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3,85

sur 465 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu en 2017. Pour écrire cette biographie romancée, l'auteur s'est basé sur des sources solides, bibliographies, correspondances et articles de journaux
d'époque.
Le récit porte sur les six derniers mois de la vie de Stefan Zweig. À soixante ans en 1942, après neuf ans de fuite, il n'a plus d'espoir et ne trouve plus d'issue ni de lumière, encore moins de consolation au coeur de son "exil". Même sa jeune et belle épouse, Lotte, sera impuissante face à cette chute inéluctable...
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Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce grand intellectuel, Stefan Zweig est né à Vienne de parents juif. Écrivain, il excelle dans tous les genres d'écritures: traductions, romans, pièces de théâtre, essais, biographie mais surtout la nouvelle … Ses livres sont vendus par milliers et traduits dans plusieurs langues.

Cette biographie romancée, raconte les derniers jours de cet auteur exilé avec sa femme Lotte à Pétropolis au Brésil. Étant sur une liste noire en 1930 au même titre que Sigmund Freud, Zweig ressentant la menace, quitte l'Autriche pour la France, l'Angleterre, les États-Unis puis le Brésil. L'homme peiné de ce qui se passe en Europe, se remémorant ses bons moments, ses voyages, ses ami(es) et sa famille disparu(es), ressent un vague à l'âme qui l'empêche d'écrire.

Un roman ou l'on sent peu à peu l'ombre devenir nuit, l'espoir devenir illusoire chez un grand homme réduit à néant.
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« Lotte ne veut pas mourir » pourrait être titrer ce roman restituant les derniers mois de Stefan Zweig et de son épouse Charlotte Altmann.

Zweig est un pessimiste né et son penchant suicidaire apparait dès 1925 dans « le Combat avec le démon (sur Kleist, Hölderlin et Nietzsche) ». La montée du nazisme, ses exils vers le Royaume Uni, les USA et le Brésil exacerbent cette tendance et la chute de Singapour et les lettres de menaces reçues l'amènent au geste fatal du 22 février 1942.

Lotte est la joie de vivre. Beaucoup plus jeune que son époux sexagénaire elle s'épanouit au Brésil et rêve d'un avenir débarrassé du nazisme grâce à la victoire des démocraties rendue probable par l'entrée en guerre de l'Amérique.

Laurent Seksik décrit la mécanique du couple qui s'inscrit dans un rapport parent-enfant et non pas dans un rapport adulte-adulte. Lotte est entrée dans la vie de Stefan en étant sa secrétaire et elle n'a jamais réellement remplacée Friderike, première épouse, demeurée en relation épistolaire avec l'écrivain qui ne laisse pas la seconde lire ses oeuvres et la cantonne à des occupations ancillaires.

L'isolement du couple, le contexte militaire et concentrationnaire de 1942, dépriment Zweig et le poussent vers l'inexorable ; son emprise sur Lotte la conduit à s'unir à lui dans le suicide.

Ce roman, fort bien écrit, est à la fois une biographie de Stefan Zweig et l'analyse glaciale de l'emprise d'un homme sur une femme ainsi condamnée à mort. Un ouvrage à méditer !

PS : les intellectuels européens exilés en Amériques :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Stefan Zweig raconté et aussi romancé. Ce livre se présente comme une autobiographie mais est aussi bien sûr romancé.

On rencontre l'auteur au Brésil, là où lui et sa femme Lotte ont fui les horreurs du nazisme, après avoir quitté d'abord l'Angleterre puis les États-Unis.

Je ne connaissais pas cet auteur et j'ai aimé le découvrir au travers de ces pages. J'ai découvert un esprit agité, torturé, en plein doute mais aussi un grand génie écrivain de son époque. J'ai désormais envie de découvrir les livres qu'il a écrit. J'ai aussi adoré au-delà de la vie de cet écrivain en fuite, voir comme l'auteur a traité du sujet de la culture dans cette guerre. Il montre clairement à quel point elle aura souffert de ce conflit elle-aussi. On imagine que certains écrits ont peut-être été perdus à jamais, brûlés par les flames du nazisme.

J'ai eu un temps d'adaptation à l'écriture de l'auteur. Entre grandes phrases ponctuées par des énumérations, l'utilisation de virgules à tout va et l'alternance avec des phrases brèves, Laurent Seksik crée un rythme dans son récit, mais qui pour ma part m'a qqfois donné un sentiment de longueur.

Dans l'ensemble, un livre que j'ai aimé lire et découvrir.

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Comme son nom l'indique, ce livre relate en détails les derniers jours du célèbre auteur autrichien dans une ville moyenne du Brésil. Il rend très vivement la douleur de cet homme alors mondialement célèbre (soixante millions d'exemplaires de livres vendus !!!) et qui fréquentait les plus grands savants et intellectuels de l'époque. En particulier, Einstein l'avait reçu chez lui.
Loin de sa merveilleuse demeure propice à la réflexion, envahie de ses brouillons et livres fétiches, il ne peut plus écrire alors que l'écriture était toute sa vie.

Bien avant d'arriver au brésil, il endure une errance inouïe pour un écrivain aussi reconnu. Considéré comme un ennemi à Londres, il a l'obligation de déclarer aux autorités ses déplacements et de signaler aux mêmes autorités sa présence toutes les semaines. Pour cesser cette humiliation inattendue et incroyable, il part à New-York où tous les juifs viennent à lui sans cesse pour lui demander un soutien financier ou autre. Il n'en peut plus de passer son temps et son énergie à aider ses « frères » auprès desquels il ne se reconnaît pas, lui qui ne se considérait pas comme juif.
Le Brésil, magnifique, ne peut rivaliser avec sa vieille Europe, hormis des « amis » qui lui reprochent son apathie face aux évènements, et même mieux, lui réclament d'être le chantre de toutes les victimes. Son énergie pour écrire se tarit et par la même, sa vie n'a plus de sens. Il se sent déplacé au sens propre comme au sens figuré et ne peut rien envisager d'autre que de mourir. Il oblige sa femme à l'accompagner dans ce geste. Elle le suit avec désespoir mais aussi avec résignation et fascination pour cet homme qu'elle a plus admiré qu'aimé semble-t-il. Leurs relations sont troubles car elle paraît l'aimer moins maintenant qu'il n'est plus écrivain, qu'il est moins adulé. Elle a aimé être sa femme pour le rôle social, le train de vie, la sécurité. Tout ceci ayant disparu, elle ne voit plus que le vieil homme fatigué, elle si jeune encore, qui aurait aimé avoir des enfants. La faible santé de son mari annihile ses velleités. Lui la préfère en garde malade plutôt qu'en amante. Triste fin pour un magnifique écrivain.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Laurent Seksik dresse le portrait intime d'un Stefan Zweig au bord de l'abîme, entre septembre 1941 et février 1942 alors qu'il est en exil au Brésil avec sa femme Lotte (Charlotte Elisabeth Altmann).

A ce moment-là le monde continue de s'autodétruire et Zweiz n'a plus la force de résister et de vivre. Son dernier combat sera son livre testament le Monde d'hier, un combat littéraire qui parachèvera son oeuvre magistrale.

Le roman de Seksik est touchant et poignant jusqu'aux dernières pages. La rencontre de Zweig avec Georges Bernanos est particulièrement belle tout comme les derniers jours passés aux côtés de Lotte qui l'entourera de tout son amour et l'accompagnera jusqu'au bout avec un courage incroyable.
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C'est la première fois, je crois, que je lis un livre après avoir lu la BD qui s'en est aspiré. La BD de Laurent Seksik et Guillaume Sorel ne m'a pas quittée tout au long de cette lecture et cela ne m'a pas gênée, bien au contraire.
Cette biographie romancée est celle de Stefan Zweig mais aussi, à travers lui, celle de Lotte, sa seconde femme qui est extrêmement touchante par son Amour sans faille pour Zweig.
Bien que l'histoire de Stefan Zweig ne me soit pas inconnue, j'ai beaucoup apprécié la façon dont Laurent Seksik la met en mots.
L'auteur arrive avec brio à montrer comment l'horreur de l'Histoire à brisé l'âme de Stefan Zweig qui n'arrive plus à croire en l'humanité. Il culpabilsise de surcroît d'avoir fuit son pays, il se reproche d'être lâche,son mal-être est extrême et l'amène à choisir une solution radicale qui devrait qui devient un geste de désespoir absolu.
Les écrits de Zweig m'ont toujours touchée par sa sensibilité , à l'époque, je ne connaissais pas sa propre histoire, j'ai de fait, aujourd'hui envie de relire certains de mes romans préférés . Auront-ils une autre saveur ?
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22 février 1942, au Brésil, Stefan Zweig et sa seconde épouse Lotte se donnent la mort. En exil, loin de l'Europe et de ses horreurs, le couple commet l'irréparable.

Dans ce roman de 180 pages, l'auteur nous entraîne sur les pas du couple Zweig, sur leurs six derniers mois avant le jour J.

Riche en références historiques et artistiques, l'ouvrage nous offre un regard intime sur les raisons de ce passage à l'acte désespéré. Il nous offre aussi un regard sur les sentiments qui lient Lotte et son célébrissime époux, sur leurs incompréhensions mutuelles, sur la fragilité d'une jeune femme qui peine à réellement trouver sa place auprès de cet homme de 60 ans qui a vécu tant de choses avant elle.

Le texte comprend beaucoup de descriptions, peu de dialogues, et pourtant il se lit d'une traite. On se croirait presque dans un journal intime. Il plaira je pense à tous les admirateurs de la plume de Zweig.

Un texte court à découvrir sans modération.
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Stefan Zweig est un de mes auteurs préférés. Je n'en finis pas de le découvrir, autant dans son oeuvre romanesque que dans ses biographies éclairées.
Bien sûr, Les derniers jours de Stefan Zweig, c'est elle aussi une biographie romancée, écrite du reste avec talent, érudition et sensibilité par Laurent Seksik, auteur que je découvre au passage. Une biographie romancée ne dit pas forcément toute la vérité, elle est par définition subjective, mais elle imagine tous les possibles qui viennent se glisser dans les interstices d'une existence, celle dont nous pensons connaître déjà dans les grands traits...
Ici tous les possibles sont dits dans le vertige des mots.
Que dire dans l'émotion encore palpable des dernières pages...?
Que dire sinon un chagrin immense qui m'a étreint au fil des pages de ce récit magnifique.
Stefan Zweig est déjà en exil, à Londres, lorsqu'il rencontre une certaine Lotte Altmann, qui a vingt-cinq de moins que lui. Elle est emplie d'admiration pour l'auteur. Mais celui-ci est marié. Lotte devient sa maîtresse. Et la fuite continue de se faire dans l'exil, New-York, puis le Brésil... Poser les valises dans la ville de Petrópolis à quelques encablures de Rio de Janeiro.
Nous sommes en 1942, l'exil fuyant la barbarie nazie dure déjà depuis neuf ans et Stefan Zweig s'est entre temps séparé de sa femme Frederike, restée à New-York, pour épouser la jeune et belle Lotte.
C'est Lotte maintenant qui dactylographie sur la vieille Remington chaque page rédigée de manière manuscrite par l'écrivain...
Le cadre est idyllique, la paix est ici présente, il suffirait d'attendre quelques mois encore pour espérer voir s'achever cette guerre devenue mondiale. La progression des Alliés semblent donner quelques notes d'espoir.
J'ai aimé une des premières scènes qui ouvre le livre. le nouveau couple découvre cette maison de Petrópolis qui les accueille provisoirement. C'est une scène banale qu'on a tous peut-être vécu après un déménagement, mais ici elle a une saveur toute particulière, une malle qu'on vide de ses livres, l'odeur des livres qui rappelle là-bas, sa demeure de Salzbourg, sorte de madeleine de Proust en exil et qui donne le vertige à l'auteur, comme une ivresse...
Et puis, il suffirait d'attendre que parvienne de Londres cette autre fameuse malle, qui contient une somme de documentations inédites qui lui permettra d'écrire enfin ce qui pourrait être son chef d'oeuvre, la biographie De Balzac ! Mais l'océan est aussi le théâtre de cette guerre... Et la malle n'est toujours pas parvenue à sa destination...
Avant cet exil, avant de fuir sa chère ville de Salzbourg, Stefan Zweig pensait que les livres allaient former comme un rempart contre la barbarie. Nous y pensons tous ici dans notre communauté de lecteurs. C'est parfois quelque chose qui nous anime avec ardeur.
Mais ses livres ont été brûlés là-bas, à Vienne ou Salzbourg.
Le chemin de l'exil emplit Stefan Zweig d'un terrible désespoir. Et la pauvre Lotte encore amoureuse, éprise de Stefan Zweig, se sent glisser, happée dans ce chemin désespérée, alors qu'elle voudrait exister par son amour, enflammer l'homme qu'elle aime, le retenir à la vie, lui redonner de l'espoir... Elle pense qu'il n'a pas le droit de se laisser abattre.
Dans cette errance, il se sent devenir comme une ombre sans racines.
Il se sent devenu comme un paria, un fuyard, un lâche, le dernier des hommes. Ses forces l'abandonnent. D'ailleurs, de grands écrivains comme Thomas Mann lui reprocheront son acte.
Il se sent devenu une sorte de vagabond hanté par l'absolu.
Sa rencontre avec Georges Bernanos lui aussi en exil est forte lorsque celui-ci lui dit " C'est dans cette clameur qu'il faut se faire entendre. Nous sommes des romanciers, nous avançons dans les ténèbres, guidés par notre seul instinct. C'est dans ces ténèbres qu'il faut éclairer les consciences. Aucun peuple ne peut se sauver lui-même. Cher ami, le monde a besoin d'entendre votre voix."
Mais ces mots ne suffiront pas...
Lors de ce fameux dimanche de 22 février 1942, sans doute plus rien ne les retient, lui et elle, au bord de l'abîme.
Ce que j'ai trouvé particulièrement émouvant, pathétique même, ce n'est pas le suicide de Stefan Zweig, qui relève d'un acte personnel, mais c'est le geste de Lotte, son sacrifice à ses côtés, qui souhaitera le rejoindre dans ce dernier voyage, sans doute afin de pouvoir exister à ses yeux, lui offrant ainsi un ultime geste d'amour, elle qui ne se sentait peut-être pas suffisamment regardé par l'homme qu'elle aimait durant cet exil partagé depuis tant d'années...
Ce livre est d'une inconsolable tristesse, écrit avec pudeur, émotion et justesse. Une clef supplémentaire pour continuer de cheminer dans l'oeuvre incontournable de ce très grand écrivain.
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Une histoire touchante qui montre à travers un homme la disparition d'un monde en paix, comme le dirait une miss. Les démons du nazisme se répandent et font des émules. Difficile de lutter contre une telle force. Surtout dans certains pays comme en France qui préfère la collaboration, en partie. Quand on cherche à connaître l'Histoire, pas celle écrite par les vainqueurs, on découvre des choses bien repoussantes. Fermons la parenthèse.

Laurent Seksik grâce à beaucoup de recherche a rendu hommage à ce grand écrivain pour être au plus proche de lui et de son quotidien sur les derniers mois de sa vie. Comment expliquer son cheminement vers le renoncement et la liberté ? On est touché par tant de souffrance, de mal-être et de tristesse. le contraste entre une jeune femme éperdument amoureuse d'un homme secret, silencieux et avare de mots doux. Surtout qu'elle vit avec l'ombre de l'ex-femme, Frederike. On devient les compagnons d'infortunes, assistant aux nouvelles si sombres qui s'accumulent ternissant le soleil du Brésil. Même si Laurent Seksik n'a pas autant de talent que Zweig, il a fait une belle biographie romancée dans la retenue, la délicatesse et la compassion, comme l'auteur aimait tant faire. Un double hommage qui mérite toutes les félicitations. On se laisse emporter page après page en espérant une fin différente de la réalité.
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-8Io
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