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sur 465 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec une plume qui m'a rappelé celle de celui dont il parle, Laurent Seksik raconte les derniers 6 mois de Stefan Zweig et de sa seconde épouse, Lotte, qu'ils ont passés en exil au Brésil.

Les chapitres font le décompte des mois, jusqu'aux 3 derniers jours qui ont abouti au suicide du couple et, peu à peu, je me suis laissée envahir par la mélancolie et le désespoir de cet auteur, qui a dû fuir son cher pays et qui voit disparaître ses amis, ses projets et tout ce qui faisait sa vie. Petit à petit, j'ai senti le ressort qui se cassait, l'énergie vitale qui filait!
Parallèlement, j'ai été complètement bouleversée par l'amour que lui porte sa jeune épouse, amour inconditionnel et magnifiquement généreux qui la mène au sacrifice ultime...

Pour moi qui n'ai découvert que récemment cet auteur dont j'ai, pour l'instant, aimé tout ce que j'ai lu, j'ai bien apprécié de faire la connaissance de l'homme qui se cache derrière l'oeuvre, de le découvrir dans son époque et avec ses contemporains et de constater à quel point il était célèbre et reconnu au début du XXème siècle...

Pas gai, comme pouvait le laisser supposer le titre (!), ce roman me reviendra sans doute à l'esprit à chaque titre de Stefan Zweig que je lirai désormais...
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Albert Camus a écrit que le problème philosophique le plus sérieux était celui du suicide et il est vrai que le moment où cette décision est prise, où l'on juge que la vie ne vaut plus d'être vécu est particulièrement impressionnant. le roman que vient de publier Laurent Seksik aux Editions Flammarion : « Les derniers jours de Stefan Zweig. » pose cette même question. Qu'est ce qui a fait que le 22 Février 1942, exilé à Petrópolis au Brésil, Stefan Zweig se donne volontairement la mort avec sa deuxième femme, Lotte ? Bien sûr ce grand écrivain juif de la Mitteleuropa avait perdu la vie dans sa Vienne chérie, il avait connu l'errance : l'Angleterre puis l'Amérique et enfin le Brésil. Mais cela suffit-il à expliquer son geste ?
Le romancier nous raconte avec talent les six derniers mois de la vie de l'écrivain et de sa femme de septembre 1941 à ce 22 février 1942.
Stefan Zweig a laissé des lettres pour expliquer son geste et notamment celle-ci très connue
« "Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. de jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même.
Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux."

Mais malgré ce qu'il a écrit et ce roman refermé on reste dans le questionnement. Depuis longtemps Zweig avait des idées noires et très curieusement, comme le rappelle ce roman dans sa biographie du poète Kleist il s'était attardé longuement sur le suicide du poète avec sa deuxième épouse.
Comme toujours,face à ce suicide le mystère demeure.

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Si chacun connaît en ouvrant cet album la destinée de ce couple, Les derniers jours de Stefan Zweig nous offre le récit des six derniers mois du célèbre écrivain, l'espoir qui va renaître avant d'être à nouveau anéanti, les craintes de Lotte et sa peur face à leur décision, la nostalgie d'un passé à jamais détruit par l'Homme lui-même. le destin de Stefan Zweig apparaît indiscutablement lié à la seconde guerre mondiale... On y découvre un homme incapable de trouver le moindre morceau d'espoir dans le récit que ses compatriotes en exil lui font des exactions nazies.

Servi par des planches d'aquarelle aux tonalités bleutées et sépia, Les derniers jours de Stefan Zweig fait revivre un auteur qu'il me faudra désormais découvrir à travers ses propres écrits, un auteur qui semblait alors visionnaire mais tellement tourmenté par ses démons que le suicide aura été sa seule porte de sortie.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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22 février 1942, au Brésil, Stefan Zweig et sa seconde épouse Lotte se donnent la mort. En exil, loin de l'Europe et de ses horreurs, le couple commet l'irréparable.

Dans ce roman de 180 pages, l'auteur nous entraîne sur les pas du couple Zweig, sur leurs six derniers mois avant le jour J.

Riche en références historiques et artistiques, l'ouvrage nous offre un regard intime sur les raisons de ce passage à l'acte désespéré. Il nous offre aussi un regard sur les sentiments qui lient Lotte et son célébrissime époux, sur leurs incompréhensions mutuelles, sur la fragilité d'une jeune femme qui peine à réellement trouver sa place auprès de cet homme de 60 ans qui a vécu tant de choses avant elle.

Le texte comprend beaucoup de descriptions, peu de dialogues, et pourtant il se lit d'une traite. On se croirait presque dans un journal intime. Il plaira je pense à tous les admirateurs de la plume de Zweig.

Un texte court à découvrir sans modération.
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Il faut avoir le moral pour lire jusqu'au bout ce roman mi-biographique mi-fiction mais ça vaut le coup.
Un Stefan Zweig au fond du désespoir le plus profond et qui y entraîne sa jeune épouse. Certes, le contexte historique est lui-même désespérant: la montée du nazisme d'abord, qui entraîne la fuite et l'exil, la guerre ensuite qui pour Hitler, dans les premiers temps n'est qu'une succession de victoires, l'abomination de la répression des Juifs qui s'accélère toujours, son pays, la MittelEuropa qui lui laisse un abîme au fond du coeur.
Bref, effectivement, beaucoup de raisons de ne voir l'avenir qu'en noir et sans possible amélioration quelconque.
L'auteur nous dépeint son humeur et ses interrogations de façon parfaite, ainsi que celle de Lotte (avec en plus la pointe de jalousie que celle-ci éprouve pour Friderike, la première épouse de Zweig et l'ancienne vie qu'il a vécu avec elle et que Lotte ne vivra jamais), le poids de sa maladie. de même, les personnages "secondaires" tels que Koogan, Feder, Bernanos et les écrivains absents mais si présents par leurs âmes sont imposants et pesants dans son évolution au fil de ces six mois d'exil au Brésil.
Un roman émouvant, parfois fascinant de désespoir, noir, et avec une écriture tendre pour ces personnages principaux.
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Comme son nom l'indique, ce livre relate en détails les derniers jours du célèbre auteur autrichien dans une ville moyenne du Brésil. Il rend très vivement la douleur de cet homme alors mondialement célèbre (soixante millions d'exemplaires de livres vendus !!!) et qui fréquentait les plus grands savants et intellectuels de l'époque. En particulier, Einstein l'avait reçu chez lui.
Loin de sa merveilleuse demeure propice à la réflexion, envahie de ses brouillons et livres fétiches, il ne peut plus écrire alors que l'écriture était toute sa vie.

Bien avant d'arriver au brésil, il endure une errance inouïe pour un écrivain aussi reconnu. Considéré comme un ennemi à Londres, il a l'obligation de déclarer aux autorités ses déplacements et de signaler aux mêmes autorités sa présence toutes les semaines. Pour cesser cette humiliation inattendue et incroyable, il part à New-York où tous les juifs viennent à lui sans cesse pour lui demander un soutien financier ou autre. Il n'en peut plus de passer son temps et son énergie à aider ses « frères » auprès desquels il ne se reconnaît pas, lui qui ne se considérait pas comme juif.
Le Brésil, magnifique, ne peut rivaliser avec sa vieille Europe, hormis des « amis » qui lui reprochent son apathie face aux évènements, et même mieux, lui réclament d'être le chantre de toutes les victimes. Son énergie pour écrire se tarit et par la même, sa vie n'a plus de sens. Il se sent déplacé au sens propre comme au sens figuré et ne peut rien envisager d'autre que de mourir. Il oblige sa femme à l'accompagner dans ce geste. Elle le suit avec désespoir mais aussi avec résignation et fascination pour cet homme qu'elle a plus admiré qu'aimé semble-t-il. Leurs relations sont troubles car elle paraît l'aimer moins maintenant qu'il n'est plus écrivain, qu'il est moins adulé. Elle a aimé être sa femme pour le rôle social, le train de vie, la sécurité. Tout ceci ayant disparu, elle ne voit plus que le vieil homme fatigué, elle si jeune encore, qui aurait aimé avoir des enfants. La faible santé de son mari annihile ses velleités. Lui la préfère en garde malade plutôt qu'en amante. Triste fin pour un magnifique écrivain.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Il y a deux ans et demi environ, je découvrais la magnifique BD adaptée de ce roman par l'auteur lui-même et dessinée par Sorel. La lecture du Tabac Tresniek m'a incitée à ouvrir enfin le roman de Laurent Seksik. Et je ne l'ai bien entendu pas regretté !

J'ai été happée par le désespoir qui suinte de ces lignes presque à chaque page, ce sentiment bien plus dévastateur que la « simple » nostalgie, qui hante Stefan Zweig et gagne peu à peu sa jeune femme Lotte. Ce sentiment évolue tout au long du roman : déboussolés, rejetés de l'Europe (et même de l'Angleterre où pourtant ils sont arrivés assez vite après l'arrivée d'Hitler au pouvoir et où ils sont déclarés ennemis potentiels de la Grande-Bretagne par leurs origines germaniques), obligés de quitter ensuite New York pour protéger la santé de Lotte, les Zweig semblent ne plus savoir où aller, et la certitude de pouvoir se poser six mois à Petropolis, au Brésil, ne les apaise guère. Surtout Stefan, dont la mémoire ne cesse de convoquer les temps enfuis de Vienne et Salzbourg, ainsi que ses amis disparus, naufragés dans le cataclysme qui détruit les Juifs d'Europe.

L'auteur du Joueur d'échecs a préféré fuir l'Europe, il n'a jamais joint sa voix à celle de son ami Joseph Roth (pour ne citer que lui) pour condamner les horreurs du national-socialisme. Laurent Seksik analyse finement ce silence, ce non-engagement, faisant percevoir ce désespoir brûlant qui prend le dessus sur tout, la paranoïa qui envahit Zweig qui ne perçoit plus aucune lueur d'espoir, jusqu'au choix irréversible de mourir avec Lotte en février 1942. Avec habileté, Laurent Seksik fait percevoir l'ampleur de cette dépression en ne donnant jamais la parole à Stefan Zweig dans les dialogues mais en accompagnant sa descente aux enfers avec infiniment de respect. On sent qu'il s'est solidement documenté sur le sujet (une solide bibliographie est proposée en fin de roman) et qu'il s'est glissé intimement dans la peau de son « personnage » sans pathos, avec lucidité. C'est à cette condition que l'émotion du lecteur peut se manifester (c'est ainsi que cela s'est passé pour moi et c'est ce que j'aime).

A ce récit tragique s'ajoutent le bonheur de la réflexion sur l'art de l'écrivain, sur la place de l'artiste face à la barbarie et quantité de référence à des romans et des oeuvres (comme La marche de Radetzky, de Joseph Roth) qu'il me tarde de découvrir.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Un gros coup de coeur pour ce roman biographique qui m'a donné envie de lire Stephan Zweig (que je n'ai jamais lu, à ma grande honte). Un destin tragique minutieusement reconstitué, un style impeccable.
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Laurent Seksik dresse le portrait intime d'un Stefan Zweig au bord de l'abîme, entre septembre 1941 et février 1942 alors qu'il est en exil au Brésil avec sa femme Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann).

A ce moment-là le monde continue de s'autodétruire et Zweiz n'a plus la force de résister et de vivre. Son dernier combat sera son livre testament le Monde d'hier, un combat littéraire qui parachèvera son oeuvre magistrale.

Le roman de Seksik est touchant et poignant jusqu'aux dernières pages. La rencontre de Zweig avec Georges Bernanos est particulièrement belle tout comme les derniers jours passés aux côtés de Lotte qui l'entourera de tout son amour et l'accompagnera jusqu'au bout avec un courage incroyable.
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Une histoire touchante qui montre à travers un homme la disparition d'un monde en paix, comme le dirait une miss. Les démons du nazisme se répandent et font des émules. Difficile de lutter contre une telle force. Surtout dans certains pays comme en France qui préfère la collaboration, en partie. Quand on cherche à connaître l'Histoire, pas celle écrite par les vainqueurs, on découvre des choses bien repoussantes. Fermons la parenthèse.

Laurent Seksik grâce à beaucoup de recherche a rendu hommage à ce grand écrivain pour être au plus proche de lui et de son quotidien sur les derniers mois de sa vie. Comment expliquer son cheminement vers le renoncement et la liberté ? On est touché par tant de souffrance, de mal-être et de tristesse. le contraste entre une jeune femme éperdument amoureuse d'un homme secret, silencieux et avare de mots doux. Surtout qu'elle vit avec l'ombre de l'ex-femme, Frederike. On devient les compagnons d'infortunes, assistant aux nouvelles si sombres qui s'accumulent ternissant le soleil du Brésil. Même si Laurent Seksik n'a pas autant de talent que Zweig, il a fait une belle biographie romancée dans la retenue, la délicatesse et la compassion, comme l'auteur aimait tant faire. Un double hommage qui mérite toutes les félicitations. On se laisse emporter page après page en espérant une fin différente de la réalité.
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-8Io
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