AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
librairie Grűnd (01/01/1939)
3.43/5   7 notes
Résumé :
Des fable sur la peur et la suspicion, sur la légitimité et le pouvoir, sur la haine de l'autre et le doute de soi, sur le statut de l'étranger et la citoyenneté, sur les guerres extérieures et intimes.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Le Songe d'une Nuit d'été - Othello ou le More de VeniseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre nous propose deux pièces ultra célèbres de Shakespeare pour lesquelles j'ai deux ressentis très différents. Tout d'abord le fameux Songe D'Une Nuit D'Été qui fut d'une cruelle déception pour moi : des fleurs d'amour, des sortilèges, des quiproquos assommants…

Je ne suis vraiment pas cliente pour ce genre de pièces et j'ai pour principe de considérer que quand une comédie, à aucun moment, ne me fait rire, ni même sourire, selon mes critères, c'est une comédie ratée.

J'ai le sentiment que si un esprit malveillant s'amusait à gommer le nom de la pièce et celui de son auteur, tous deux passés à la postérité, peu sont ceux qui s'émerveilleraient de ce spectacle rendu anonyme ou s'il était l'oeuvre d'un inconnu. Je suis prête à prendre les paris que beaucoup s'y ennuieraient ferme.

Bien sûr, ce n'est que mon avis mais je sais aussi qu'il existe une espèce de snobisme — souvent inconscient d'ailleurs — qui consiste à s'extasier quand on assiste à une représentation théâtrale ou orchestrale d'un auteur ou compositeur célèbre (j'ai en tête un certain concert de Joseph Haydn et une certaine représentation de la Cantatrice Chauve mais bon, peu importe) et à regarder d'un oeil dédaigneux ceux qui ne goûtent pas ce plaisir, voire à les prendre pour de sombres ignares. Je sais en outre que certains y prennent authentiquement du plaisir car la diversité des opinions et sensibilités est quasi sans limite. Je sais et j'ai expérimenté tout ça. Pensez ce que vous voudrez. J'ai dis combien j'aimais certaines tragédies de Shakespeare, je dis combien cette pièce-ci m'endort et présente peu d'intérêt à mes yeux.

Donc, pour celles et ceux qui ne sont pas sujets à la narcolepsie, sachez que la pièce se déroule en Grèce à l'époque héroïque de Thésée et d'Hippolyta, la reine des Amazones. Ces deux-là ont échafaudé de se marier mais comme l'intrigue a besoin de sel, Shakespeare a imaginé de former deux ou trois autres couples boiteux histoire de compliquer la donne.

Ainsi, Lyssandre aime Hermia, fille d'Égée, et elle l'aime aussi. Tout va bien alors ? me direz-vous. Non, pas tout à fait, car Égée, lui, ne veut pas entendre parler de Lyssandre et n'a d'yeux que pour Démétrius, ce qui, évidemment, n'est pas du tout du goût d'Hermia. Et ce n'est pas tout, car Démétrius était au préalable amoureux d'Héléna, la meilleure copine d'Hermia, avant de changer de cap et de lorgner sur cette dernière. Mais elle, Héléna, est restée raide dingue de Démétrius. Vous me suivez ? Et comme si tout ça n'était pas suffisant, il y a aussi de l'eau dans le gaz chez les Fées !

Obéron, le patron des farfadets, trolls et autres sortilégineux se prend le bec avec sa bourgeoise Titania, la taulière des elfes & fées. du coup, Obéron, qui a plus d'un tour dans son sac, se dit qu'il va faire mettre un coup de fleur d'amour dans le nez à Titania pendant son sommeil. Au passage il demande à Robin, son homme de main, de mettre aussi un p'tit coup de fleur à Démétrius, histoire qu'il regarde à nouveau plaisamment Héléna à son réveil.

C'est là qu'intervient la scène censée être d'anthologie où Titania se réveille et tombe en pâmoison devant un gugusse à tête d'âne. Rrrrr ! Zzzzz ! Rrrr ! Zzzzz ! [ceci symbolise les " elffets " du sortilège d'Obéron sur moi]
Cependant, vu qu'Obéron donne à Robin des instructions claires comme du jus de boudin, l'autre, pas plus consciencieux qu'il ne faut, badigeonne des grands coups de fleur d'amour à… Lyssandre ! Aaah ! La gaffe ! Ouh, là, là ! Ça va être dur à rattraper un coup comme ça ! J'aime mieux vous laisser découvrir la suite par vous-même.

Faut-il encore que je vous parle d'une troupe de comédiens amateurs qu'essaient à tout prix de faire une pièce pas drôle, et que c'est vraiment pas drôle de les voir faire leur pièce pas drôle… Zzzzz ! Rideau. Bon, à l'extrême — extrême — rigueur, on pourrait supputer une toute petite once d'intérêt à la réflexion de l'auteur à propos de l'éphémère sensation qu'est l'amour en nos vies… Ouaip. Vous aviez sans doute besoin de ça pour avancer ? Bon, en ce qui me concerne, la pièce a des vertus soporifiques intéressantes en cas d'insomnie. À vous de voir ce que vous pourrez en faire.

Passons, sans plus tarder, à Othello, une pièce qui, elle, m'a enthousiasmé. À mes yeux, c'est une tragédie sublime, propre à susciter les plus vives émotions chez le spectateur. Même si je ne pense pas que le spectateur moderne puisse encore aller fréquemment jusqu'aux larmes, à la tristesse ou à l'abattement, il peut probablement aller jusqu'à l'indignation.

Une forte indignation intérieure devant cet infâme complot de cet infâme Iago, sorte de copie du Maure de Titus Andronicus. Notre sens inné de la justice, même non formulé, même fort enfoui, même inconscient, même volontairement muselé, ne peut que s'insurger face à une telle ignominie, et c'est précisément ce sentiment que recherchait William Shakespeare et qu'il arrive à faire éclore admirablement, aujourd'hui comme hier et pour des siècles encore.

De multiples interprétations peuvent rendre compte d'Othello. On y a souvent trouvé une certaine énigme dans son titre car le protagoniste principal semble bien davantage Iago qu'Othello. Il est vraiment clair, d'un simple point de vue statistique, que Iago monopolise la scène et qu'Othello n'est presque qu'un personnage secondaire, comme tous les autres d'ailleurs. C'est indéniable.

Par contre, si l'on se penche sur la signification, sur ce qu'a voulu exprimer Shakespeare, là le titre commence à prendre toute son envergure. Car c'est bien à la place d'Othello que l'auteur souhaite nous placer, et non à la place de Iago. C'est bien l'oeuvre de Iago sur Othello qui indigne et non les motifs intimes du fourbe qui présentent un intérêt.

Le message, du moins l'un des messages possibles de cette oeuvre, est le noircissement. Je ne blague pas, et le fait que Shakespeare ait choisi un personnage noir comme héros d'infortune n'a sans doute rien d'hasardeux. L'apparence. Celui qui semble noir l'est-il bien réellement ? Tous. Tous semblent noirs à un moment ou à un autre : Cassio, Desdémone, Othello. Tous noirs et pourtant tous innocents. Malgré tout, on jurerait, selon l'angle où ils sont présentés les uns aux autres, qu'ils sont coupables.

C'est probablement ça, le plus fort du message que souhaite nous donner en pâture l'auteur. Honni soit qui mal y pense ! Il est si facile de nuire, si facile de noircir, si facile de truquer, si facile de faire dire autre chose aux faits pris indépendamment ou hors contexte. C'est cela que semble nous dire Shakespeare. Les apparences sont parfois contre nous et d'autres semblent blancs comme neige, et pourtant… et pourtant…, pourtant, quand on sait tout le fin mot, vraiment tout, la réalité est souvent loin des belles apparences et ce que l'on croyait simple, net, tranché, évident, ne l'est plus tant que cela.

Othello d'emblée est noir, ce qui jette sur lui une indéfinissable suspicion aux yeux des Vénitiens. (Au passage, je précise qu'à l'époque de Shakespeare, une femme bronzée par le soleil estival est aussi jugée fort laide de par son bronzage.) Tout prétexte sera bon s'il fait le moindre faux-pas. Cassio est un beau subordonné prometteur, donc il est douteux. Desdémone est une noble Vénitienne blanche entichée d'un noir, donc c'est nécessairement une putain. Autant de raccourcis faciles mais que nous avons tous tendance, consciemment ou inconsciemment, à commettre ici ou là.

L'histoire a donné plusieurs fois raison à Shakespeare. (Rien qu'en France, au XXème siècle, des Juifs, des Maghrébins en tant que groupe ou des individualités comme Guillaume Seznec ont tous fait l'objet d'accusations plus ou moins calomnieuses ou bâties de toute pièce, basées sur des a priori ou des apparences qui leur étaient adverses. Je ne parle évidemment pas de tous les endroits du monde et à toutes les périodes depuis Shakespeare, car il y aurait de quoi remplir tout Babelio avec.)

Si l'on cherche des fautes à quelqu'un, on en trouvera nécessairement. Si l'on sait habilement les mettre en lumière, leur donner d'autres apparences, attiser le vent de la vengeance, mobiliser la justice à son avantage, n'importe qui peut être traîné dans la boue ou commettre l'irréparable.

Quels sont les mobiles de tout cela ? L'auteur reste très discret et très flou sur les motivations de Iago. Cela semble tourner autour de la jalousie, de l'orgueil bafoué, de l'envie inassouvie, du complexe d'infériorité.

Intéressons nous encore quelques instants à Iago. Ce qui est frappant dans le texte, dans les qualificatifs qu'on lui attribue, c'est le nombre de fois où reviennent, les adjectifs noble, honnête, fidèle, courageux, droit, fiable, vertueux, etc. Encore une fois, si l'on se place à l'époque de Shakespeare pour tâcher d'y voir plus clair, la meilleure explication, la principale justification à cette pièce est l'admirable travail de sape réalisé par les puritains à l'égard du théâtre élisabéthain.

Iago, dans cette optique, est donc le symbole du puritanisme ; Othello, le noir à qui l'on fait commettre des abjections ne saurait être autre que Shakespeare lui-même, Cassio, représenterait alors quelque autre auteur contemporain de Shakespeare comme Christopher Marlowe ou Ben Johnson. Les abjections des uns et des autres sont les écrits vils qu'ils étaient obligés de pondre, pamphlets notamment, simplement pour pouvoir gagner moindrement leur vie. Desdémone, celle qui est totalement innocente est qui est sacrifiée serait alors la déesse aux cent bouches, à savoir le public, qui fait les frais des fermetures de théâtres sous la houlette des Puritains.

Voilà le type de message que je vois dans Othello, la dénonciation de la calomnie à l'égard des dramaturges honnêtes qu'on accuse de toutes les perversions, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose. le mieux que vous ayez à faire, c'est encore d'ouvrir ce livre et de vous en faire votre propre opinion.
Commenter  J’apprécie          793
Ce volume rassemble deux pièces de Shakespeare, une comédie et une tragédie.
J'ai beaucoup aimé la tragédie, "Othello" et j'ai vraiment, vraiment pas aimé la comédie, "Le songe d'une nuit d'été".
Commençons par le meilleur, "Othello", tragédie splendide, tragédie par excellence, tragédie au sens aristotélécien du terme, c'est-à-dire une pièce, qui, de par, ses qualités dramaturgiques est propre à susciter les plus fortes émotions. Dans "Othello", William Shakespeare écrit un drame parfait, extrêmement bien construit, dans lequel on sent tout l'art du célèbre dramaturge anglais. Son intrigue est plus simple que celle de "Macbeth" ou de "Roméo et Juliette", moins touffue, moins étouffée, moins fouillée… Mais c'est justement la source de la beauté d'"Othello", que ce caractère moins complexe, que cette intrigue plus resserrée sur quelques personnages et sur une seule intrigue…
"Le songe d'une nuit d'été" m'a nettement moins plu que le bel "Othello". Pour ma part, je considère cette pièce comme l'une des moins bonnes que j'ai lue de Shakespeare. Ne cherchez ici ni la puissance d'"Othello", ni la beauté de "Macbeth", ni la complexe alchimie d'"Hamlet" ; à mon sens, c'est une petite pièce, sans profondeur, pleine de fantaisie, certes, mais qui ne m'a pas ému, pas plu, qui m'a ennuyé, en fait. Je n'ai pas trouvé d'intérêt à l'intrigue qui m'a semblé plutôt niaise, pour être honnête, et je n'ai pas retrouver ici la patte du grand Shakespeare.
Voilà donc deux pièces qui, à mon sens, ne se valent pas, deux pièces très différentes et je n'ai aucun doute concernant celle des deux que je préfère.
Commenter  J’apprécie          202

Shakespeare, William.- Othello ou le maure de Venise.- Paris : Flammarion, 1964.- (GF ; 17).

Drame de l'amour et de la jalousie où comment un homme honnête,, juste et droit devient un assassin car en proie aux affres de la rancoeur. Cette dernière étant causée par des insinuations mensongères de son entourage.

On remarquera une maîtrise parfaite de l'art de la manipulation ainsi que celui de la duplicité et de l'hypocrisie de la part de Shakespeare.

Ce dernier a repris l'histoire d'Othello dans la septième nouvelle de la troisième décade de l'Ecatommiti de l'italien Giraldi de Cintio ou celle de la traduction française de Gabriel Chappuys, situant ainsi l'histoire sur quelques jours et non sur plusieurs mois comme dans le récit initial.

Verdi, quant à lui, s'est inspiré du chef d'oeuvre du dramaturge anglais afin de composé son opéra.


Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
THÉSÉE : Rien ne peut être mal venu,
Quand la candeur et le dévouement s'y attachent.

LE SONGE D'UNE NUIT D'ÉTÉ, Acte V, Scène 1.
Commenter  J’apprécie          350
L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'imagination ;
aussi représente-t-on aveugle le Cupidon ailé.
Commenter  J’apprécie          392
LA LUNE —«Cette lanterne vous représente la lune et ses cornes.»
DÉMÉTRIUS.—Il aurait dû porter les cornes sur sa tête.
THÉSÉE.—Ce n'est pas un croissant ; et ses cornes sont invisibles dans la circonférence.
LA LUNE.—«Cette lanterne représente la lune et ses cornes ; et moi j'ai l'air d'être l'homme dans la lune [Ce personnage n'était pas nouveau. Shakspeare le tourne ici en ridicule.].»
THÉSÉE.—Cette erreur est la plus grande de toutes : l'homme devrait être mis dans la lanterne ; autrement, comment serait-il l'homme dans la lune ?
DÉMÉTRIUS.—Il n'ose pas se fourrer là, à cause de la chandelle ; car vous voyez qu'elle flambe déjà.
HIPPOLYTE.—Je suis lasse de cette lune : je voudrais que la scène changeât.
THÉSÉE.—Il paraît, à sa petite lueur de prudence, qu'il est dans le décours. Mais cependant, par politesse et par raison, il faut attendre le temps voulu.
LYSANDRE.—Poursuis, lune.
LA LUNE.—«Tout ce qui me reste à vous dire, c'est de vous déclarer que la lanterne est la lune ; moi l'homme dans la lune ; ce buisson d'épines, mon buisson d'épines ; et ce chien, mon chien.»
DÉMÉTRIUS.—Eh ! mais, tout cela devrait être dans la lanterne ; car ils sont dans la lune. Mais, silence ; voici Thisbé.
Commenter  J’apprécie          20
Mieux vaut être trompé tout à fait que d'avoir le moindre soupçon.

(Othello)
Commenter  J’apprécie          90
Les mots ne sont que des mots, et je n'ai jamais ouï dire que dans un cœur meurtri on pénétrât par l'oreille...
Commenter  J’apprécie          40

Videos de William Shakespeare (373) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Shakespeare
En Europe comme aux États-Unis, la pièce "Macbeth" de William Shakespeare est entourée de superstitions, au point d'être devenue maudite. Mais d'où vient cette malédiction présumée ?
#theatre #culture #art #shakespeare #macbeth
_____________
Retrouvez-nous sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
Et abonnez-vous à la newsletter Culture Prime : https://www.cultureprime.fr/
Les plus populaires : Jeune Adulte Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Roméo et Juliette

"Roméo et Juliette" est une comédie.

Vrai
Faux

10 questions
1993 lecteurs ont répondu
Thème : Roméo et Juliette de William ShakespeareCréer un quiz sur ce livre

{* *}