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sur 470 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une histoire touchante qui montre à travers un homme la disparition d'un monde en paix, comme le dirait une miss. Les démons du nazisme se répandent et font des émules. Difficile de lutter contre une telle force. Surtout dans certains pays comme en France qui préfère la collaboration, en partie. Quand on cherche à connaître l'Histoire, pas celle écrite par les vainqueurs, on découvre des choses bien repoussantes. Fermons la parenthèse.

Laurent Seksik grâce à beaucoup de recherche a rendu hommage à ce grand écrivain pour être au plus proche de lui et de son quotidien sur les derniers mois de sa vie. Comment expliquer son cheminement vers le renoncement et la liberté ? On est touché par tant de souffrance, de mal-être et de tristesse. le contraste entre une jeune femme éperdument amoureuse d'un homme secret, silencieux et avare de mots doux. Surtout qu'elle vit avec l'ombre de l'ex-femme, Frederike. On devient les compagnons d'infortunes, assistant aux nouvelles si sombres qui s'accumulent ternissant le soleil du Brésil. Même si Laurent Seksik n'a pas autant de talent que Zweig, il a fait une belle biographie romancée dans la retenue, la délicatesse et la compassion, comme l'auteur aimait tant faire. Un double hommage qui mérite toutes les félicitations. On se laisse emporter page après page en espérant une fin différente de la réalité.
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-8Io
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le titre donne la tonalité de ce roman fondé sur des faits réels et dans lequel l'auteur imagine ce que les principaux protagonistes en exil au Brésil ont pu penser et ressentir fin 1941 et début 1942. C'est dire que cette lecture n'est pas particulièrement désopilante.

Stefan Zweig était si intimement lié à la MittelEuropa que, lorsque les forces nazies l'ont envahie, il a été aussitôt détruit moralement. Cette destruction l'a conduit à l'issue fatale dans laquelle il entraîna sa seconde et jeune épouse.

On peut d'une certaine manière, rapprocher l'exil de Stefan Zweig de celui de Mengele ("La disparation de Joseph Mengele") : l'obsession d'être poursuivi, traqué par une force colossale, tentaculaire et inexorable qui viendra, quoique vous fassiez, vous rattraper et vous anéantir, fussiez-vous caché au fin fond de la jungle brésilienne.

le sujet traité ici, on l'aura compris, n'est pas réjouissant. Mais le sérieux avec lequel l'auteur s'applique à présenter le point de vue de Zweig, de son épouse et de ses amis est convaincant. L'attachement de Lotte, la jeune épouse, si touchante de délicatesse et d'admiration pour l'écrivain à la dérive inexorable, est particulièrement bien rendu. Dans un style fluide, l'auteur nous décrit les états d'âme des personnages sans jamais rendre parti. Il ne manifeste pas d'empathie pour le grand écrivain (qu'il admire pourtant) et laisse ainsi le lecteur se faire sa propre opinion ; il ne répond pas lui-même aux questions que pose ce roman : le "comment" ne répond pas au "pourquoi ?", sauf de manière sous-jacente, suggérée à demi-mot. C'est là tout le talent de Laurent Seksik.

Un des intérêts annexe de ce roman est de vous remettre en mémoire les oeuvres de Zweig et de certains de ses contemporains (Thomas Mann, Bernanos, Jules Romains, etc.) ou de ses auteurs préférés (Montaigne, Balzac, …).

Pour Zweig le "monde au milieu des mots aura été le seul univers où vivre était supportable" (p. 181).
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un des auteurs récurrents de ma biblio, et jamais déçue jusque là
que ce soit les derniers jours de S.ZWEIG,A. EINSTEIN biographie, le cas E.EINSTEIN ou son récit documenté sur l'exercice de la médecine.
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Else a 20 ans lorsqu'elle croise le chemin de Werner Heller, un peintre et poète allemand. Else est déjà mariée mais Werner et elle vont s'aimer passionnément. La première guerre mondiale éclate, le mari et l'amant sont envoyés au front, chacun devant défendre sa partie respective. En septembre 1914, Werner adresse une lettre à Else. Celle-ci ne lui répond pas immédiatement. Elle vient d'apprendre le décès de son époux sur le champ de bataille. Après cette lettre, Else n'aura plus jamais de nouvelles de Werner et ne saura pas ce qu'il lui est arrivé. Vingt cinq plus tard, elle se décide à prendre la plume pour enfin lui répondre, pour comprendre ce qui les unissait si fortement et lui raconter sa vie depuis cette lettre de 1914.

« le temps a passé, j'essaie de vous relire encore une fois sur papier jauni, pour cerner plus clairement ce qu'était cette Grande Absence qui nous reliait. Il me semble qu'à travers nos échanges, vous et moi n'avons cessé de parler d'autre chose que nous-même. Comme si notre rencontre s'était produite au-delà de nos personnes, comme si notre propre vie ne nous appartenait pas. »

Le court texte de Bérengère Cournut est d'une grande poésie. Il nous transporte au coeur de l'histoire d'amour de Else et Werner, une histoire intemporelle et éternelle. Malgré la brièveté de leur histoire, elle reste graver dans le corps et l'esprit d'Else. Elle est au centre de tout mais elle ne l'a pas empêché de poursuivre sa vie. Elle a traversé beaucoup de tourments : la mort de son mari, la disparition de son amant, la première guerre mondiale où elle s'est engagée en tant qu'infirmière dans différents pays. Elle a rencontré dans ses pérégrinations son deuxième mari, le père de ses deux fils nés douloureusement pendant la guerre. Else est une femme forte, solide portée par les éléments, la nature. Elle ressent intensément chaque chose ; la mer comme la forêt l'habitent aux moments de ses grossesses. Elle semble célébrer la vie malgré les difficultés.

Malgré la beauté du texte, j'ai un petit bémol dont n'est absolument pas responsable Bérangère Cournut. Son texte est une réponse à celui de Pierre Cendors publié en 2017 aux éditions le tripode et intitulé « Minuit en mon silence ». Ce texte est la lettre de Werner à une jeune femme rencontrée à Paris juste avant la guerre. Bérengère Cournut a donné corps à cette jeune femme et l'idée est très belle. Mais je en connaissais pas et n'ai pas lu le texte de Pierre Cendors. Et à certains moments du texte, j'ai senti qu'il me manquait quelque chose, que certaines clefs me manquaient pour profiter pleinement de la réponse d'Else.

« Par-delà nos corps » est un texte extrêmement poétique sur une femme libre, habitée par un amour puissant. Si vous souhaitez lire ce texte, je vous conseille de commencer par celui de Pierre Cendors auquel celui-ci répond. Je regrette de ne pas l'avoir fait moi-même afin de profiter plus pleinement de ma lecture.
Lien : https://plaisirsacultiver.com
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Mon troisième rendez-vous avec Laurent Seksik se passe encore une fois autour d'un grand homme qui a marqué son époque. Avec une sincérité impressionnante, des mots justes, et beaucoup de retenue l'auteur imagine les derniers jours de Stefan Zweig.

Cet archéologue de l'âme humaine, biographe des riches heures de l'humanité avait senti venir l'horreur et la barbarie et l'échec d'une civilisation. Il plaidait le pacifisme et l'unification, il a été poussé à l'exil et à la perte d'êtres chers.

Zweig, en fin de vie, engagé dans d'éprouvants face-à-face avec un monde qui a perdu la raison, se débat avec les fils noirs d'une sombre araignée existentielle. le poids de la honte et de la culpabilité rongent son âme le plongeant dans une inconsolable tristesse et dans un grand effondrement mental.
Trop d'illusions perdues, trop de voix de malheur résonnent à ces oreilles malgré l'exil.

Il a choisi la dernière demeure, là où le rideau tombe. Il a choisi celle qui l'accompagnerait dans ce dernier voyage pour l'éternité. Il a choisi de laisser le vent imprévisible de l'Histoire souffler et rabattre ses cartes. Il a choisi une victoire dérisoire sur la barbarie.

Même si on connaît la fin de l'histoire, la gravité se fait sentir au détour des phrases. Laurent Seksik livre un roman d'où se dégagent une grande humilité et une humanité que j'ai rarement rencontré ailleurs. Un livre rare et précieux, qui nourrit l'esprit et touche droit au coeur.

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Très bel hommage à ce grand humaniste qu'était Stefan Zweig (qui lui-même excellait dans les biographies romancées) ! L'auteur nous donne un récit romancée des derniers mois de la vie de Stefan Zweig. Laurent Seksik a le mérite d'une certaine neutralité, se plaçant à la fois dans la tête de Stefan Zweig que dans celle de Lotte, sa femme. Belle et triste lecture.
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C'est grâce à Babelio que j'ai rencontré Laurent Seksik et son livre "Les derniers jours de Stefan Zweig". le suicide de ce grand écrivain et surtout de son épouse Lotte m'a toujours questionnée mais là, le livre, magistralement écrit, nous fait revivre le cheminement qui va le mener jusqu'à leur geste ultime. La réalité se mêle à la fiction mais Laurent Seksik s'appuie sur des faits réels, des témoignages et des documents. Faut-il chérir Stefan Zweig pour, à ce point, se glisser dans son personnage, le comprendre, mieux, s'accaparer son être intime, son esprit, pour le raconter avec autant de fidélité, de cohérence, ce qui donne encore plus de justesse à ce livre. Laurent Seksik n'oublie pas Lotte, il dépeint très bien l'amour qu'elle a pour son grand homme, il est l'air qu'elle respire difficilement d'ailleurs, ce sentiment qu'elle ressent de ne pas se considérer digne d'un tel écrivain et l'ombre de la première femme de Zweig, Friderike, qui est toujours présente. C'est très compliqué de vivre dans l'intimité d'un être qui sombre. J'ai ressenti la détresse de Stefan, la destruction de son idéal d'humaniste, celle de Lotte qui voudrait tellement le sauver, l'arracher à ses pensées si sombres, lui redonner un peu d'espoir. Certes c'est un être déjà tourmenté, façonné par l'inconscient collectif du peuple juif mais j'ai imaginé aisément l'horreur de l'exil, l'impossibilité de fuir une réalité devenue insupportable qui le hante et le rattrape partout. Lui si profondément autrichien, il parle autrichien, il pense autrichien, sa culture est autrichienne. le sang juif coule dans ses veines mais sa personnalité est autrichienne. Sa proximité avec le peuple autrichien rend encore plus poignant, plus douloureux, sa difficulté de vivre en sachant la haine dont ses compatriotes juifs sont l'objet, quand il apprend les horreurs que perpétuent les nazis, les enfants que l'on arrachent aux mères pour les tuer sous leurs yeux, tout son monde vole en éclat jusqu'aux anglais qui vont le considérer comme un ennemi puisqu'il parle allemand! Lotte ne résistera pas, elle le suivra, les dernières informations vont leur laisser présager une catastrophe mondiale. Tout devient insurmontable, c'est le propre du suicide, il n'y a plus d'issue.
Brillantissime roman!
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Comme son nom l indique, ce livre décrit les derniers mois de la vie de Zweig qui se suicide avec sa femme en février 1942 alors qu'il est en exil au Brésil. C'est un tout petit livre mais il y aurait tant à dire. Sur la mélancolie de certains êtres si riches et brillants mais si pessimistes sur le monde et sur la vision qu ils ont d eux même. Sur l'amour et l'esprit de sacrifice d une femme qui suit son mari jusqu'à la mort. Sur l absurdité de là condition humaine: comme dans la 25eme heure, le Héros fuit l Autriche nazie car il est juif, puis la Grande Bretagne où il est désigné Alien Enemy car il est allemand. Sur l'exil . Sur l homme lui même et sur l'écrivain qu'il était. Sur sa vie. Sur les êtres qui vont utiliser leur art pour se battre et d autres qui sont déjà un peu ailleurs. Mais je voudrais terminer sur ces mots d un article viennois (cité dans le livre) tellement absurde , révoltant, ignoble, écoeurant , que l'on a du mal à comprendre comment des peuples, des citoyens, des intellectuels encore plus, ont pu laisser faire, ont pu partager de telles aberrations :"la mairie de Vienne a décidé de couper le gaz dans les appartements occupés par les juifs. le nombre toujours croissant de suicide par gaz dans ses habitations incommode la population est sera dorénavant considéré comme un trouble à l'ordre public". Hallucinant non?
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Ce roman relate les 6 derniers mois de la vie de Stefan Zweig et de sa seconde femme avant leur double suicide le dimanche 22 février 1942.

En septembre 1941, l'écrivain arrive à Petropolis au Brésil. Il a quitté l'Autriche dès 1934, fuyant le régime nazi, son exil l'a mené de l'Angleterre aux Etats Unis pour finir au Brésil.
Il est accompagné de sa femme Lotte, son ancienne secrétaire de 25 ans sa cadette, épousée deux ans plus tôt.
Stéfan Zweig est de plus en plus accablé, il souffre d'accès de mélancolie et de sautes d'humeur. Sa deuxieme femme est certes jeune et joyeuse, mais elle est aussi très malade. Il perd peu à peu le goût d'écrire et de vivre.

Il souffre de culpabilité par rapport aux membres de sa famille, par rapport à ses amis qui n'ont pas pu fuir comme lui. Des informations sur les rafles de juifs, sur les exterminations dans les camps parviennent jusqu'à lui ajoutant à son accablement.
Stéfan Zweig n'a jamais voulu s'engager pour la cause juive, il n'a pas d'idéologie nationaliste et malgré les exhortations de certains de ses amis écrivains il se refuse à être le porte-parole du peuple juif.
"Il avait toujours préféré la tragique destinée des Juifs en exil au fier destin promis au peuple d'Israël réuni sur sa terre ancestrale."

C'est un texte très bien documenté et poignant qui nous plonge dans l'intimité de l'écrivain et nous montre la complexité de la personnalité de ce grand humaniste qui, très jeune, était déjà habité d'idées très sombres.
Laurent Seksik est vraiment un écrivain que j'apprécie de plus en plus !
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Relecture, ce qui m'arrive rarement.
A mon grand étonnement, je ne remarque aucune chronique récente se référant aux "derniers jours de Stefan Zweig", alors que le film retraçant son tourment et sa fin tragique passe actuellement en salle, de façon confidentielle.
Bien que ce ne soit mentionné nulle part, je pense que la réalisatrice de ce biopic, Maria Shrader a fidèlement suivi la trame admirable du récit de Laurent Seksik, avec la même justesse de ton. Il en ressort de l'un et de l'autre beaucoup d'émotion et mon admiration pour l'interprétation de Josef Hader.
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