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EAN : 9782350871585
371 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (03/02/2011)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Authentiquement français est le journal de Philippe,
un proche de François Mitterrand. Pendant cinquante ans, entre ombre et lumière, il a croisé, aux côtés de François, Pétain, Laval, Céline, Drieu la Rochelle, de Gaulle, Clouzot et bien d'autres... Il sait de quoi il parle. Confident privilégié depuis les années de jeunesse, il revient sur l’itinéraire politique incroyable de son camarade. Il explique pourquoi le jeune étudiant de Sciences po, catholique so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ecrire le journal imaginaire d'un ami de François Mitterrand, voilà le choix de Bruno Reger-Petit pour raconter jour après jour la campagne du candidat socialiste en 1981, celle qui permet d'évoquer toutes les autres aventures, celles du passé, celle de l'avenir, qu'elles aient été sociales, politiques ou humaines.

Philippe, c'est le prénom de cet ami si proche et si lointain de François Mitterrand, narrateur du présent journal. Philippe a tous les caractères communs des amis du Président : il est à l'image du Grossouvre décrit voilà peu par Raphaëlle Bacquet, à l'image de ces fidèles complètement séduits et jamais véritablement éconduits par leur maitre.

Quant au François Mitterrand décrit par ce Philippe, ce double, pas de mystère non plus : il correspond aux descriptions courantes de François Mitterrand, descriptions qui émaillent par trop le monde littéraire et politique en cette année anniversaire…

Philippe, le confident, le double connaît François depuis Sciences Po. Il s'est construit sur une même légende familiale et provinciale – que l'on retrouvait très bien dans le livre de Robert Schneider sur Les Mitterrand – et s'est, un temps, perdu dans la France de Vichy. Un temps – et c'est là la différence absolue – plus long et plus abjecte que pour François Mitterrand. Et c'est là que Philippe, le haut fonctionnaire, l'ami, devient avec justesse et émotion celui qui évoque certains pièges du passé, celui qui nous explique ses propres erreurs pour mieux expliquer les errements de l'autre, en même temps qu'il livre à ses enfants, les astuces pour ne pas y sombrer de nouveau. Sur ce point, le livre joue l'émotion et le droit à l'erreur. A vrai dire, j'ai toujours eu du mal avec ces arguments-là, ceux selon lesquels on ne « sait pas ce qu'on aurait fait, nous ». A ce sujet, j'ai trouvé un talent – au moins – à la dernière pièce d'Olivier Py, mise en scène au théâtre de l'Odéon. En effet, au lieu de miser sur la défense, il faut en sorte que le personnage de Mitterrand assume sa seconde guerre mondiale et attaque : il a été prisonnier de guerre, il s'est évadé (trois fois), il est entré à Vichy mais n'était qu'un subalterne, a eu le tort de rencontrer Pétain une vingtaine de minutes et de recevoir la Francisque, certes, mais a utilisé ces éléments dès 1942 pour la Résistance, pour la France. Et c'est là un point commun que les deux auteurs mettent en avant : Bruno Roger Petit comme Olivier Py décrivent un amoureux de la France avant tout.


Revenons au récit de Bruno Roger Petit et à son narrateur, Philippe. Après quelques mentions de ces années controversées, Philippe se présente aussi et surtout comme le compagnon silencieux et omniprésent d'une campagne interne contre Rocard (que François Mitterrand soutient dans les moments difficiles puisque, selon le bon mot de Talleyrand, « on ne soutient que ce(ux) qui tombe(nt) »…), puis externe contre le parti communiste d'abord (Georges Marchais, éternellement ridiculisé), contre la droite ensuite. Il rappelle à nous des images dont celle de Coluche que je n'avais jamais vue mise en cause auparavant… et qu'il n'hésite pas à bousculer. Des images aussi du jeune personnel socialiste, ceux que Mitterrand appelait ses « sabras ». Et puis il raconte les dissensions à la droite de l'échiquier, celles qui sont toujours là, sous-jacentes, entre Giscard et Chirac. le traitement de Marie-France Garaud – opportuniste et femme de pouvoir - est exemplaire. Mais vraiment, que dire des descriptions de Giscard, celui qui estime que rien n'est plus difficile dans une campagne que « de faire son propre éloge », celui qui, lors d'obsèques, demande à ce que l'on installe à côté de son fauteuil de monarque un fauteuil identique pour Anne Aymone ?... Mitterrand lui-même reconnaît alors que même De Gaulle (qui aurait souhaité être sacré à Reims d'après lui) assistait aux enterrements au milieu de l'assistance.

Philippe, c'est enfin et surtout celui qui, en dressant le panorama du monde politique d'alors, entrevoit celui de demain. C'est celui qui jette les bases des débats à venir sur la place du Panthéon, la peine de mort… C'est celui qui – à demis mots – parle d'un homme admiré, d'un combattant qui, à l'ombre de sa première victoire – se sait déjà battu par la maladie.

Journal d'une époque, portrait intime et fort, ce livre est avant tout celui d'un journaliste puisque les faits sont rarement dépassés par l'imagination pure. Il est aussi celui d'un amoureux de François Mitterrand qui parfois hésite un peu à le bousculer. Pourtant cela pourrait – j'en suis persuadée – tourner à l'avantage du Président. Toujours est-il que c'est un ouvrage intéressant, assez malicieux dans sa construction.

Claire,

Rouen, le 17avril 2011

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Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier BoB et les Editions Héloïse d'Ormesson pour ce partenariat.

J'avoue ne pas être très passionné de politique et encore moins d'hommes politiques qui ne sont plus de ce monde, et c'est donc avec une certaine réticence, quelques a priori même, que j'ai entamé ce livre.

Dés les premières pages, j'ai été emporté dans le flot de l'action d'une campagne pour les élections présidentielles, celle de 1981, du côté de François Mitterrand. On suit, presque jour après jour, le déroulement de cette campagne jusqu'à son aboutissement tiré d'un journal écrit par un ami proche, Philippe, qui nous relate ses rencontres et entretiens téléphoniques avec François, comme il le nomme tout le temps. Il a le recul d'un homme qui s'est éloigné de la vie publique et nous décrit ce qu'il voit, ce qu'il en pense. Nous apprenons qu'il a trois grands garçons et de cette façon comment les jeunes à cette époque percevaient cette campagne.

J'ai trouvé très intéressant ce journal qui nous enseigne énormément de détails sur cette époque, le début des années 80, les modifications sociales que tant redoutaient et qui aujourd'hui font partie de notre quotidien. Il vous pousse même mais doucement à apprécier le personnage de François Mitterrand qui se sentait profondément concerné par le sort des français.

Il y a un point qui m'a particulièrement touché. François Mitterrand avait, par son passé certainement, un profond respect pour les gens, quels qu'ils soient. Alors que le peuple français, d'après les sondages de l'époque, approuvaient la peine de mort, il a été le premier pendant une campagne difficile à annoncer la suppression de cette aberration. Il aura fallu attendre 1981, dans le pays des Droits de l'Homme, qu'un homme s'oppose fermement à la guillotine. C'est pour cette forme de courage que François Mitterrand a gagné le respect de tant de gens et au moins un peu du mien.

L'auteur nous transporte à une époque bien lointaine pour les nouvelles générations mais Historique. Ecrit avec une écriture fluide. Une oeuvre facile à lire et passionnante sur un sujet pourtant difficile et surtout, dans l'air du temps.

Je remercie BoB et les Editions Héloïse d'Ormesson.
Lien : http://skritt.over-blog.fr/a..
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Je ne suis pas foncièrement portée sur la politique et je dirais même plus, je n'y suis pas sensible du tout. Ce livre proposé en partenariat avec BABELIO et les éditions Héloïse d'Ormesson, m'a tenté surtout sur son aspect authentique et sur l'aspect humain de la politique. Connaitre les dessous d'une élection présidentielle me tentais également. Ce que j'ai aimé dans ce livre, c'est d'envisager des personnages connus de notre État en dehors de l'image traditionnelle et surtout médiatisés. D'ailleurs, on se rend compte au travers de cet ouvrage, que les média sont plus impliqués qu'on ne pourrait le penser dans les histoires de nos hommes d'état. Les préférences de ces derniers sur leurs concurrents, nous sont aussi décrites et m'ont étonnées.
J'ai appris beaucoup de choses donc sur ce monde dont j'ignore tout. Je le conseille à tous ceux qui aiment la politique et les dessous de celles-ci.
Lien : http://lireenligne.blogspot...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L’inquiétude et la peur sont, depuis deux siècles, les alliées de la bourgeoisie et de l’argent. Les Français sont le peuple le plus politisé de l’univers, mais aussi le plus irrationnel. Je sais le poids de cette gangue molle, émolliente et anesthésiante, qui emprisonne, à son insu, la volonté du peuple de France. Si François ne parvient pas à en débarrasser tous les électorats, personne ne le pourra.
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On condamnera, mais on ne bougera pas. On attendra la prochaine explosion. On a bien vu le résultat en 1956 en Hongrie et en 1968 en Tchécoslovaquie. La chute du mur de Berlin n'est pas pour demain. Hélas ! C'est une affaire de trois ou quatre générations. Au moins.
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Il paraît que tous lui disent de foncer et de se déclarer, à une exception près : sa femme. Elle est persuadée que François sera candidat et qu'il est inutile de livrer une bataille perdue d'avance. Talleyrand avait raison, les femmes, c'est la politique. Dommage que l'on ne les écoute pas plus souvent.
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Lorsque vint le moment de nous séparer, il me prit le bras et me prodigua une dernière leçon : "Vous savez, Philippe, la France n'est pas une race. C'est une nation. Ceux qui prétendent le contraire sont des insensés, des assassins."
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Stéphane Lissner
Du 3 juin au 31 juillet, le festival international d'art lyrique d'Aix en Provence fête son cinquantenaire.Stéphane LISSNER, nouveau directeur du festival d'Aix en Provence, est l'invité du journal et répond aux questions de Bruno ROGER PETIT. Pour fêter ce cinquantenaire, Stéphane LISSNER s'est inspiré de la direction de Gabriel DUSSURGET dans les années 50 à 70, "grande époque" du...
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