AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Sébastien Cagnoli (Traducteur)
EAN : 9782743660789
240 pages
Payot et Rivages (23/08/2023)
3.97/5   50 notes
Résumé :
Marqué par le harcèlement scolaire qu'il a subi toute son enfance, le jeune Aaro, qui ne trouve sa place ni à l’école ni dans sa propre famille, envisage son entrée à l’université comme une possible réinvention de lui-même. Très vite, il comprend que le changement de décor ne fait rien à l’affaire : on s’emmène partout avec soi.
Avec ce premier roman phénomène dans son pays, itinéraire d'un alien ordinaire terriblement attachant, non dépourvu d’humour et d’au... >Voir plus
Que lire après Sans toucher terreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 50 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Chronique

« Courir, c'est quand on a les deux pieds en l'air entre deux appuis, sans toucher terre. »

Or, la gravité nous ramène toujours à la réalité…Aaro pensait pourvoir se réinventer. Il pensait pouvoir rester en envol. Il pensait ne plus retomber. Sans toucher terre aborde le sujet du harcèlement scolaire. Aaro pensait échapper à ces années d'enfer, en enfilant un costume, en allant ailleurs, en quittant les bancs de l'enfance…
Mais la gravité ramène toujours au plus près de soi.
Si jamais vous croisiez Aaro, il est probable que vous ne verriez rien de probant: il est jeune, beau, prometteur…Il traîne avec d'autres jeunes, il danse, il boit, il étudie, il porte des vêtements branchés…Oui mais voilà, Antti Rönkä nous emmène à l'intérieur. A l'intérieur de ses pensées, à l'intérieur de ses souvenirs, à l'intérieur de ses troubles. Aaro est rongé par des pensées parasites, il lutte, il lâche, il oublie, il se rappelle, il tangue, dangereusement…
Mais la gravité le ramène toujours sur les sentiers mille fois empruntés, et il a beau s'être entraîné, il court, il court vers un possible autre Aaro, il aimerait y croire, il y arrive, parfois, mais les appuis sont faibles…
L'alcool et la drogue, tellement à portée de mains, et puis lui permettent, de s'envoler loin de tout ça, très loin. de lui, des autres, de ça. Et puis, il faut taire la douleur, coûte que coûte.
Mais la gravité ramène aussi parfois des surprises, de l'amour, des joies minimes, mais des joies quand même.
Alors peut-être qu'il est temps de faire des efforts. D'essayer d'être autre. de se confier, de guérir, d'aimer.
Mais la gravité est tenace. Elle aime à jouer avec les nerfs, elle est compétitrice, elle est revancharde, quand tu crois que tu l'a semé, elle t'attends, elle, sur la ligne d'arrivée…
Et on a plus qu'à constater les dégâts.
J'ai lu et adoré ce livre, malgré le sujet difficile. Je trouve que l'auteur a réussi avec brio, à nous rendre ce jeune homme attachant. Il sait qu'il est victime, il en a parfaitement conscience, mais il a le recul et l'intelligence nécessaire au seuil de sa vie d'adulte, de reconnaitre aussi sa part de responsabilité dans ce rapport. Mais l'engrenage du silence et des traumatismes a fait trop de carnage pour qu'il puisse s'envoler avec grâce…Et pourtant…
Si jamais, tu cours, tu sais l'euphorie. L'euphorie de défier la gravité. D'aller lui dire encore et encore, que la seconde où on est effectivement en train de voler, vaut la peine qu'on s'y accroche. Plus tu cours, plus tu parles à cette gravité et tu la fais tienne. Courir est une drogue, la meilleure sans doute…De celle qui t'éloigne des maux, et t'approche au plus près de ces mots qui libèrent…Et la réalité peut bien être grave, il existe une approche, entre deux appuis, la course et l'écriture, pour être au monde, en équilibre…
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          150
DANGEREUX PRECIPICE

La vie est parfois faite de vertiges- certains exaltants qui nous portent et nous ouvrent tous les possibles- et d'autres au contraire destructeurs, refoulant et toxiques, comme ceux de Aaro.

Aaro c'est lui sur la couverture, c'est ce beau garçon à l'attitude hypnotique, qui est là sans être là, « sans toucher terre ». Celui qui veut vivre mais n'y parvient pas et qui ferme les yeux. Celui que la solitude domine depuis trop longtemps, persuadé que c'est elle qu'il mérite et rien d'autre, persuadé qu'il dérange, qu'il est cet être sans intérêt, seulement bon à être chahuté, humilié et violenté.
Aaro évite les miroirs pour s'éviter lui-même comme il évite la vie sociale semée d'obstacles infranchissables, tétanisé à l'idée d'être lui aussi un être social.

Il y a 2008 et il y a Aaro aujourd'hui, devenu étudiant ou tentant de l'être, se risquant à entrer dans la vie, à être en vie, à vivre, enfin.
Mais pour vivre il ne faut pas s'interdire le bonheur, or pour Aaro le bonheur n'est pas dans la réalité. Alors il s'échappe du réel comme un poète maudit dans ses paradis artificiels et finit par s'y perdre trop souvent et dangereusement.
Aaro est au bord du précipice de sa vie, dévoré par un sentiment de culpabilité si fort qu'il risque d'échouer.

Quelle solution ? Comment prendre son envol quand on est englué dans sa propre solitude et dans ses propres angoisses ? Quel sentiment plus puissant que la peur peut bouleverser une vie qui semble sans issue ? Où trouver le repos pour goûter au bonheur qu'on vous a volé et toujours interdit ? Comment se libérer enfin, et était-ce encore possible ?

Antti Ronka a écrit ce roman alors qu'il n'avait que 23 ans. Une écriture de l'urgence et des sens en éveil qui a profondément marqué les lecteurs finlandais et que les éditions Rivages offrent aux lecteurs français aujourd'hui. Un récit à la première personne dans lequel le narrateur prend toute la place- s'interrogeant sans cesse, se détestant tout autant, tentant en vain de rentrer dans le moule du monde social. le lecteur suit ses tergiversations continues, ses hésitations, ses renoncements, ses souffrances bien tatouées.
Ça pourrait être noir mais Aaro ne manque pas d'autodérision et quand on referme ce livre, le sentiment d'avoir lu un texte lumineux domine et c'est une de ses grandes forces : d'avoir su trouver les mots pour supplanter et expier les traumatismes de l'enfance.

Voilà un texte qui porte toute la sensibilité d'une jeunesse meurtrie qui tremble à l'idée de se jeter enfin à corps perdu dans la vie et le bonheur. Vertigineux.
Commenter  J’apprécie          60
« Jalat ilmassa » en finnois, « Les pieds en l'air » traduit en français, cela aurait été aussi un beau titre pour éditer ce premier roman en français.
L'éditeur a choisi d'interpréter plutôt les tentatives de courses d'athlétisme de Aaro, pour nous présenter cette confession intime du passage douloureux d'un adolescent harcelé durant toute sa jeunesse à un statut d'homme enfin libéré de ceux qui étaient ses tortionnaires.
Une approche délicate d'un sujet difficile. Entre la stupéfaction des proches qui n'ont rien vu, la spirale infernale dans laquelle un individu se retrouve coincé, nous naviguons à l'aveugle pour essayer de comprendre comment on peut s'en sortir.
Une belle démonstration du long cheminement à accomplir seul pour enfin reconnaître sa propre valeur, s'assumer tel que l'on est, ne pas hésiter à se tromper, se relever à chaque fois et oser croire en des lendemains meilleurs enfin débarrassé du poids de la culpabilité.
Un bien beau premier roman dont on comprend après lecture le grand succès rencontré en Finlande avec un sujet qui touche facilement ceux qui se croient les plus fragiles.
Commenter  J’apprécie          92
Un premier roman très intense, une auto-fiction pleine d'urgence écrite à seulement 23 ans par Antti Rönkä, devenu phénomène littéraire en Finlande.
Aro, le narrateur, débarque à la grande ville, un soir d'automne, plein d'espoirs, à la veille de la rentrée universitaire. Il a quitté sa ville natale et ses parents pour prendre un nouveau départ. Sauf que ça ne fonctionne pas. Aro est torturé de mille façons par son passé, par l'ombre de ceux qui le harcelaient à l'école, par la souffrance et la honte qu'il a emportées dans ses cartons. Par le silence aussi, celui qui s'est imposé à lui pour survivre.
Le récit alterne habilement entre le présent d'Aro, celui de cette nouvelle vie qu'il tente de saisir au vol, notamment grâce à une très belle rencontre avec l'autre, et le passé, celui de la haine, de la violence subie et de l'impuissance, du dégoût de soi d'un enfant qu'on terrorise, ce passé qui ne le lâche pas.
Antti Rönkä raconte avec une émotion, non dépourvue d'autodérision, toute la difficulté de ce moment de passage à l'âge adulte quand l'enfance nous a laissé en-dehors de nous-même, meurtris. Comment vivre le présent quand le passé nous a tétanisé ?
J'ai beaucoup apprécié la justesse avec laquelle le jeune auteur restitue le stress de son personnage, son incapacité à se suffire à lui-même, sa tendance à s'observer de l'extérieur, sa honte, celle de la victime qui ne peut s'empêcher d'endosser la responsabilité de l'agression. C'est fort, dur souvent, et plein d'espoir finalement, d'embrasser la légèreté d'une course vers un lendemain plus doux.
Commenter  J’apprécie          40
«C'est vraiment étrange, comme on peut vivre dans une même famille et pourtant dans une tout autre réalité, dit mon père.»
Lecture choisie au hasard (la couverture m'a intrigué) de ce premier roman d'un jeune auteur de 23 ans qui a fait apparemment un carton en Finlande. Il y est question des ravages psychologiques du harcèlement scolaire à travers un personnage d'adolescent qui analyse avec précision l'étendue de son anxiété sociale et de son dégoût de soi suite aux maltraitances morales et physiques dont il a fait l'objet quelques années auparavant et qui se révèlent progressivement à travers des retours en arrière réguliers.
Une rencontre avec une jeune fille, elle-même victime d'abus sexuels, les conduira tous deux vers des lendemains peut être un peu plus souriants. J'ai beaucoup aimé ce texte qui se lit facilement mais qui est plein de subtilité et de justesse avec une sorte d'humour et d'ironie du désespoir qui font mouche. J'ai parfois pensé à "Un jour cette douleur te servira" de Peter Cameron et je me suis beaucoup retrouvé dans ce rapport qu'Aaro entretient avec le monde qui l'entoure et avec les autres. Je n'ai pas vécu la même violence que lui mais d'autres formes de harcèlement qui entament la confiance en soi. Il m'a touché comme une sorte de frère d'âme et ce n'est pas rien. Je suivrai ses prochaines traductions.
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (1)
LeMonde
08 février 2021
Le narrateur du frappant premier roman d’un jeune Finlandais se déteste mais ne pense qu’à lui-même.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je n'ai pas la moindre idée de ce que je vais devenir. C'est déjà pas mal que je sache ce que je suis maintenant. Dans les bons moments, je me dis que c'est ce qu'on ressent quand on devient adulte; dans les mauvais, que c'est ce qu'on ressent quand on rate sa vie.
Commenter  J’apprécie          30
Le cours de la vie ne tient qu'à ces hasards, à ces événements enchainés qui semblent si fragiles que même un ange ne s'y fierait pas. N'empêche qu'ils sont le socle de l'instant présent, cet instant qu'on croit incontestable et seul possible.
Commenter  J’apprécie          10
Courir autour du terrain. À fond, les poumons en feu, tout ça pour revenir au même endroit d'où j'étais parti, et ça m'a pris tant de secondes. Comme si c'était ça, la vie.
Commenter  J’apprécie          10
C'est exactement cela, le plus difficile, quand on est avec les gens : le conflit entre vouloir et ne pas vouloir les côtoyer. On veut parce que c'est le seul moyen de survivre, le seul moyen de vaincre la solitude qui dévore lentement de l'intérieur. Et on ne veut pas, parce que chaque contact humain est un risque.
Commenter  J’apprécie          00
Le ciel s'éclaircit, et j'éprouve bientôt la nostalgie des moments obscurs du petit matin, où le monde semblait gentil et brumeux. Au fur et à mesure que la lumière se répand, il devient plus exigeant, plus sévèrement scrutateur.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : littérature finlandaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (131) Voir plus



Quiz Voir plus

Etes-vous incollable sur la littérature scandinave ?

Qui est l'auteur du roman "Bruits du cœur" ?

Herbjørg Wassmo
Jens Christian Grondhal
Sofi Oksanen
Jostein Gaarder

15 questions
149 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature scandinaveCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..