(Inscrite depuis peu sur Babélio, je vous livre ici ma toute première critique.)
Admirable fresque que celle de Versailles, le palais de toutes les promesses.
Au premier abord, on se dit qu'il s'agit d'une histoire retraçant le destin parallèle de deux personnages nés le même jour : celui de Louis Dieudonné, le dauphin tant attendu et celui de Toussaint Delaforge, bâtard né dans des conditions déplorables. Roman aux prémices prometteuses où l'on se prend à imaginer un destin croisé entre les deux protagonistes.
Peu à peu, on comprend que l'auteur s'est surtout attaché à nous relater l'histoire de ce bâtard, qui n'aura de cesse de vouloir se venger du malheur qui l'accabla dès la naissance. Histoire un peu répétitive cependant. C'est, à mon avis, le point négatif principal du premier tome. L'auteur s'emploie à répéter constamment l'intrigue comme s'il avait peur que le lecteur se perde dans les méandres d'un roman pourtant bien ficelé. de fait, on a parfois l'impression de piétiner, même parfois de revenir en arrière.
Peut-on dire qu'un roman se bonifie au fur et à mesure qu'il s'écrit ? Je ne sais pas. Pourtant, c'est le sentiment que j'ai eu en lisant les deux autres tomes.
Le deuxième volet nous plonge dans l'univers de ceux qui ont « fait » Versailles, d'un coté d'honnêtes entrepreneurs, de l'autre des crapules sans scrupule. On y retrouve avec plaisir la famille Pontgallet toujours aux prises avec le sombre Delaforge, baptisé le Roi Noir et surtout on s'attache à deux nouveaux personnages : Amandine et Petit Jean.
Ces deux-là s'imposeront largement comme figures charismatiques des Glorieux de Versailles, plus souvent malmenés par un Destin impitoyable que maîtres de leurs propres vies. Mais pouvait-il en être autrement quand on connaît les conditions de travail des ouvriers de Versailles ?
Qu'en est-il finalement de la présence de
Louis XIV dans cette fresque authentique ? C'est là, je pense, le coup de génie de l'auteur. Si la lectrice et amatrice de la vie du Roi Soleil fut tout d'abord désarçonnée par le passage au second plan de
Louis XIV, j'admets maintenant que
Jean-Michel Riou lui a donné sa juste place. Sans doute pour éviter une confusion regrettable entre fiction et faits historiques et que l'on rencontre dans certains romans historiques. Mais j'ai aussi envie d'ajouter ce sentiment personnel : sur cette magnifique toile de fond, le Roi se retrouve en arrière-plan laissant la part belle à le Vau, le Nôtre, le Brun, Mansart, et surtout à ceux qui travaillèrent, de façon acharnée et au péril de leur vie à la construction d'un des palais les plus magnifiques !
L'envers du décor n'a rien de glorieux mais pourtant, on a qu'une envie après avoir lu ce livre, celle de retourner à Versailles ! Pour flâner dans les allées du jardin, rester songeuse devant les somptueux bassins, puis se déplacer de salons en salons, le nez en l'air à l'affût des moindres détails des scènes de la mythologie grecque.