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EAN : 9782362291548
152 pages
Editions Bruno Doucey (04/05/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Athènes, mars 1985. Tous les jours, ou presque, un vieux poète grec arrache au silence de courts textes qui transfigurent son quotidien. Ce n’est pas un journal qu’il écrit, mais des poèmes, scrupuleusement datés, qui accompagnent sa vie et entrent en résonance avec le monde qui l’entoure. Pour nous, qui aimons sans réserve l’œuvre de Yannis Ritsos, ce livre posthume est un enchantement.
Soixante-six poèmes jusqu’alors inédits en français s’y succèdent, comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Né en 1909, figure majeure de la poésie grecque, sans doute le plus engagé politiquement des écrivains de sa génération, Yannis Ritsos connut la guerre, la résistance, la prison, la déportation mais jamais, malgré les épreuves endurées, il ne cessa d'écrire.
En 1947, dans les Lettres françaises, Louis Aragon le décrit comme " l'un des plus grands et des plus singuliers poètes d'aujourd'hui ". Il faut cependant attendre la fin des années 50 pour que l'oeuvre poétique de Ritsos commence à être traduite en France.

Malgré tout ce qu'il a vécu, la poésie de Yannis Ritsos n'est pas réaliste ou engagée au sens étroit du terme. C'est une poésie qui se veut avant tout libre et ouverte, attentive aux évolutions du langage, soucieuse de ne jamais se répéter, de découvrir par l'écriture l'essence des événements vécus ou imaginés. Si elle est parfois dénonciation et revendication, elle est aussi très souvent monologue intérieur, effusion, communion. Sa langue est tantôt sobre, nette, abrupte, tantôt lyrique, enroulée sur elle-même, faisant des mots et des sensations comme des arabesques.

Après Sonate au clair de Lune , le Mur dans le Miroir ou encore le recueil regroupant Chrysothémis, Phèdre, le Sondeur et le Heurtoir, je retrouve avec bonheur une nouvelle traduction* d'un des ouvrages du poète grec : Balcon.
Ces poèmes ont été écrits au jour le jour du 1er au 21 mars 1985 (chacun est daté). Ils ne furent pourtant publiés en Grèce qu'en 2013, bien après la disparition de Ritsos en 1990.

Balcon est une suite de poèmes de forme plutôt courte, qui abordent chacun un thème différent. Tous sont habités par une spontanéité et une simplicité touchantes. Les textes sont comme des tableaux exposés au regard du lecteur. Derrière le motif de la banalité du quotidien, chacun décrit un instant que le poète a choisi comme étant significatif de telle ou telle période de sa vie.

" D'en haut, depuis la montagne,
apparaissent dans plus de clarté
les voix des oiseaux,
les voix des vendangeurs,
les bateaux dans le lointain,
le bras mutilé de la statue,
le marchand de tabac,
et toi, inchangé,
inatteignable, invulnérable,
inaltéré,
tandis que la fumée de ta cigarette
se mêle à la fumée du paquebot
qui te ramène chez toi.

Athènes, 4.III.85 " **


Comme souvent dans la poésie de Yannis Ritsos, tous les textes semblent chargés d'une vie partagée avec ceux qui sont là, amis proches, personnes de rencontre, dont la présence est toujours implicite, jamais marquée. Il en est de même des lieux, de la ville, de la rue, de l'appartement où travaille l'écrivain.
Chaque élément minuscule qu'il choisit d'évoquer, d'élire dans son environnement et son époque sont des « petits riens » dont Ritsos se sert pour nous parler du vaste monde, cette immensité dans laquelle l'homme-poète évolue, interroge et s'interroge.


" Ces galets blancs sur ta table nue
s'illuminent au soleil. Personne ne devine
de quelles profondeurs ils furent repêchés. Personne
ne soupçonne au prix de quelles plongées risquées
tu les as remontés ; au prix de quelles privations
et de quels renoncements tu les arrachas
aux griffes des coraux et des rochers. C'est pour cela
qu'ils rayonnent si blancs dans leur humble fierté
pour recouvrir l'obscurité de leurs origines et pour
ne jamais te dénoncer à l'heure du Jugement Dernier.

Athènes, 21.III.85 "


Écriture sensible, fragile, celle d'une voix qui semble avoir quelque peu perdu de sa ferveur, de ses espoirs mais qui porte encore en elle une beauté étrange et fascinante. Des poèmes qui sont comme un balcon ouvert sur la rumeur du monde et sur le temps qui passe, si loin et si proche.


(*) Traduction du grec par Anne Personnaz
(**) Limpidité – p.39
(***) Les Galets blancs – p.141
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critiques presse (1)
LeMonde
19 mai 2017
« Balcon », recueil de 1985 du grand poète grec, paraît en français. Entre souvenirs brûlants et grâce de l’instant, on l’y trouve tout entier.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Rencontre

À René Char

René Char,
c'est sûr, nous deux quelque part on se sera rencontré,
peut-être bien dans les frondaisons du sommeil,
peut-être bien dans le silencieux défilé des mots
lors de longs couchants bouleversés, quand sur
une cloche, retournée à même la terre,
pleine de l'eau de la pluie,
se sont posés les 9 oiseaux cendrés qui boivent goutte à goutte
et en relevant à chaque goulée leur jolie tête
disent un merci au Vaste Invisible.
Eh, oui, René
c'est dans ce merci ineffable que nous nous sommes rencontrés.

Athènes, 6.III.85


p. 43
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Videos de Yannis Ritsos (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yannis Ritsos
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
+ Lire la suite
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