AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782845451711
232 pages
Editions des Syrtes (26/01/2012)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Au-delà du choix d’un nouveau président, l'élection présidentielle russe de 2012 déterminera le modèle politique et économique de la Russie pour la prochaine décennie. Les questions qui dominent ce suffrage reflètent les peurs et les aspirations des citoyens et de l'élite dirigeante russe. Jacques Sapir et trois économistes russes se sont penchés sur les changements économiques opérés depuis 1992 en Russie. Celle-ci est désormais intégrée dans l’économie mondiale, e... >Voir plus
Que lire après La transition russe vingt ans aprèsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comment l'économie de la Russie a-t-elle vécu les vingt années qui ont suivi le coup d'Etat d'août 1991? On se souvient que celui-ci marqua la chute de Mikaïl Gorbatchev et, plus largement, la fin de l'ère communiste. Au début 2012, les éditions des Syrtes publient un ouvrage où se rencontrent les plumes de trois économistes russes réputés et celle de Jacques Sapir, directeur du projet. Intitulé "La transition russe, vingt ans après", ce livre se concentre sur les vicissitudes d'une économie soumise aux débordements d'un certain libéralisme, qu'on a un peu trop facilement cru triomphant.



Les chapitres de Viktor Ivanter, Alexandre Nekipelov et Dmitri Kouvaline se caractérisent par un grand soin du détail, quitte à paraître un poil complexes. Viktor Ivanter offre, en lever de rideau, une démarche essentiellement historique de "la transition macroéconomique", posant quelques diagnostics relatifs au mode de fonctionnement de l'économie sous le régime communiste. Un fonctionnement marqué, entre autres, par un manque de concurrence qui a empêché l'évolution que peut susciter une émulation entre pairs. Encomplément, l'article d'Alexandre Nekipelov aborde en détail les étapes de "l'instauration d'une économie de marché" en Russie. C'est là que l'on trouve la confrontation entre plusieurs modalités possibless de transition: faut-il une méthode de choc, rapide, ou une approche gradualiste?



Du chapitre de Dmitri Kouvaline ("Les entreprises russes"), on retiendra la description des liens pas toujours évidents entre les entreprises et l'Etat. Présenté comme un mauvais payeur, il pousse les entreprises à opter pour des procédés "opportunistes", pas toujours tout à fait légaux (on pense à l'optimisation fiscale), afin de rentrer dans leurs frais et, si possible, de permettre l'enrichissement de leurs cadres. le troc entre entreprises est l'une des démarches exploitées; généralisé, se substituant même aux échanges monétaires, ce procédé pourtant vieux comme le monde suscite des manques à gagner importants pour un Etat mal préparé à cette éventualité.



L'idée du troc est du reste suggérée aussi par les autres auteurs, comme l'est celle de la critique du néolibéralisme triomphant des années 1990, qui a utilisé, selon les auteurs de ce livre, la Russie comme un laboratoire d'expériences de ses théories, présentées comme imparables. Moment pivot, la crise de 1998 marque cependant l'échec de celles-ci, ou du moins leur limite; les auteurs démontrent, au fil des pages, que sans la "thérapie de choc" appliquée au pays (des remèdes qui ont sous-estimé quelques paramètres aussi cruciaux que les particularités spécifiques au pays), la transition se serait déroulée de manière moins chaotique et moins coûteuse, en termes sociaux et de croissance. L'ouvrage souligne, enfin, que le pays a su rebondir ensuite, et rappelle le rôle de Vladimir Poutine et Evgueni Primakov en la matière.



Enfin, les auteurs tendent à démontrer que la Russie a fini par trouver sa propre voie. Cette voie, Jacques Sapir cherche à en dessiner les contours dans le dernier chapitre du livre, "Vingt années de transition", se demandant si la Russie est devenue un capitalisme d'Etat, interventionniste à sa manière. Et au terme de cette lecture, le lecteur aura fait un puissant voyage dans les rouages de l'économie russe - ce qui lui permettra de mieux comprendre l'arrière-plan de ce qu'il lit dans la presse. Ce livre est exigeant; mais il est aussi instructif, surtout à la veille des élections présidentielles russes, qui auront lieu le 4 mars prochain.
Lien : http://fattorius.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          40
Fine analyse de 20 ans d'économie russe pour mieux comprendre les faillites des "consensus" néo-libéraux.

Publié début 2012, cet ouvrage collectif animé par Jacques Sapir dresse un bilan de la "transition économique russe", vingt ans après.

Quatre parties par quatre auteurs :
- Viktor V. Ivanter, qui dirige depuis 1996 l'Institut de Prévision de l'Économie Nationale, à Moscou, pose le décor et remet les choses en perspective, en rappelant les causes et les modalités de l'effondrement économique soviétique, en insistant sur les mesures tardives prises sous Gorbatchev, et sur leur portée pour la suite ;
- Alexandre D. Nekipelov, économiste russe renommé (vice-président de l'Académie des Sciences, et fondateur de l'École d'Économie de Moscou, notamment), décortique la manière dont les équipes du Harvard Institute for International Development, menées par Sachs et Shleifer, en pilotant le programme de choc de Tchoubaïs et Gaïdar, conduisirent à réaliser la pire privatisation de l'histoire, la plus ratée, et celle qui permit quasi-mécaniquement la création des formidables fortunes frauduleuses des grands et des petits oligarques de l'époque eltsininenne... ;
- Dmitri B. Kouvaline, l'un des directeurs de l'IPEN, spécialiste depuis la fin des années 1990 des entreprises russes, dresse un bilan précis et hallucinant, reposant sur plusieurs dizaines d'enquêtes et de séries d'entretiens, des pratiques effectives utilisées en matière de fraude dans la délirante période 1992-1998, puis de la manière dont les choses sont progressivement, en grande partie, rentrées dans l'ordre. Un chapitre qui peut se lire comme un manuel d'accompagnement du film "Un nouveau russe" de Pavel Lounguine (2003), qui démonte chaque ressort utilisé par les oligarques pour bâtir leurs fortunes frauduleuses ;
- Jacques Sapir, enfin, spécialiste depuis les origines de l'économie russe, dresse un bilan de synthèse, et montre les aberrations des thèses néo-libérales du "consensus de Washington" sur la "stabilisation", mises en oeuvre avec un incroyable dogmatisme en 1992-1994 par Gaidar et Tchoubaïs et leurs conseillers de l'HIID de Sachs et Shleifer, et ayant conduit au désastre de 1998, avant d'être enfin rejetées, au sein du FMI, par Stiglitz puis Krugman, et que les approches pragmatiques et institutionnalistes s'imposent pour conduire à la "résurrection" russe de 1998-2008. Il s'interroge en conclusion sur le curieux retour de ces thèses essentiellement idéologiques, pourtant largement démontrées comme inadaptées, au moment de traiter actuellement les crises grecque ou portugaise...

Une mise en perspective intelligente, documentée, et extrêmement stimulante pour tenter de comprendre la nature des "faux consensus" néo-libéraux, à travers ce minutieux décortiquage de 20 ans d'économie russe.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
NonFiction
01 mars 2012
Critique de la « thérapie de choc » libérale appliquée à l'économie russe dans les années 1990 et éloge du retour des institutions sous Poutine, l'ouvrage met en perspective la transition russe dans l'évolution des théories économiques mondiales.
Lire la critique sur le site : NonFiction

Video de Jacques Sapir (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Sapir
la démondialisation?
autres livres classés : poutineVoir plus


Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire et généralités sur la Normandie

TOUS CONNAISSENT LA TAPISSERIE DE BAYEUX, QUI EN EST LE HÉROS ?

RICHARD COEUR DE LION
ROLLON
MATHILDE
GUILLAUME LE CONQUERANT
GUILLAUME LE ROUX

20 questions
70 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , célébrité , économieCréer un quiz sur ce livre

{* *}