Le répertoire entier de ses minauderies était un hommage à des générations de mauvaises actrices de cinéma qui représentaient les beautés du sud comme des nymphettes frivoles, superficielles, ne voyant pas plus loin que la recette du poulet frit ou les ouvrages de dentelle. Mais malgré cela, malgré même le fait qu’elle trouvait les patients « grossiers », c’était une excellente thérapeute. Elle semblait être l’une de ces personnes pour qui l’attachement émotionnel constitue un concept étranger, et qui apprend à tirer un succédané d’émotion de la manipulation de ses proches et de ses collègues et – dans le cas présent – de ses patients.
Une femme ravissante, tenant à la fois d’Ève et de Dalila, avait rappelé un homme d’entre les morts pour lui redonner apparence humaine et l’inciter par ses cajoleries à lui confier ses secrets et à vivre intensément avant de mourir à deux doigts de sa récompense, les bras tendus vers elle.
Des vieillards, de vieux hâbleurs somnolents, après souper au coin du feu, leurs esprits paissant sur quelque pente qui descend de l’illusion dans la mort ; ils vous diront que le roi du grand nord visite le haut pays déguisé en courant d’air, semant des orgies d’éclairs et des hosannas de nuage. Mais cet orage était animal, une lame de noir souffle animal plus grande que le commencement.
Entretien avec Lucius Shepard aux Imaginales
Entretien avec Lucius Shepard enregistrée aux Imaginales (Epinal, mai 2013) L'audio de la rencontre : http://www.actusf.com/spip/Imaginales-2013-Conference,1...