. Cet album est vraiment un témoin unique de cette époque si riche, décrite avec passion et vivacité à travers des exemples clés tirés de la vie de l'auteur, ce qui rend l'ensemble d'autant plus réel. Passionnant et immersif.
J'ai rapidement été touchée par ce petit garçon, puis jeune homme passionné.
Il y a des scènes fascinantes comme lorsqu'
il construit sa première lanterne magique ou quand
il court regarder des rushs avec
Tezuka en pleine nuit. On sent et partage cette passion frissonnante pour l'animation, en tout cas je l'ai partagée plein pot.
Il faut dire que Rintarô est très communicatif dans le récit de sa vie qu'
il partage avec nous, nous relatant ses hauts et ses bas.
Il va cependant vite, format oblige.
Il passe ainsi sur sa vie personnelle. Une fois animateur, c'est comme si rien d'autre ne comptait et cette fam
ille à l'origine de sa passion disparaît au profit de la nouvelle fam
ille de coeur qu'
il a trouvé dans son trava
il. L'animation est vraiment une passion dévorante.
J'ai beaucoup aimé découvrir à travers son exemple l'histoire de celle-ci, de la création et des premiers temps de Toei, en passant pour le studio Mushi de
Tezuka et les premiers animé à la télé, l'explosion du genre, la floraison des studios, sa propre émancipation et ses succès.
Il nous conte vraiment par le menu ce que c'était que de trava
iller dans l'animation à l'époque. On vit à ses côtés les gestes techniques nécessaires et leur évolution.
Il en montre aussi bien la passion que les difficultés, le manque de moyen, la fatigue immense, le manque de moyen parfois, les petits salaires, mais auss
i la passion et l'entraide, l'envie de toujours inventer et proposer quelque chose. C'est enthousiasmant et enrichissant. Ça donne envie de creuser le sujet, de revoir certains animés et f
ilms.
On croise en plus nombre de grands personnages de l'animation, découvrant ou redécouvrant ains
i leur rôle dans cette grande histoire, leur propre passion et leurs déboires. C'est notamment le cas de
Tezuka assez central ici, mais
il y a aussi
Otomo, qui signe d'a
illeurs la préface, et d'autres plus discrets comme Mori et quelques autres. On y parle aussi des influences de ces pionniers avec le cinéma d'autrefois, ces f
ilms d'époque, son théâtre classique japonais ou encore ses contes. C'est passionnant.
Que vo
ilà un super objet pour les fans d'animation et de son histoire. Dans sa forme la plus simple, sans chichi et fioriture, vo
ilà un artiste phare de l'animation japonaise qui se confie et nous livre son histoire de sa rencontre et sa passion à ce média. Passionnant, lumineux et enrichissant ! J'ai envie de revoir l'ensemble de son trava
il maintenant.
Lien :
https://lesblablasdetachan.w..