Quatrième lecture d'un
Juan Saenz Valiente (après "
Mémoire D une vermine" (2005), "
L'hypnotiseur" (2010) et "
Cobalt" (2017)) et quatrième univers totalement différent des autres. Couleurs, traits, climat, chaque fois, la forme diffère, varie, méconnaissable façonneur de cases gribouillées. Cet homme explore, défriche, ne donne jamais dans le même style, ce renouveau me séduit et m'étonne à chaque fois.
Contrairement à son habitude, pas d'ambiance léchée ici (une surprise, tant l'atmosphère des autres est grande), mais un parfum cinématographique indéniable (références nombreuses, telles Psychose, le Dernier des Mohicans, King Kong).
Le tout débute comme un métrage d'aventure, un Jurassic Park, un Tarzan, dans lequel le dépaysement joue un rôle important, l'isolement aussi, autour d'une île inconnue. Façonné comme un Tintin, cette BD est de loin la plus "classique belge" de ce dessinateur argentin. Elle reprend sans lasser les codes de l'aventure, l'intrigue autour de multiples
personnages qui nous font tous douter du bien-fondé de leur présence. Elle est tout public, voire orientée jeunesse.
Gourmandise non négligeable, suivre les actions des
personnages au second plan est distrayant, et, non gratuit, participe pleinement à créer l'intrigue. Tel
personnage s'échappe étrangement, dans le dos des autres. Tel autre farfouille en loucedé dans des tiroirs interdits. L'action est souvent ailleurs qu'au premier plan, cela change et fonctionne à merveille.
L'écriture, en revanche, pèche un tantinet (difficile d'extraire de jubilatoires citations), et l'on comprend les multiples associations que fait le dessinateur, déléguant les dialogues et scénarii à des faiseurs accomplis, tels que
Carlos Trillo ou
Pablo de Santis. Mais l'homme apprend auprès des grands, et il me tarde de le redécouvrir en solitaire aux commandes de son "
Sudestada" (2018).