Excellent ! A lire " OBLIGATOIREMENT " ! Il y plus de deux milles ans un péquin pensait et écrivait une doctrine de vie qui si elle ne rend pas heureux au moins permet au lecteur de se rapprocher de la vie naturelle, pour la vie, et non pour la gloire.
Efficace, bien écrit, simplement, directement sans effet de style, les phrases vous sautent aux yeux et vous interloques pages après pages.
Nom de D... ! On en est au même point, pas bouger l'homo sapiens sapiens...!
Ce qui m'a le plus touché c'est la neutralité du récit, aucun bon conseil, c'est pas une pub pour maigrir, mais plutôt un pamphlet pour la liberté, le respect et l'amour... Tout ce qu'on ne trouve pas dans les quotidiens ou dans les infos... L'exact opposé des discours politique, la vie en communauté, l'acceptation des différences et le partage...
Quel bon moment de lecture apologue...!
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Philosophie étonnamment pratique et pragmatique malgré quelques redondances.
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Ménageons nos forces intellectuelles et donnons-leur par intervalles un repos qui soit pour elles un aliment réparateur. La promenade dans les lieux découverts, sous un ciel libre et au grand air, récrée et retrempe nos facultés. Souvent un voyage en litière, un simple changement de contrée, donnent au moral une vigueur nouvelle, comme ferait encore un repas d'amis, un peu plus de vin que de coutume.
Parfois même on peut aller jusqu'à l'ivresse, non pour s'y plonger, mais pour y noyer ses ennuis. Car elle les enlève, elle remue l'âme dans ses profondeurs, et entre autres affections chasse la mélancolie.
On appelle Liber l'inventeur du vin, non parce qu'il provoque la licence des paroles, mais parce qu’il délivre l'âme des soucis qui la tyrannisent, parce qu'il lui donne plus d'assurance, de vigueur et d'audace à tout entreprendre. Mais le vin, comme la liberté, n'est salutaire que pris avec mesure.
On croit que Solon et Arcésilaüs aimaient à boire ; on a reproché à Caton l'ivrognerie : on arriverait plutôt à rendre ce reproche honorable qu'à ravaler Caton. Mais que le remède ne soit pas trop fréquent : il pourrait tourner en habitude dangereuse ; seulement, à certains jours, convions notre âme à une gaieté franche et libre, et faisons quelque trêve à l'austère sobriété.
IL FAUT ALTERNER TEMPS FORTS ET TEMPS FAIBLES
Il faut souvent aussi se recueillir; la fréquentation de personnes très différentes de nous détruit notre calme, elle réveille nos passions, elle exaspère tout ce qu'il y a dans notre âme de faible et de mal guéri encore. Solitude et société doivent se composer et se succéder. La solitude nous donnera le désir de fréquenter les hommes, la société, celui de nous fréquenter nous-mêmes, et chacune sera l'antidote de l'autre, la solitude nous guérissant de l'horreur de la foule, et la foule, de l'ennui de la solitude.
La vie heureuse est donc celle qui s'accorde avec sa nature; On ne peut l'obtenir que si d'abord l'esprit est sain et en possession constante de sa santé; si de plus il est énergique et ardent, doué des plus belles qualités, patient, propre à toutes les circonstances, soigneux du corps et de ce qui s'y rapporte, mais sans trop de préoccupations ; s'il veille aux autres choses de la vie, sans s'étonner d'aucune; s'il use des présents de la fortune sans en être l'esclave.
Il faut donner du relâche à l'esprit : il reprend des forces et de l'ardeur par le repos. Aux champs fertiles on n'impose pas le tribu d'une récolte, parce que leur fécondité, toujours mise à contribution, finirait par s'épuiser ; ainsi, un travail trop assidu éteint l'ardeur des esprits. Le repos et la distraction leur redonnent des forces. De la trop grande continuité de travaux naissent l'épuisement et la langueur.
[Le sage] n'aime pas les richesses, mais il les préfère ; il ne leur ouvre pas son coeur, mais sa maison ; il ne rejette pas celles qu'il possède, mais il en modère l'usage, et les accepte comme un moyen de plus fourni à sa vertu.
SÉNÈQUE le tragique — Entretien sur 'Thyeste' avec Flocence Dupont (2018)
Un entretien avec Florence Dupont filmé en 2018 à Librairie Canopé pour le site theatre-contemporain.net à l'occasion de la représentation de 'Thyeste' par le metteur en scène Thomas Joly.