La pluie tombe violemment, pour en jouir, on se met nu
On s’allonge dans l’herbe, on se frotte à la terre
Cela nous pique, nous refroidit, et c’est ainsi qu’on jouit
Oui, hors de soi, dans l’abandon des pluies et les petits gris-gris
Les gouttes fraîches frappent et martèlent notre peau
L’herbe nous gratte le dos, nous écartons les jambes
Alors les fourmis nous grimpent sur le corps, les insectes assaillent
Certains pincent, d’autres passent
On les tue entre nos doigts
La pluie nous échauffe le corps, beaucoup bandent fort
D’autres dégorgent avec peine, le coeur n’y est pas
« C’est abstrait »
Curieusement est abstrait ce qui est concret : la pluie
On sent des choses étranges ou inversées
Nous ne sommes pas la maison et nous sommes pourtant nous
Cela ne nous appartient pas, on aide avec les doigts…
Rencontre avec l'écrivain Joël Roussiez.