Incontournable Septembre 2021
Cet album de 2021 traite de difficulté langagière, le bégaiement plus exactement. Pour ce garçon dont les mots sortent différemment, ce peut être très anxiogène lorsqu'il doit tenir une élocution devant ses pairs. le stress fait par ailleurs aggraver le trouble du garçon. Alors il tente de parler le moins possible.
Un jour, son père le conduit à la rivière et lui confie que son langage est comme elle, frémissante, agitée, bouillonnante et grondante. Mais la rivière peut aussi se montrer lisse et calme, au-delà des rapides. Au fond, elle s'apaise et coule de source, et ce peut aussi être le cas du garçon, s'il trouve une certaine sérénité. Depuis ce constat, il songe à sa parole comme celle de la rivière, et quand il parle de cette dernière, il trouve le calme.
Une allégorie vraiment merveilleuse que celle de la rivière pour parler de ce trouble de la parole. le tout rendu par des images peintes étonnamment parlantes. C'est très touchant et très constructif. À travers cette histoire, on peut aussi extrapoler aux autres différences: trouver une façon de comprendre ou d'illustrer sa condition, c'est nourrir une certaine positivité, une façon de se l'approprier. Ne plus la voir comme une tare ou un handicap, mais comme une part de soi sur laquelle on peut avoir une certaine emprise, voir un contrôle.
J'aime aussi beaucoup aimé que le père prenne du temps avec son fils pour l'aider à mieux cerner sa particularité. Bref, une belle histoire au texte poétique et au rythme tranquille sur un thème peu fréquent.
Pour un lectorat à partir du prescolaire (4-5 ans).
Commenter  J’apprécie         51
Un bel album pour les enfants peut-être à partir de 6 ans qui traite de la différence , ici des difficultés de langage puisque le narrateur souffre de bégaiement qui suscite les moqueries des élèves de sa classe.L'écrit peut être une revanche …Un appel à la tolérance est le fil conducteur de cette courte histoire , il y a différentes façons de « dire » et son père établit des analogies entre les bruits de la rivière et les sons qui émanent de son fils.
Commenter  J’apprécie         60
Ecrit par Jordan Scott, un Canadien spécialiste de la poétique du bégaiement, ce récit bouleverse par la noirceur, la pudeur et la véracité qu’il dégage. Puis, au fil des pages, le récit s'éclaire au contact de la nature, notamment de l'eau. C'est le déclic qui amène ce garçon, jusque-là en difficulté, vers quelque chose de plus doux, de plus acceptable. Comme un chemin pour arriver petit à petit vers l'acceptation d'être soi.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Mon père voit bien que je suis triste, il me serre contre lui. Il pointe la rivière et me dit:
- Tu vois de quelle façon l'eau bouge? C,est comme ça que tu parles.
Je regarde l'eau frémissante, agitée, bouillonnante et grondante.
Mon père dit que je parle comme une rivière.
Je regarde l'eau. Elle bouillonne, tournoie, gicle, et se brise. Papa dit que je parle comme une rivière.
Tout ce qu'ils entendent c'est que je ne parle pas comme eux.
Tout ce qu'ils voient, c'est mon visage et ma peur que je ne peux cacher.
Ma bouche ne fonctionne pas. Elle est pleine des mots du matin.
Papa vient me chercher. "Ce n'est rien, rien qu'une journée trop compliquée pour parler, dit-il. Allons dans un endroit tranquille."
Papa m'emmène à la rivière.
On marche le long de la rive, à la recherche d'insectes et de pierres colorées.
Ma bouche ne marche pas.
Elle est pleine à craquer
des mots que je ne peux pas prononcer.
Jordan Scott Author Interview | ILA Next 2020