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3,84

sur 470 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a deux ans et demi environ, je découvrais la magnifique BD adaptée de ce roman par l'auteur lui-même et dessinée par Sorel. La lecture du Tabac Tresniek m'a incitée à ouvrir enfin le roman de Laurent Seksik. Et je ne l'ai bien entendu pas regretté !

J'ai été happée par le désespoir qui suinte de ces lignes presque à chaque page, ce sentiment bien plus dévastateur que la « simple » nostalgie, qui hante Stefan Zweig et gagne peu à peu sa jeune femme Lotte. Ce sentiment évolue tout au long du roman : déboussolés, rejetés de l'Europe (et même de l'Angleterre où pourtant ils sont arrivés assez vite après l'arrivée d'Hitler au pouvoir et où ils sont déclarés ennemis potentiels de la Grande-Bretagne par leurs origines germaniques), obligés de quitter ensuite New York pour protéger la santé de Lotte, les Zweig semblent ne plus savoir où aller, et la certitude de pouvoir se poser six mois à Petropolis, au Brésil, ne les apaise guère. Surtout Stefan, dont la mémoire ne cesse de convoquer les temps enfuis de Vienne et Salzbourg, ainsi que ses amis disparus, naufragés dans le cataclysme qui détruit les Juifs d'Europe.

L'auteur du Joueur d'échecs a préféré fuir l'Europe, il n'a jamais joint sa voix à celle de son ami Joseph Roth (pour ne citer que lui) pour condamner les horreurs du national-socialisme. Laurent Seksik analyse finement ce silence, ce non-engagement, faisant percevoir ce désespoir brûlant qui prend le dessus sur tout, la paranoïa qui envahit Zweig qui ne perçoit plus aucune lueur d'espoir, jusqu'au choix irréversible de mourir avec Lotte en février 1942. Avec habileté, Laurent Seksik fait percevoir l'ampleur de cette dépression en ne donnant jamais la parole à Stefan Zweig dans les dialogues mais en accompagnant sa descente aux enfers avec infiniment de respect. On sent qu'il s'est solidement documenté sur le sujet (une solide bibliographie est proposée en fin de roman) et qu'il s'est glissé intimement dans la peau de son « personnage » sans pathos, avec lucidité. C'est à cette condition que l'émotion du lecteur peut se manifester (c'est ainsi que cela s'est passé pour moi et c'est ce que j'aime).

A ce récit tragique s'ajoutent le bonheur de la réflexion sur l'art de l'écrivain, sur la place de l'artiste face à la barbarie et quantité de référence à des romans et des oeuvres (comme La marche de Radetzky, de Joseph Roth) qu'il me tarde de découvrir.
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Après les années de succès et de reconnaissance, la vie viennoise tant aimée qu’il doit quitter, l’exil en Angleterre puis aux Etats-Unis, Stefan Zweig entame une autre vie à Pétropolis, au Brésil. Mais le nazisme et son antisémitisme ont fait naître en lui un mal profond. Devant tant d’atrocités, il sombre insensiblement dans un désespoir que personne ne peut guérir, pas même Lotte, sa jeune femme gaie et aimante qu’il entraîne dans la mort avec lui.

Stefan Zweig était inconsolable, Laurent Seksik en a fait un inoubliable roman.
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Il n'y a pas de roman, pas d'effet biographique, ni même de Seksik (l'auteur du livre), non, nous sommes simplement auprès de Stefan Zweig durant les mois qui précèdent son suicide, au Brésil, où il vient d'arriver après avoir fui tour à tour l'Angleterre et les Etats-unis, fuir l'horreur suffocante du IIIe Reich dont Zweig ne se remettra jamais. Et lorsque je dis que nous sommes simplement près de Zweig sans autre effet, c'est rendre grâce à l'auteur qui a su s'effacer au profit de son héros, auréolant son texte d'une plume efficace, belle, travaillée juste ce qu'il faut, sans trop en imposer, bref l'idée était originale, le résultat est délicieux, quand bien même nous savons déjà que la fin sera sans retour...
Un très bon bouquin, vraiment.
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Un gros coup de coeur pour ce roman biographique qui m'a donné envie de lire Stephan Zweig (que je n'ai jamais lu, à ma grande honte). Un destin tragique minutieusement reconstitué, un style impeccable.
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Avec les superbes illustrations de Guillaume Sorel en tête, j'ai lu ce récit des derniers jours de Stefan Zweig raconté avec pudeur et concision par Laurent Seksik. le portrait d'un écrivain dont l'âme remplie de nostalgie l'empêchait de voir la vie avec optimisme et qui traînait avec lui une noirceur qu'il tentait de fuir dans l'écriture et dans ses multiples pérégrinations de temps de guerre. Triste fin!
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Février 1942, Stefan Zweig et sa femme Lotte mettent fin à leurs jours. Pour évoquer les six derniers mois de leur vie, à Petrópolis au Brésil, l'auteur se met dans la peau de cet écrivain brillant et désespéré. Contraint à la fuite de pays en pays, pendant cette période si dramatique pour les juifs d'Europe, Stefan Zweig sombre dans cette mélancolie profonde qui l'a suivi une grande partie de sa vie.
Laurent Selsik nous présente un écrivain souvent incompris, nostalgique d'une autre vie, qui ne trouve le salut que dans la mort. Une superbe écriture, un très fort moment de lecture qui ne laisse absolument pas indifférent.
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Il faut avoir le moral pour lire jusqu'au bout ce roman mi-biographique mi-fiction mais ça vaut le coup.
Un Stefan Zweig au fond du désespoir le plus profond et qui y entraîne sa jeune épouse. Certes, le contexte historique est lui-même désespérant: la montée du nazisme d'abord, qui entraîne la fuite et l'exil, la guerre ensuite qui pour Hitler, dans les premiers temps n'est qu'une succession de victoires, l'abomination de la répression des Juifs qui s'accélère toujours, son pays, la MittelEuropa qui lui laisse un abîme au fond du coeur.
Bref, effectivement, beaucoup de raisons de ne voir l'avenir qu'en noir et sans possible amélioration quelconque.
L'auteur nous dépeint son humeur et ses interrogations de façon parfaite, ainsi que celle de Lotte (avec en plus la pointe de jalousie que celle-ci éprouve pour Friderike, la première épouse de Zweig et l'ancienne vie qu'il a vécu avec elle et que Lotte ne vivra jamais), le poids de sa maladie. de même, les personnages "secondaires" tels que Koogan, Feder, Bernanos et les écrivains absents mais si présents par leurs âmes sont imposants et pesants dans son évolution au fil de ces six mois d'exil au Brésil.
Un roman émouvant, parfois fascinant de désespoir, noir, et avec une écriture tendre pour ces personnages principaux.
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J'ai trouvé ce roman très noir et très dense.on peut comprendre un peu mieux l'impasse dans laquelle était Zweig:il ne pourrait jamais revoir Vienne et ne pouvait pas se résoudre à vivre une vie d'exilé.
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De Zweig, on connaît les biographies magistrales, les nouvelles passionnées et le style toujours juste... Et l'homme derrière le génie littéraire ? Moi, je ne le connaissais pas et je suis contente d'avoir découvert quelques clés dans cette biographie romancée qui se concentre sur ses derniers mois passés en exil au Brésil en 1941-1942.

Profondément affecté par les atrocités nazies, la fin de son monde viennois bien-aimé et l'exil solitaire, il s'enfonce dans la dépression, entraînant avec lui Lotte, sa deuxieme femme, jeune et joyeuse, mais aussi malade et tragiquement amoureuse. Ne souhaitant pas faire de son écriture un combat politique ou un engagement, il perd peu à peu le goût d'écrire, et de vivre.

Les circonstances étaient suffisamment terribles pour expliquer cela, me direz-vous... Oui et non... Tous les intellectuels juifs ou exilés ne se sont pas suicidés, certains ont gardé espoir, d'autres ont voulu résister ou témoigner. Ainsi Bernanos ou Feder ou Jules Romains.

C'est là pour moi un des grands mystères de l'âme humaine : pourquoi certains basculent-ils dans le désespoir et d'autres pas ? Pourquoi bien avant la guerre Zweig était-il fasciné par le geste ultime de Kleist ? Pourquoi le sourire de Lotte ne parvient-il pas à éclairer sa vie, maintenant qu'ils ont trouvé un refuge ? le livre ne répond pas à cette grande question, mais dépeint avec pudeur, sensibilité et justesse le malheur pesant, gris et infini de Stefan Zweig, jusqu'à son voyage au veronal...

Au final, Les derniers jours de Stefan Zweig sont sombres et parfois déprimants, mais aussi et surtout émouvants et intéressants.
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Les six derniers mois de la vie d'exil de Stefan Zweig. C'est cette période trouble, remplie de nostalgie, d'angoisses, de doutes et de désillusions que l'écrivain autrichien, qui a fui l'Europe puis les Etats-Unis, tente de traverser en compagnie de sa seconde épouse, Lotte. A Pétropolis, au Brésil, Stefan Zweig tente d'achever son oeuvre avant de décider, finalement, d'achever sa vie. Lotte l'accompagne et se sacrifie également.
Le récit de l'écrivain et médecin Laurent Seksik est saisissant.
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