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EAN : 9782081427129
160 pages
Flammarion (03/10/2018)
4.12/5   38 notes
Résumé :
Homo sapiens est décidément une drôle d’espèce. On le pensait apparu quelque part en Afrique de l’Est il y a 200 000 ans, et voilà qu’on détecte sa présence bien plus tôt, et sur tout le continent. On le croyait sorti de son berceau il y a 80 000 ans, jusqu’à ce qu’on découvre, en Chine, des fossiles beaucoup plus anciens. Pire, ou mieux, comme on voudra : la génétique a montré qu’il y a peu, nous partagions cette planète avec d’autres espèces humaines désormais dis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

La compréhension des origines de l'espèce humaine est un de mes «hobby-horses», comme le dirait Tristram. Shandy.
J'ai pu notamment suivre en 2017 un MOOC passionnant organisé par le
Musée de l'Homme, et avoir la chance, à la fin de ce cours en ligne, de rencontrer les chercheuses et chercheurs qui avaient organisé ce cours.

Ce petit livre paru en 2018 et mis à jour en 2021 est une mise au point courte, claire et didactique, une agréable synthèse qui complète mes connaissances et dont l'intérêt est de donner un nouvel éclairage sur nos origines et notre devenir. Mais je crois que l'on peut aborder sa lecture sans avoir au préalable des notions de paléo-anthropologie.

Son originalité, je trouve, c'est que les auteurs, au delà de faire l'état des connaissances, essaient de nous faire comprendre quels auraient pu être les moteurs de l'évolution qui a conduit à Homo sapiens.

Particulièrement intéressante est l'idée de cette séquence bipédie-libération de la main-emploi d'outils-organisation sociale-développement de la taille-développement du cerveau, qui fonctionne comme une sorte de boucle amplificatrice.
Et que tout cela est apparu très tôt, bien avant le genre Homo. Les auteurs rappellent cette découverte incroyable, c'est que la fabrication d'outils déjà élaborés, nécessitant une bonne dextérité et une bonne coordination motrice, remonte à 3,4 millions d'années, soit la période de l'australopithèque. Ainsi, on peut faire raisonnablement l'hypothèse que ce sont, parmi les australopithèques, ceux capables d'utiliser les outils qui ont obtenu un avantage sélectif.
Le livre explique très clairement les étapes de la bipédie, jusqu'à Homo qui devient un bipède exclusif.
Et aborde aussi tous ces points passionnants: la fabrication d'outils et l'évolution de la main, le fait que le développement du cerveau s'est traduit par la naissance de bébés immatures sur le plan cérébral (il ne fallait pas qu'ils aient une trop grosse tête pour que l'accouchement puisse se faire), de ce fait une très longue période de maturation, de plus en plus longue quand on arrive à Sapiens (ainsi on apprend que le jeune Néandertal était adulte à 12 ans alors que le cerveau de Sapiens continue de se développer et de se remanier jusqu'à 25 ans).
Aussi que le développement du cerveau a entrainé une consommation énergétique pharamineuse par ce dernier, rendue possible par la chasse puis la domestication d'animaux gras, et aussi leur cuisson qui facilite l'assimilation.
Une autre notion passionnante c'est que l'organisation sociale a permis progressivement à Homo d'élever et d'éduquer plus d'enfants, notamment pris en charge par les grands-mères, car une des caractéristiques de l'évolution du genre Homo, c'est l'augmentation de la longévité des femmes après la ménopause. Et aussi que cette organisation était sans doute bienveillante envers les vieillards et les handicapés, car on sait qu'elle nourrissait les « sans-dents »!
Autre idée inattendue, c'est que, dans la relation sociale, le langage a remplacé l'épouillage des grands singes!
Les auteurs nous donnent des pistes, tirées de l'observation du cerveau des fossiles et de données de génétique pour suggérer quand le langage, qui est sans doute issu de l'évolution des vocalises des grands singes, est apparu. On y apprend ainsi que Néandertal pouvait parler!

Une autre notion fondamentale, plutôt bien connue de celles et ceux qui s'intéressent au sujet, est développée par les auteurs du livre. Celle de l'évolution « buissonnante » d' Homo sur tout le contient africain. Ainsi à la même période, australopithèques et Homo cohabitaient, un grand Homo bipède mais avec un tout petit cerveau et des mains faites pour s'agripper aux arbres était présent en Afrique du Sud en même temps que des Homo bien plus évolués.

Et puis, les auteurs nous racontent cette découverte exceptionnelle faite en 2017 par l'équipe de Jean-Jacques Hublin. Celle faite au Maroc de restes d'Homo sapiens archaïques datant de plus de 300 000 ans soit 100 000 ans plus éloignés que les précédentes datations. Et de plus, une découverte qui suggère que Sapiens n'a pas émergé seulement en Afrique de l'Est, mais une origine multi régionale.

Et je passe sur toutes les informations passionnantes sur la découverte de la planète par les Homo, pas seulement sapiens, sur les croisements sapiens Néandertal, sur la domestication du loup, sur le rôle potentiel de l'épigénétique dans l'évolution d'Homo, etc.., et même sur notre potentiel devenir.

Et enfin, notons que les auteurs apportent quelques bémols de taille sur les notions de révolution cognitive et de révolution néolithique mises en avant par Harari dans son livre « Sapiens, une brève histoire de l'humanité ». C'est en effet plus compliqué et moins tranché que cela.

Et, cerise sur le gâteau, l'ouvrage comporte de nombreuses figures très pédagogiques, ce qui devrait être le cas pour tous les livres de vulgarisation, et qui tend à devenir rare.

En conclusion , un livre que je recommande à toutes celles et ceux qui s'intéressent aux origines de notre espèce humaine. A noter qu'il peut être acheté en version numérique, ce que j'ai fait pour une fois et qui passe assez bien pour ce genre d'ouvrage.
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Une lecture instructive sur un sujet qui me passionne depuis longtemps et qui a ces dernières années, suite à de nouvelles découvertes, vu de nombreuses hypothèses être chamboulées.
Avec Dernières nouvelles de Sapiens, une paléoantropologue et un journaliste, nous offre une "mise à jour" plutôt accessible et bienvenue à une époque où le métissage et l'immigration sont encore au coeur de trop nombreux débats politiques et génèrent une haine entre une multitude de Sapiens...
La fascinante saga de l'évolution n'en a pas fini de nous étonner.
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Une lecture claire et concise pour faire le point sur les dernières connaissances.

Je peux vous donner un scoop : les dernières découvertes indiquent clairement que le passage à l'"homme" (culture, bipédie, outils ...) s'est fait de façon bien plus progressive et multiple qu'on ne pouvait le penser.
On a retrouvé des outils bien avant sapiens
L'Histoire humaine n'est pas la marche vers le progrès d'un groupe unique marchant de succès en succès.
Il y a eu beaucoup de codécouvertes, beaucoup de collaboration, d'échanges, de mélanges qu'on pourrait le penser

En conclusion : une lecture indispensable pour refaire coller nos souvenirs ou savoirs peu être un peu datés avec les dernières avancées et découvertes
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J'avais reçu ce petit livre pour le commenter, personnellement je n'achète pas des ouvrages de ce type. Je me contente de regarder des émissions grand public à la télé. Personne de toute manière ne détient la vérité sur ce chapitre.

J'y ai relevé une mise au point à la fois pertinente et agréable à lire, ce qui est déjà un bon point.
Nous voici sur le long chemin parcouru par Homo Sapiens pendant des millénaires et des millénaires.
Certes ce sont toujours les mêmes informations et pour certains leçteurs ce sera pour lui bien évidemment des découvertes

L'intérêt de la lecture été pour moi la résonance de ces ancêtre lointains en chacun de nous. J'étais dans leur peau, ils étaient moi. le temps n'a pas créé une distance, mais au contraire le sentiment d'un continuum, d'un espace temps réduit au minimum. Très étrange impression.

Je me rappelle peu de choses puisque j'ai revendu le bouquin mais j'ai noté dans mes critiques qu'il y a 30.000 ans ou plus, des morts étaient recouverts de costumes brodés de 3000 perles l'ivoire, ce travail représentant 10.000 heures de travail.

J'ai noté aussi que le livre était fort bien rédigé, avec humour et élégance,, sans aucune faute de grammaire ou de syntaxe.

Ces qualités peuvent plaire à ceux qui s'intéressent à notre évolution heureuse ou malheureuse sur cette étrange planète.


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Cet avis est celui de quelqu'un qui tient l'essentiel de ce qu'il sait de la paléontologie humaine de la lecture de brèves dans la presse quotidienne.
J'ai beaucoup apprécié la largeur de vue de l'ouvrage qui m'a ouvert à des aspects nouveaux pour moi, notamment les interactions entre modes de vie et évolution génétique.
Tout en sachant les connaissances en paléontologie humaine encore sujettes à de nombreux débats, j'ai aussi été surpris du peu de fossiles disponibles pour les périodes les plus anciennes. Difficile donc de considérer ce qui peut être avancé aujourd'hui, comme ce qui pourra l'être longtemps encore, autrement que comme de brillantes conjectures.
La thèse des auteurs est claire, les chapitres débutent opportunément par un résumé, une vingtaine de schémas très parlants soutiennent le texte. Néanmoins, étant novice en la matière, j'aurais aimé que ce petit livre fasse quelques dizaines de pages de plus afin de pouvoir mieux m'y retrouver entre Homo habilis, Homo ergaster et autre Denisova.
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critiques presse (1)
Actualitte
09 avril 2019
Au-delà de ce coup de sang très personnel, cette lecture reste particulièrement instructive, notamment quant aux démarches intellectuelles d’analyse utilisées sur les sites de fouilles (et, ensuite, en laboratoire). Et très intéressante pour tenter de nous situer sur notre Planète Bleue.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Sapiens, un animal (auto)domestiqué ?

Si nous développons autant ce thème de la domestication du loup, c'est qu'il signale et date sans doute la domestication de l'humain par... l'humain. L'homme est un loup pour l'homme, disaient les Anciens, et l'homme a inclus le loup dans la société, disions-nous. En fait, s'il a pu le faire, c'est bien parce qu'il a aussi inclus l'humain vivant en horde dans la société tribale largement plus coercitive, puisque sa cohérence suppose toutes sortes de contraintes. Lesquelles ? Par exemple, le fait de devoir travailler en commun, de respecter divers statuts sociaux, d'observer des rites, de ne pas transgresser des tabous, de partager des ressources selon des règles compliquées, d'observer des règles conjugales dans le cadre d'un système de parenté, etc. Nées de la pensée tribale, les nombreuses règles du mariage sont un exemple de ce type de contrôle sur la reproduction de ses membres : dans la plupart des religions, il est interdit de se marier en dehors de son groupe religieux. Ce n'est là qu'un exemple du contrôle strict du groupe humain sur l'individu.
Chaque membre d'une tribu (et encore plus dans une société plus complexe) est en quelque sorte un animal domestiqué par le groupe !
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Fortes d’un riche savoir-faire utile à la survie des bébés, les grands-mères se sont ainsi investies depuis très longtemps dans l’élevage de leurs petits-enfants. Cet investissement aurait été si efficace en termes de survie des bébés, qu’il a sélectionné des lignées humaines dont les femmes cessent d’être fertiles longtemps avant de mourir, ce qui explique en grande partie ce phénomène proprement humain qu’est une très longue ménopause (les guenons meurent en général assez vite après leur entrée en ménopause).
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L’étude comparative des génomes sapiens et néandertaliens a montré que les Sapiens actuels présentent une centaine de mutations. Il en va de même pour la peau, les systèmes immunitaires et musculaires, bref pour le corps. Pour autant, pouvons-nous en inférer une supériorité biologique de Sapiens par rapport à Néandertal ? Non, cela tiendrait du préjugé, puisque là où les deux formes ont vécu en bandes nomades dans les mêmes environnements (Proche-Orient et Europe), elles ont eu, selon toutes les apparences archéologiques, des efficacités prédatrices et collectrices comparables, se sont fréquentées et ont échangé, y compris des gènes.
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Une fois le bébé né, la taille du cerveau continue à augmenter pendant les sept premières années, alors que le petit humain n’est plus isolé dans l’utérus, mais entouré par ses proches. Ainsi, le cerveau humain achève son développement alors que l’enfant est déjà sous l’influence de la vie sociale. Pour parfaire le développement cérébral, l’humanité remplace le bain utérin par le bain social. Une particularité qui explique en partie notre impressionnant essor cognitif, puisqu’il se poursuit jusqu’à ce que notre cerveau contienne de l’ordre de 86 milliards de neurones, à comparer à seulement 6 milliards chez notre cousin chimpanzé.
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Les hordes préhistoriques, il importe de ne pas l’oublier, étaient perdues dans la nature ; si elles ne s’étaient pas arrangées pour choisir des territoires de chasse mitoyens les uns des autres, elles auraient fort bien pu ne jamais se rencontrer et disparaître par appauvrissement génétique.
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Videos de Silvana Condemi (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Silvana Condemi
Offrir les clés indispensables pour comprendre des problématiques contemporaines liées à la science en faisant la part belle au débat, telle est l'ambition de ce cycle de conférences. La troisième saison se penche sur la question des origines. Cette troisième table ronde réunit des paléoanthropologues qui révèlent les dernières découvertes sur les origines et l'évolution de l'être humain.Avec Antoine Balzeau, paléoanthropologue, directeur de recherche au CNRS et au Muséum national d'histoire naturelle ; Silvana Condemi, paléoanthropologue, directrice de recherche au CNRS et à Aix-Marseille Université ; Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue, titulaire de la chaire de Paléoanthropologie au Collège de FranceDébat animé par Caroline Lachowsky, journaliste scientifique à RFI, enregistré le 13 avril 2023 à la BnF I François-Mitterrand.
+ Lire la suite
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