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EAN : 9782723317665
252 pages
Nouvelles Editions Latines (12/01/2008)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Ecrit il y a déjà quelques années, cet ouvrage, qui avait rencontré à l’époque de sa parution un succès certain, se révèle de nouveau d’actualité. Pierre Rossi y brosse un tableau très complet des civilisations prestigieuses qui ont jalonné l’histoire du Proche et du Moyen-Orient, de l’Antiquité à nos jours, tout en mettant en valeur l’apport culturel de chacune d’entre elles, tant pour l’Europe que pour le monde entier. Les vestiges qu’elles ont laissés constituent... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les Grecs, il est vrai, n’ont jamais fait mystère de leur ascendance asiatique ; ils se disaient disciples des Égyptiens et des Babyloniens ; leur panthéon était arabe ; leurs cosmogonies et théogonies directement inspirées d’Anatolie ou de Canaan. Le père d’Hésiode n’était-il pas d’origine éolienne ? Hérodote s’étonne qu’on distingue l’Europe de l’Asie car il n’y voit, et ses compatriotes avec lui, qu’une seule et même culture. Effectivement la Grèce est née de l’Asie, recueillant par l’intermédiaire de la colonisation phénicienne le fruit de quelque 4000 ans d’efforts menés par l’Égypte et la Babylonie. Son éclosion certes fut tardive puisque 1000 ans avant Homère, alors que les Grecs végétaient encore dans l’obscurité, les sujets de Thoutomosis jouissaient dans la vallée du Nil d’un art d’un confort raffinés. En transmettant à l’Occident sicilien et italique l’héritage asiatique la Grèce devait y introduire les diverses religions arabes et notamment le christianisme puisque c’est en grec que le nouveau Testament parvint en Méditerranée occidentale.

Pourquoi dans ces conditions, nous qui sommes les fils de l’hellénisme, continuerions nous à nous définir par rapport à la seule philosophie judéo-chrétienne ? Juifs et Chrétiens ne sont qu’un élément de l’apport hellénique. Fils de l’Asie, fils de l’arabisme nilo-mésopotamien, voilà ce que nous sommes en vérité. C’est la totalité du legs que nous revendiquons. Défions-nous donc des clichés passe-partout. Judaïsme et Christianisme sont des termes qui masquent une vérité infiniment plus complexe et plus vaste, nous l’avons vu, que les cases où nous les enfermons. (pp. 26-27)
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Le prophète Mohammed et les Califes ont donc rendu l’Orient à lui-même, rendu l’Orient à la Divinité Unique d’une façon si probante que toutes les religions et les métaphysiques orientales s’y reconnaissent et s’y confondent. Ils ont également restauré la langue araméenne puisque le Coran a porté à la perfection sonore, sémantique et syntaxique l’antique parler du peuple nilo-mésopotamien.

La langue arabe est en effet la première langue organique de l’humanité méditerranéenne, précédant celle d’Homère et lui donnant ses lois. Depuis l’appel du Prophète qui l’a réveillée à une vie moderne, elle est remontée du fond des âges dont elle a ramené les résonances monumentales pour s’imposer à des centaines de millions d’hommes. C’est par elle que nous autres Européens nous pourrons procéder à une nouvelle lecture de nos Ecritures et de notre histoire. Nous y verrons singulièrement plus clair. La connaissance de la langue arabe nous aidera non seulement à dépasser le petit horizon d’Athènes et de Rome pour retrouver les grands espaces de l’Orient toujours vivant, mais encore à participer pleinement à l’avenir de la nouvelle société qui se dégage de nos nébuleuses. Nous en avons la certitude. De même qu’il paraît nécessaire que le monde arabe, pour retrouver le fil d’Ariane qui le relie à l’Occident, s’adresse à la culture grecque, car elle est l’intermédiaire unique entre le Levant et le Couchant. Le jour où les universités arabes remettront en honneur l’étude du Grec et où l’Europe découvrira le trésor de la culture arabe, les deux arcs de la voûte se rejoindront en une réconciliation méditerranéenne qui ne sera pas seulement d’ordre architectural. (pp. 244-245)
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Entrons plus avant dans la définition du terme « Phénicien ». D’où venaient-ils ? Selon leurs propres traditions reprises par Hérodote, ils auraient émigré du golfe Persique au 3e millénaire avant notre ère, pour se diriger d’abord vers la mer Morte puis vers la Méditerranée. Cette tradition était tellement vivante que lors de son passage, pour punir la cité de Tyr de sa résistance, Alexandre songea à « renvoyer les Phéniciens chez eux » c’est-à-dire aux îles de Bahreïn. Au 25e congrès international des orientalistes qui s’est tenu à Moscou en 1960 de singulières révélations ont été faites sur cet archipel par l’école archéologique danoise ; la découverte de quelque cent mille tombeaux a donné à réfléchir aux savants, qui y ont entrepris des fouilles depuis une vingtaine d’années. Car à ces tombaux correspondaient des villes. Sept villes superposées ont été mises à jour à Ras al Ouala’a, non loin du port moderne de Manama, à l’ouest ; la plus ancienne date du 3e millénaire avant notre ère. Dans le voisinage, près du village de Barbar est apparu un sanctuaire riche en bijoux, statuettes, bases d’albâtres, piscine, tables de sacrifice. La poterie découverte dans la région est de toute beauté. Le caractère indo-sumérien des objets et des constructions est évident, tout autant que celui de certains sceaux et statuettes dégagés de Byblos en Phénicie. Les archives commerciales de la Chaldée font état en effet de riches entrepôts du royaume de Dilmoun, nom sumérien de Bahreïn.

C’est à Dilmoun que se réfugia le héros Gilgamesh dans sa quête de l’immortalité. C’est à Dilmoun que selon la bible sumérienne a abordé Ziu-Udra, le seul survivant du Déluge. Ainsi notre Noé aurait échoué l’arche non pas sur le mot Ararat mais sur le Djebel Doukhan (Mont de la Fumée) qui se dresse au centre de l’île de Manama. La tradition orphique y voit de son côté le séjour des Bienheureux, les Champs-Elysées où règne Apollon. Cimetière sacré, les îles de Bahreïn ressemblent en cela à la terre babylonienne devenue refuge des morts de l’Islam chiite. Fait troublant c’est aussi le chiisme qui domine aujourd’hui à Bahreïn. Les fouilles dans la presqu’île arabique ne font que commencer. Gageons qu’elles nous réservent des surprises, révélant combien serrées étaient les relations de toutes sortes qui ont constitué le tissu de l’arabisme depuis les époques les plus reculées. (pp. 60-61)
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Tenons-nous fermes pour ne pas nous perdre dans la cohue des légendes rationalistes qui tronçonnent à l’infini la pensée humaine et tracent des frontières là où il n’y en a jamais eu. Répétons-le : l’histoire d’un art n’est pas celle des guerres de religions ; elle ne dépend pas non plus des Chroniques et des sciences appliquées. On n’a pas le droit de faire débuter l’art de la mosquée avec l’Islam, l’art du non figuratif avec le Coran. C’est le penchant naturel des hommes et des choses, c’est la cohésion des sociétés, la conscience de leur solidarité à travers les siècles qui créent un art. Or, l’Islam, non seulement n’a point modifié la mentalité de l’Orient mais il l’a au contraire préservée et réconfortée. Les structures physiques et intellectuelles des Arabes n’ont pas subi de mutation. La meilleure preuve en est que les architectes et les maçons qui ont édifié le Koubbet-al-Sakhra, étaient des Chrétiens. C’est dire que prenant à son compte les données esthétiques essentielles du monde arabe, la nouvelle foi les a portées au plus haut point de sa vérité. Le fonds commun permanent à la civilisation araméenne qui s’étendait du Nil à l’Indus est demeuré intact sous le règne d’Isis, comme il le demeurera sous la loi de Jésus ou de Mohammed. Pour avoir ignoré cette évidence notre scolastique universitaire s’est livrée à des classements dont le caractère artificiel a causé plus de mal que de bien. Un peu plus de modestie dans nos ambitions érudites aurait conduit à une compréhension moins partisane de l’art roman ou gothique. Mais parce que la foi qui habite une église est apparemment autre que la foi qui hante une mosquée, nous avons voulu que l’architecture en soit différente. Or elle ne l’est point, il faut s’y faire et admettre que l’artiste arabe est l’inspirateur de nos églises tout comme il fut celui des synagogues, des mosquées, des sanctuaires orphiques ou zoroastriens. L’art n’a point de patrie confessionnelle, parce qu’une confession n'est point une patrie, un parti politique non plus. Aussi n’y a-t-il point à notre connaissance d'art marxiste ou fasciste. A moins de cultiver les paradoxes, il parait difficile de défendre le contraire. Le simple bon sens conduit à rejeter la notion même d’art musulman pour s’en tenir à la seule vérité de l’histoire qui ne connaît que l’art arabe. L’Orient porte l'Islam comme la mer porte la vague : les millions de molécules qui soulèvent cette vague viennent de profondeurs où se sont mêlées toutes les eaux. Joyau de l’art arabe l’église-mosquée de Saint-Sophie est pour l’Orient un aboutissement et pour l’Occident une aurore. Des rives de l’Euphrate et du Tigre jusqu’aux rives de l’Arno et de la Seine un même courant artistique n’a cessé d’affluer. (p. 232-233)
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En traitant de Pythagore, nous courons le risque d’élucubrer à perte de vue car nous ne savons à peu près rien de lui, ne possédant çà et là que quelques textes épars que nous ont livrés, sous forme de citations, Empédocle, les doxographes, Philolaos, Platon, Aristote ou Diogène Laërte. Pythagore est un surnom qui signifie « crieur pythique », « publiciste de Python » ou mieux « avocat d’Apollon », ce qui explique la tradition populaire d’après laquelle il serait né d’une vierge illuminée par le Soleil. Asiatique, probablement d’origine palestinienne, il avait pour titres de considération d’être fils de dieu, prêtre de l’orphisme et chef d’école. Il aurait fréquenté durant vingt ans les maîtres de Thèbes et de Memphis.

Qu’enseignait-il au juste ? Rien que l’humanité orientale ne sût déjà depuis fort longtemps : que « dieu n’a ni corps ni tête humaine mais qu’il est une intelligence sacrée et ineffable » ; que le corps est périssable et l’âme immortelle ; que le visible porte l’invisible ; que l’harmonie de l’univers est une et inaltérable, c’est-à-dire que les règnes minéraux, végétaux et animaux s’interpénètrent et sont emportés dans le mouvement perpétuel des quatre éléments l’eau, l’air, la terre et le feu ; que ce mouvement étant perpétuel, mort et naissance se confondent en se déterminant l’un l’autre.

On a vu imprudemment dans cette dernière proposition la croyance en une métempsychose romanesque du chat devenant oiseau après la mort, ou d’une rose métamorphosée en poisson. Pythagore ne dit rien de tel ; il se borne à affirmer que le corps, en périssant, libère son principe d’éternité qui regagne l’immensité du cosmos avec laquelle elle n’a jamais cessé d’être plus ou moins en rapport. (pp. 110-111)
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