Publié en 2009, «
Ceux qui ne sont pas en mer » rassemble six nouvelles de
Fabien Sanchez, des récits attachants par le manque de confiance de personnages incertains, par ce que ces histoires contiennent de la difficulté de sortir de l'enfance, et par ce goût des heures passées à lézarder au soleil du midi, dans un mas à retaper et avec une vie à construire.
Mais ces textes manquent d'aspérités pour nous lecteurs qui aimons précisément nous aventurer en haute mer ou dans des terres aux paysages inattendus.
Cité par
Pierre Michon,
Faulkner disait que nous disposons tous d'un territoire pas plus grand qu'un timbre-poste, et que ce qui importe n'est pas la superficie, mais la profondeur à laquelle on creuse. de cette profondeur, je retiens ici la nouvelle éponyme ; les heures s'écoulent lentement pour un enfant de treize ans, l'été, chez son grand-père, avec pour seul loisir une amitié qui se délite dans l'adolescence. Mais le temps s'accélère et l'amitié se ressoude autour de l'angoisse du devenir d'un père sorti de prison et qui prépare un nouveau casse, donnant au grand-père, ancien combattant républicain de la guerre d'Espagne, l'occasion de révéler sa sagesse.
« Lorsqu' il est parvenu à notre niveau, son allure spectrale a pris la figure d'un Bédouin du désert. Son crâne nu brillait sous la lune. le profil mauresque de ce grand-père lui venait de ses origines andalouses, du petit village de Sufli où il était né, dans la province d'Almería.
Nous tournant le dos, il a contemplé le cours du canal, pour marmonner quelques phrases que le vent rendait inaudibles. En se retournant, il nous a vu fumer et a jeté un coup d'oeil à la bouteille que Gilles tenait entre ses mains. J'ai craint qu'il nous gronde comme l'orage. Il s'est approché et nous a fait signe de nous écarter pour lui faire une place. »