Ce n'est pas pour rien que la photo du plus grand philosophe du XXème siècle figure dans l'un des plans de ce "Conte de printemps".
Essentiellement axé sur le langage et la pensée, denrées humaines indispensables, pour que le monde continue d'être et que cet opus calme et doux se charge magistralement d'entretenir et de sauvegarder.
Les conversations sont sensibles et reposantes.
Elles apportent quiétudes et apaisements, dans des propos appropriés à une thématique simple, mais jamais dérisoire, ceci malgré les apparences.
Tout se structure dans le regard et la confidence.
Ce n'est qu'une étape, une rencontre entre une voix et une écoute, dans une atmosphère bourgeoise, protégée combustible récurrent pour bien comprendre le travail d'
Eric Rohmer.
Filmant un univers féminin faussement banal et ennuyeux, toujours positionné sur la luminosité des choses baignées de craintes et d'espoirs en alternance.
A travers ces légers dévoilements sur les craintes d'un présent ou d'un avenir se forme un groupe générationnel, tentant avec brio d'atteindre dans un climat léger l'acte pur de la pensée, dans une ambiance feutrée, privilégiant une dialectique saine et protégée, loin d'un bruit extérieur obéissant aux déterminations d'un monde pragmatique.
Conte de Printemps
Eric Rohmer 1989.
Que veut dire aimer ?
Est-ce partager avec l'autre des moments sédentaires alors que l'esprit ne rêve que de rencontres constructives axées sur un intellect entretenu sur des sites lumineux ?
Possession et indépendance s'affrontent le temps d'un phénomène naturel astronomique.
Un couple tente d'établir un schéma durable entre une présence que l'on doit à l'être aimé tout en postulant le territoire d'une seconde vie axée sur un relationnel extérieur indépendant et constructif.
Le besoin d'une stabilité durable de plus en plus difficile à fortifier dans la durée en conflit avec le besoin d'étendre son capital sensitif situé bien souvent au delà d'un domicile conjugal harassé par le timing, et la répétition des taches.
L'extinction lente et domestique d'une relation ayant dilapidée son euphorie originelle réduite au tout venant pour subsister.
En ne téléchargeant que de la matière masculine volatile, Louise n'assure que l'envergure de ses doutes lui faisant presque regretter la sécurité d'un cocon qui lui-même ne peut être qu'une poire pour la soif.
Deux modules se partageant en alternance l'errance et l'enfermement.
Les nuits de la pleine Lune
Eric Rohmer 1984.