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EAN : 9782130441663
432 pages
Presses Universitaires de France (01/03/1992)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Avant-propos : Un modèle politique opératoire et complexe, 7

PREMIÈRE PARTIE

L'élaboration du modèle, de la cité grecque à l'aube du XXe siècle, 11

La cité grecque, modèle de la République des Républicains, Henri Van Effenterre, 13

Citoyenneté française et citoyenneté romaine. Essai de mise en perspective, Claude Nicolet, 19

Les Jacobins et l'opinion publique, Lucien Jaume, 57

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Dans les années de fondation de la IIIe République, s’est constituée à partir d’un héritage complexe une culture politique républicaine. Cet héritage inclut l’apport culturel de la Révolution française, tout du moins à travers sa phase constituante et libérale qui a établi les données fondamentales sur lesquelles se trouve fondée la société moderne : le concept des droits naturels de l’individu. Elle se réfère à la longue lutte des libéraux et des démocrates qui marque le xixe siècle et implique le rejet de la monarchie d’Ancien Régime comme du césarisme plébiscitaire qui s’est montré liberticide et contre lequel les républicains ont fondé le régime. Mais cette culture est aussi très profondément marquée par la lutte des républicains contre l’ordre moral et en particulier par la crise du 16 mai 1877. Elle débouche sur la création d’un régime original, dont Jules Ferry apparaît comme l’artisan principal et qui a su réaliser la synthèse du libéralisme et de la démocratie, ce régime de la démocratie libérale qui s’incarne dans une République fondée sur le suffrage universel, où l’exercice des libertés fondamentales est garanti et où on considère qu’il ne peut qu’aboutir à une démocratisation croissante du régime.
Tous ces principes sont posés dès 1880 et constituent un acquis qui imprègne profondément les esprits et les pratiques des fondateurs de la République.
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Le premier tiers du xxe siècle apparaît, avec le recul du temps, comme l’âge d’or du modèle républicain. Sans doute celui-ci s’est-il, pour l’essentiel, cristallisé dans les vingt-cinq dernières années du xixe siècle, mais l’affaire Dreyfus, au prix d’un certain nombre de déformations du réel fait figure de véritable acte de baptême du nouveau modèle politique. Ce qui n’a été jusque-là qu’adaptation contingente aux circonstances historiques prend désormais figure de véritable système de valeurs qui aboutit désormais à donner son armature morale à la République, au point d’oblitérer les conceptions antérieures qui n’ont pas eu la chance de bénéficier de la durée. Désormais, la République n’est plus seulement une forme de régime, mais elle devient véritablement une idéologie politique dont se trouvent exclus ceux qui n’en partagent pas les convictions. Sans doute ce modèle politique trouve-t-il une traduction institutionnelle dans la pratique, mise en place au cours des dernières années du xixe siècle, des lois constitutionnelles de 1875, mais celles-ci, fruit des circonstances, prennent au début du xxe siècle valeur de véritable dogme, au point que le modèle politique s’identifie à elles et que toute tentative de les corriger prend désormais figure d’attentat contre la République. Mais surtout, le modèle républicain s’appuie désormais sur une véritable culture politique diffusée par l’école de la République dans laquelle les conceptions philosophiques, les références historiques, l’organisation et les rapports des pouvoirs publics, les conceptions sociales forment un tout harmonieux, un véritable « écosystème » social, politique et idéologique qui explique la solidité du régime au début du xxe siècle. L’un des éléments les plus solides de ce système est le modèle social qu’il implique. À cet égard, si on ne peut totalement assimiler au niveau des pratiques la politique sociale des opportunistes qui gouvernent à ses origines la République des républicains et celle de leurs successeurs radicaux, le projet social demeure identique : il s’agit d’assurer, dans un cadre rendu favorable à l’évolution sociale par l’action de l’État, la promotion des meilleurs, des plus travailleurs, des plus aptes. C’est véritablement, dès la période des opportunistes, une nouvelle manière de poser les problèmes du contrat social qui ne permet pas d’écarter d’un revers de main la politique sociale des républicains des années quatre-vingt. Mais il est vrai que les fondements posés par les opportunistes seront développés avec plus de hardiesse par les radicaux. Au total, on peut parler véritablement d’un modèle social républicain dont le pouvoir d’attraction est considérable et répond avec une parfaite adéquation à l’état de la société française des débuts du xxe siècle. Le prestige de ce modèle républicain à son apogée ne se limite d’ailleurs pas au cas français et il nous est montré comment il peut constituer un article d’exportation en constituant un pôle de référence pour la pensée politique italienne qui, selon ses composantes, y adhère ou le rejette. Et, durant les années 20, si le modèle républicain théorique continue à nourrir la pensée de l’antifascisme, la comparaison de la réalité française avec le modèle qui est supposé l’inspirer est source de déceptions et constitue une pièce de plus à verser à la crise du modèle républicain.
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La IIIe République est née sans grandeur : le 4 septembre 1870 marque autant une défaite des armes face à l’ennemi extérieur qu’une insurrection héroïque ; le massacre des Communards lors de la Semaine sanglante, en mai 1871, rappelle en plus horrible la répression des ouvriers insurgés en juin 1848 ; les lois constitutionnelles de 1875 sont l’œuvre d’un compromis entre républicains et orléanistes... Bref, malgré la figure haute en couleur d’un Gambetta, rare personnage éponyme des temps opportunistes – lequel sut, du reste, troquer son image de radical patriote contre celle d’un homme d’État madré et circonspect –, le nouveau régime manquait d’élévation. L’aventure boulangiste exprimait, entre autres, la frustration d’une jeunesse insatisfaite, dont le romantisme s’était brisé sur la marmite en fonte d’une république pot-au-feu. L’affaire Dreyfus, qui éclate véritablement au début de l’année 1898, va enfin lui donner ce sceau de légende qui lui faisait tant défaut.
Le dreyfusisme, en effet, qui fut d’abord une insurrection de l’esprit contre l’injustice publique et le mensonge d’État, est devenu une référence clé de l’idéologie républicaine. Les combats menés tout au long du drame national par les partisans de la révision du procès Dreyfus et la victoire finale de ceux-ci se sont inscrits dans la mémoire républicaine, à la manière d’un mythe fondateur, demeuré encore vivant.
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L’Antiquité grecque et romaine est si évidemment présente dans l’imagerie révolutionnaire et impériale que nous avons certainement tendance à lui attribuer le rôle d’un modèle conscient, sinon même d’un point d’origine objectif, pour un très grand nombre d’idées, et même d’institutions. Les Français de la République et de la Grande Nation seraient en somme des Grecs et des Romains ressuscités, ceux qui auraient réveillé ce « monde mort » dont parlait Saint-Just, précisément à propos de Rome. Tout n’est certes pas faux ni arbitraire dans cette idée reçue. La lecture de la littérature politique – discours, pamphlets, ouvrages théoriques – d’époque révolutionnaire montre que les allusions ou les références à l’antique étaient un peu plus qu’une mode : au plan idéologique ou culturel, que ce soit pour s’y identifier ou s’en démarquer, on pense à Sparte, à Athènes et à Rome de façon insistante et continue. On sait d’autre part combien, dans le décor presque théâtral au milieu duquel se déroule symboliquement la grande aventure morale et politique de la Révolution et plus tard de l’Empire, les mots, les noms propres, les attitudes, les métaphores, jusqu’aux costumes, aux titres, au mobilier, tendent à créer cette impression : de Saint-Just (mais pas tellement de Robespierre) à Babeuf, de Marat et David à Bonaparte, en somme, on « se drape à l’antique ». Le fait est patent, et, dans certains de ses aspects, assez bien étudié.
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Ce que l’on peut appeler le « modèle républicain » prend corps dans les premières années du xxe siècle, au moment où le régime, longtemps contesté, acquiert une solidité qui se manifeste par l’adhésion populaire lors des élections et le triomphe d’une culture politique, largement diffusée par l’école. Toutefois, le modèle républicain ne sort pas tout armé de la crise de l’affaire Dreyfus. Il est le résultat d’une élaboration lente qui s’est organisée autour de l’épisode, considéré comme fondateur, de la Révolution française, puis dans la geste républicaine du xixe siècle dont l’épisode de 1848 et les luttes pour la République des années 1875-1898 constituent les jalons. Par ailleurs, cette élaboration s’opère à l’aide de matériaux empruntés à une histoire magnifiée et qui semble constituer, depuis la plus lointaine Antiquité, une légende dorée destinée à montrer le sens de l’histoire et aboutissant à son apogée, la fondation de la IIIe République : la démocratie athénienne, la citoyenneté universaliste et égalitaire de Rome, le triomphe de la volonté du peuple avec la Révolution française, et, spécifiquement, son aile jacobine, l’institution en 1848 du suffrage universel, enfin la consécration sous la IIIe République des grands principes révolutionnaires désormais inscrits dans une Constitution dont on veut croire qu’elle est coulée dans le bronze pour l’éternité.
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