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EAN : 9791095749134
184 pages
EnvolEmoi Editions (02/12/2023)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Sans le savoir, en écoutant cette phrase, tu héritais d'un serment, d'une parole qui te liait à la musique. Tu entrais dans la lignée de ceux dont elle s’éprend. Tu répétais : « La musique vous aime, Antoine. » Tu étais si fier d’avoir été élu. Tu voyais déjà un magnifique parcours qu’il te fallait suivre. Tu pensais que ce serait facile. La musique t'aimait. Un amour aussi précieux devait nécessairement te combler. Pas un instant, tu ne t'es demandé s'il te rendrai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'avais beaucoup aimé Dankala, de la même autrice. C'est donc en toute confiance que j'ai ouvert le nouveau roman d'Isabelle Sivan, La musique vous aime, Antoine. Et je n'ai pas été déçue…Ce sont deux romans très différents mais où j'ai tout de suite retrouvé la belle et solide qualité d'écriture de l'autrice.
La musique vous aime, Antoine est un livre dont l'univers est…la musique. Je n'ai moi-même qu'une culture musicale assez réduite, je ne joue d'aucun instrument, je vais très rarement à un concert de musique « classique ». Et pourtant je suis entrée dans l'histoire d'Antoine avec une grande facilité. Ce que j'ai surtout aimé, en fait, ce n'est pas tant ce qui est directement lié à la musique (très bien décrit par ailleurs…) que ce qui est dit de l'histoire d'Antoine, de sa psychologie. J'ai aimé ce que l'on comprend de sa relation au père et ce que l'on devine de ce personnage paternel. On suit avec intérêt également la belle et complexe relation d'Antoine avec la professeur de piano qui va lui ouvrir un horizon riche mais tourmenté, commencer à lui tracer un chemin dont il ne sera plus question de sortir. Sa relation aux femmes qu'il aime ou qu'il essaie d'aimer tout le long de sa vie m'a beaucoup touchée également. Et puis sa relation à son imprésario qui lui-même a toute une histoire. A sa mère aussi, dont on ressent l'étrange absence et l'effacement. J'ai aimé tout ce que l'on comprend de son histoire à partir de l'enfance, et de la complexité de ce parcours.
L'écriture d'Isabelle Sivan est d'une extrême délicatesse, il lui faut peu de mots pour que les choses essentielles soient dites. J'aime ces écritures qui disent tout sans faire de discours. Un sourire qui cache des dents serrées, la main du père qui aplatit la mèche de cheveux sur le crâne de son fils et la répétition de ces petits détails à plusieurs reprises dans le livre sont éloquents à eux seuls. La construction du roman, entre le présent et différentes couches du passé est très bien maîtrisée. J'ai été très sensible à l'écriture des monologues intérieurs, à ce mélange des « je » et des « tu » qu'Antoine emploie quand il s'adresse à lui-même, comme une voix qui demanderait : qui sont ce « je » et ce « tu » qui te parlent à l'intérieur de toi ? J'ai trouvé beau tout ce travail d'écriture au service d'une histoire individuelle mouvante et somme toute bouleversante.
Alors, on se demande comment tout cela va finir, on rêve qu'Antoine laisse enfin de l'espace à ce qu'il est vraiment. Mais le sait-il vraiment ? On espère une fin ouverte à l'imagination du lecteur. Une consolation, un apaisement… Je ne trahirai rien…On referme le livre en tout cas sur une impression de beauté. D'être entré au coeur d'une écriture très précise, très juste, très…humaine.
Et bien sûr, il y a tout le monde de la musique que l'autrice semble connaitre de très près.
Ce qui est certain c'est que le livre touchera son lecteur au coeur, qu'il soit musicien ou qu'il ne le soit pas. C'est une réussite !

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Voilà un roman surprenant qui n'a certainement rien d'un thriller mais qui, contre toute attente, emporte le lecteur dans une aventure intérieure captivante. Un concertiste célèbre, Antoine Luethi, s'est lancé un défi : une tournée mondiale où il exécutera l'intégrale de Chopin sans partition… Ainsi le roman sera rythmé par une douzaine de chapitres placés sous le titre d'une étude de Chopin, procédés sans doute quelque peu artificiel, mais original (qui parlera peut être aux musiciens les plus avertis…Le CV de l'autrice donné par Amazon laisse à penser qu'elle n'est pas étrangère au milieu qu'elle aborde)

En suivant Antoine l'autrice pénètre l'environnement et l'univers mental sous haute tension de ce pianiste virtuose et admiré qui, au tournant de sa vie et au faîte de sa carrière, face à son propre défi, a la tentation de tout laisser tomber; elle se livre ainsi à une exploration profonde et minutieuse, des sentiments de l'artiste et de leur cheminement depuis l'apprentissage de l'instrument jusqu'à la célébrité.

Aucune complaisance dans ce récit d'une étonnante précision où l'on ressent cependant l'empathie de l'autrice pour son personnage. La subtilité de la composition fait passer le lecteur naturellement et sans accroc du ‘'il'' de l'observateur-narrateur au ‘'tu'' de l'interpellation puis du monologue introspectif au ‘'je'' du personnage qui s'exprime. A bien y regarder, A bien y regarder, Antoine lui même ne serait-il pas de bout en bout son propre narrateur ?

Dans l'univers étroit qui entoure le maestro, fait d'admirateurs certes, mais aussi de profiteurs, de courtisans de ratés ou d'aigris, la plume incisive de l'auteur ne pouvait pas laisser passer ce petit monde sans en piquer les acteurs comme un entomologiste pique ses captures du jour. Belle occasion de dresser quelques portraits savoureux, nul doute que certains se reconnaîtront. L'agent, opportuniste et intéressé, les jeunes ambitieux prêts à tout, les critiques à l'affût et, dans un autre registre, la redoutable professeur de piano pour qui l'auteur ne peut cacher sa tendresse.

Ce roman pourrait être inscrit au programme des conservatoires (au risque de décourager quelques vocations incertaines) … le pianiste appréciera le doigté de l'auteur lorsqu'elle fait courir les mains de l'artiste sur le clavier… on entend les accords; le mélomane passera derrière le rideau de la scène et mesurera ce qu'il en coûte de sacrifices au virtuose pour combler son public; mais point n'est besoin d'être un initié pour découvrir et et se laisser emporter par l'aventure intérieure d'Antoine. Une aventure humaine difficile, universelle et singulière, rapportée avec justesse dans un style élégant, efficace, qui sait faire place à l'humour et à la poésie.
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Un soliste entre en scène accompagné de ses petites voix intérieures, et la partition pour piano se transforme en choeur polyphonique, qui nous entraîne, au gré des souvenirs, des doutes, des espoirs et des déceptions, dans les coulisses de l'artiste, sur le théâtre d'un conflit intérieur.
Il y a, dans ce roman, outre un portrait sensible mais sans pitié d'un interprète, (et de l'industrie musicale), de véritables instants suspendus. Qu'il s'agisse d'états de grâce ou de colère, d'envolées musicales ou d'échecs retentissants, l'écriture est immersive, émotive, parfaite interprète des sentiments humains, en allegro comme en fortissimo.
Il y a aussi, dans ce roman, un véritable amour de la musique, et du piano.
À n'en pas douter.
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