L'homme a les mêmes structures mentales, quelle que soit la civilisation à laquelle il appartient... Ceux que l'on a pris, pendant de longs siècles, pour des oubliés de l'évolution, rattrapent d'une seule foulée des différences que l'on évaluait en millénaires. Nous savons maintenant qu'un Pygmée enlevé très jeune à son milieu social peut, après une éducation appropriée, siéger à la Chambre des Lords, devenir magistrat ou entrer à Polytechnique... N'importe quel être humain peut passer d'une civilisation à l'autre.
Le terme d’Invisible m’a paru définir plus fidèlement ce que certains philosophes appellent le “Numineux“ et d’autres le “Sacré“. Le Sacré peut être crée par l’homme alors que l’invisible s’impose à lui. Dans l’esprit de l’homme des civilisations traditionnelles, l’Invisible n’a pas le vague d’un concept métaphysique, il est une réalité, une dimension dans laquelle se meut chacun des hommes composant l’humanité entière. L’Invisible est dans l’homme, plus réel, plus présent, plus sensible que n’importe quelle partie de son corps. L’Invisible est autour de l’homme comme un milieu qui enregistre chacune de ses actions terrestres et les réfléchit en conséquence qui seraient inéluctables sans l’action de médiateurs, invisibles eux aussi.
Chaque homme a son génie, chaque homme a son ange avec lequel il essaie d’établir un difficile dialogue fait de divin et de chair. Les civilisations traditionnelles y ont trouvé le grand secret de la dignité humaine : tout homme est habité par un dieu, donc un dieu peut descendre dans chaque homme ; chaque homme est réellement ou virtuellement un autel de l’Invisible.
La pensée humaine est égale dans toutes ses manifestations depuis l’heure de sa présence sur terre, c’est ce que nous dit la voix des sages en haillons qui, ici ou là, peuvent encore ouvrir pour nous sur le monde les déchirures de leurs manteaux. Même si notre civilisation a choisi sa voie, chacun de nous peut encore méditer et essayer de déchiffrer les humbles traces laissées dans les couloirs du labyrinthe par les pieds nus de nos frères. Peut-être retrouverons-nous dans la cendre le mot de passe de toutes les initiations qu’ils y ont inscrites.
Ce mot est Univers, sa réponse, Homme.
Les bactéries avec leur structure cellulaire et leur sexualité possible, leur surprenant complication chimique sont loin d'être des formes primitives de la vie.