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3,82

sur 255 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce roman est une longue lettre écrite en 1942 par un écrivain français et antisémite au commandant nazi en place dans sa petite ville de province.
Il raconte comment il est tombé amoureux de la femme de son fils et des horreurs qu'il a commises pour se dépêtrer de cet imbroglio.
Antérieur à la saga « Sadorski », ce roman met en scène un vil personnage qui étale sans vergogne son antisémitisme, son ralliement au Maréchal Pétain et donc sa collaboration vertueuse au régime nazi, d'un égoïsme affligeant.
Puisque nous sommes du point de vue de ce narrateur à la moralité exécrable, les sentiments éprouvés (amour, haine, autoritarisme, etc.) sont décrits avec un cynisme épouvantable.
Très bien écrit comme toujours, ce roman est un témoignage glaçant du collaborateur engagé qui ne se contente pas du marché noir.
Ecoeurant sur le fond, magnifique sur la forme
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Franz-Olivier Giesbert et François Busnel ont fait chacun des chroniques élogieuses du roman de Romain Slocombe, des blogueurs aussi, et le bouche-à-oreille va aller s'amplifiant après l'émission de Laurent Ruquier, ce weekend. Je me sens donc suffisamment à l'aise pour mettre mes bémols et mes dièses sur les appréciations dithyrambiques déjà lues ailleurs.

L'histoire commence pendant l'entre deux guerres où le drame prend ses racines. J'ai quand même trouvé que Romain Slocombe y allait fort dans l'enchaînement tragique qui va rapidement faire le vide autour du couple formé par l'académicien antisémite et sa belle-fille juive : mort de la femme, noyade de la fille, éloignement du fils dans la clandestinité. Là-dessus la capitulation, l'exode... et la suite...

Bien que l'on sache dès les premières pages ce vers quoi on s'achemine, il y a en toute fin, un développement peu attendu et violent (un peu too much, à mon goût).

Le personnage principal est très puissant. Mais les autres personnages, peu nombreux — l'auteur s'arrange pour les éliminer le plus vite possible — sont des silhouettes, ce qui se justifie par la forme narrative et la personnalité du héros, égocentrique et orgueilleux. L'amour dont il est peut-être question n'est absolument pas partagé et ressemble surtout à de l'autosuggestion de la part de l'homme âgé. A la différence du mythe germanique, Ilse-Marguerite ne tombe jamais follement amoureuse du professeur Husson-Faust. A chacun de juger si cela est heureux ou malheureux pour elle.

L'écriture est étudiée. le style pastiché, adapté au personnage est maitrisé, tenu, jusque dans les descriptions des horreurs psychologiques ou physiques les plus insupportables.

L'auteur a choisi de faire écrire un académicien très académique, prolixe, passablement emphatique, limite ridicule et ennuyeux, genre Anatole France. J'ai relu récemment du Pierre Benoit, du Chateaubriant (Alphonse de) : dommage que Romain Slocombe n'ait pas choisi de plagier l'un de ceux-là, sans parler de Guitry, Carco ou Marcel Aymé... L'auteur a sans doute pensé que la fantaisie ou le romantisme ne siérait pas à son Paul-Jean Husson ! Un salaud dans le costume d'un poète, cela aurait pourtant de la gueule aussi, non ?

Tout au long du roman, le name-dropping est très insistant et le rappel des événements politiques et militaires est précis et détaillé. du pur point de vue romanesque cet effort didactique ne me paraissait pas nécessaire puisque le récit est censé être adressé à un officiel allemand qui ne peut pas les ignorer.

Je ne dis pas que j'ai vérifié toutes les références et les sources, nombreuses, mais je suis malheureusement tombée très vite (page 26) sur une erreur qui m'a surprise. Parmi ses collègues au Comité France-Allemagne, Husson cite Bernard Faÿ. Seulement Faÿ ne pouvait pas être administrateur de la Bibliothèque Nationale en 1934, comme il est dit. Il n'a été nommé à ce poste que six ans plus tard, en août 1940, succédant à Julen Cain révoqué pour avoir tenté de se joindre au projet d'un gouvernement en exil. En 34 Bernard Faÿ était professeur au Collège de France. Vous me direz que je pinaille...

Pendant son émission, Laurent Ruquier a fait mine de s'extasier de ce que l'auteur ait mis deux mois pour écrire son roman. Effectivement cela peut paraître peu, mais Romain Slocombe reconnait que c'est là sa manière habituelle (déjà auteur de dix-sept livres, il a depuis publié un nouveau roman en janvier 2012).

Monsieur le Commandant est une commande, cela se sent, dans le choix contraint de la construction qui de mon point de vue, manque de réalisme.

J'imagine aussi que la période historique et le style littéraire correspondent à des centres d'intérêt personnels de Romain Slocombe et à des recherches faites de longue date, réutilisées pour ce roman, en quelque sorte. Rien de condamnable à cela évidemment, bien au contraire. D'autant que le travail est plutôt bien fait, efficace. Mais cela pourrait expliquer que je n'ai ressenti aucune spontanéité dans l'inspiration de ce texte.
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Monsieur le Commandant est une longue lettre que le narrateur, Paul-Jean Husson écrit à celui-ci pour raconter un épisode personnel de sa vie. Son fils, Olivier, vient lui présenter sa jeune épouse, Ilse, une allemande qu'il soupçonne d'avoir quelques parents juifs…
J'ai mis du temps à rentrer dans cette lettre, le style m'a quelque peu rebuté. de plus, le narrateur, Paul-Jean Husson m'a un peu agacée par son comportement et ses réflexions. Mais une fois, rentrée dans ce texte épistolaire, j'ai découvert, non sans un certain écoeurement, les dénonciations des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je suis toujours étonnée jusqu'où peut aller la haine des hommes.
Ce Paul-Jean Husson n'est pas foncièrement méchant mais pourtant, sa passion lui mène à faire quelques actions douteuses. La fin est étonnante… est-il vraiment aveugle pour penser ça ? ou est-il toujours dans sa « folie » amoureuse ? Bref, le style de Romain Slocombe ne m'a pas totalement convaincue sur ce livre (est-ce la forme épistolaire ?) mais je lirai bien d'autres de ses livres.
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A lire, comme un polar, une atroce confession, un vrai-faux document...on entre dans la pensée d'un intellectuel fasciste et antisémite jusqu'à la nausée..et dans son coeur aussi: il aime d'un amour terrible et passionné sa belle-fille juive et la livre à ses bourreaux! Vertige, malaise, fascination . Un livre dérangeant, remarquablement documenté et très bien écrit
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Quelques jours après, toujours l'impression d'un roman un peu ...bancal.
Ayant lu le brillant commentaire de Woland , qui raconte , je ne vais pas hésiter à " spoiler" , donc à ne pas lire car il y a quand même, tout au long du texte, un mystère entretenu sur l'objet réel de cette missive.

C'est donc , pour moi, un assez brillant exercice de style sur un thème imposé, si j'ai bien compris , le genre épistolaire. La lettre d'un intellectuel français, académicien , très croyant et confiant dans la possibilité pour la France de trouver un salut , et de se relever en accordant toute sa confiance au bon Maréchal Pétain. Antisémite tout à fait.. ordinaire finalement pour l'époque:
" Heureusement , la plupart de mes compagnons de lettres et d'idées demeuraient fermes à mes côtés. L'Académie française, par les plumes de onze de ses membres dont la mienne, avait soutenu l'intervention des Italiens , champions de la Civilsation devant les sauvages éthiopiens en Abyssinie. Mauras allait nous rejoindre sous la coupole où il bénéficia naturellement de mon suffrage. Tous, nous n'hésitions pas à clamer haut et fort, dans les journaux et hebdomadaires où nous exprimions notre juste indignation, ce que l'immense majorité des Français pensait tout bas: les Juifs volaient les emplois de nos concitoyens, envahissaient illégalement le pays, lançaient une " révolution juive " avec la complicité de Léon Blum. Bientôt, ils comploteraient pour entraîner la France- qui n'était pas prête militairement- dans leur guerre de revanche , et nous précipiteraient tous au fond de l'abîme. "

Romain Slocombe dit dans un entretien avoir choisi ce sujet après avoir lu le courrier de ses grands-parents , déplorant ça et là le mariage d'un fils avec une Juive, ou parlant de souhaits de " guérir les petits-enfants des tares inhérentes à leur race..".
Cette lettre est donc adressée au commandant allemand de son lieu de résidence, dans l'Eure, et est datée du 4 septembre 1942.

Ce que j'ai trouvé bien fait , c'est tout d'abord cette introduction par la note d'un pseudo-éditeur , situant les conditions de découverte de ce courrier, qui fait d'emblée se poser la question : fiction, ou pas?
C'en est une , mais la documentation ,le vocabulaire et le style évoquent quand même bien certains écrits de l'époque. Les raisonnements sur les choix idéologiques aussi bien sûr, et j'ai pensé à Jacques Chardonne , dont le fils unique, résistant, a été déporté, mais sauvé. Non que je l'aie lu, d'ailleurs, mais Semprun en parlait.

Je trouve également que c'est un texte trop court pour aborder tout ce que cet écrivain veut aborder, mais après tout, c'est une lettre, et une lettre de 500 pages...?

Non, ce qui m'a gênée, c'est autre chose. C'est d'abord l'aspect mélo. Ce pauvre Husson, sa femme meurt, sa fille meurt, son fils a rejoint l'Angleterre abandonnant femme et enfant à ses bons soins, sa belle-fille est donc juive , il en est quand même follement amoureux , et elle est enceinte de son propre enfant. Bien. Ca fait déjà beaucoup .
Mais, quand ces horribles miliciens l'entraînent constater de visu comment ils traitent les résistants, qui est torturé devant lui? Son fils! Enfin, il ne le connaissait pas mais tout concorde...
A part confirmer que Mr Husson n'a pas de problème de reproduction , à quoi bon en rajouter autant? On arriverait presque à le prendre en pitié..
Et puis aussi, et surtout ,la fin de la lettre. Là, où un cynisme complet aurait pu me satisfaire ( enfin, dans le portrait!) , et aurait pu faire de ce roman la vraie tragédie dont certains ont parlé, cette demande, je ne parviens pas à y adhérer.
On est quand même en septembre 1942, et même si le sort véritable de ces Juifs raflés par milliers ( Rafle du Vel d'Hiv , juillet 42, 13152) n'est pas encore dévoilé , il se doute bien quand même, Mr Husson , qu'ils ne partent quand même pas dans un camp de vacances. A ce niveau là, ce n'est plus de la naïveté, c'est... . Prenez-en bien soin, trouvez-lui un mari et un futur père pour mon enfant.. Ben voyons!!

En exergue:
"La trahison peut être le fait d'une intelligence supérieure, entièrement affranchie des idéologies civiques." Paul Léautaud ( Passe-temps)

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Alors, c'est un peu comme L'affaire Léon Sadorski, les mêmes ingrédients, la même recette, les mêmes travers...
Mais en moins pire.

Peut-être parce que je savais déjà à quoi m'attendre, j'ai été moins rebuté. On y retrouve les mêmes passages encyclopédiques sur la période, artificiellement coincés dans le texte, et la même complaisance avec le sordide.
Pourtant tout ici fonctionne mieux.

D'abord, c'est plus court et du même coup bien plus efficace. Ensuite, il n'y a pas le prétexte policier de l'Affaire Sadorski que j'avais trouvé mal troussé et vite expédié dans sa conclusion. On se concentre sur le dur du propos, la collaboration, l'antisémitisme, la bêtise, la lâcheté et la cruauté qui s'exacerbent dans les circonstances dramatiques de cette période. C'est là que Slocombe vous prend comme il faut : il vous cloue les mains à une poutre avant de vous battre à mort dans la dernière partie. Ensuite, il vous balance une conclusion pleine d'une abominable ironie qui s'achève sur un vide insupportable, une béance qui débouche droit sur l'horreur.

Le compte y est, il nous rappelle ce qu'il est si facile d'oublier tant ce passé là est douloureux à affronter de face. Quand j'entends par-ci par-là (enfin plutôt par-là) des tentatives de réhabilitations de Pétain, des arguties pour prétendre à une France "avant tout résistante", il n'est pas inutile que des gens comme Slocombe, même s'ils font un peu trop dans le didactisme, même s'ils se laissent aller à quelques facilités dans la description de l'abject, fassent le job.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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Ce livre témoigne la haine d'une homme face au monde qui l 'entoure ...Cette époque ou l 'antisémitisme gangrène les pensées et ronge l 'homme à la velléité sournoise ....Ce monde plongé encore dans la folie d'une guerre d'épuration raciale vers l 'élitisme d 'une race en proie à son narcissisme extrême d'un dictateur Fou... Perdu dans sa haine raciale Husson académicien ..notable respectable des lettres par écrit dénonce(comme beaucoup de Français ) à un commandant allemand ....
On découvre l 'innommable la haine la perfidie la jalousie l 'horreur de cet homme de lettre bercé par l 'obscurantisme chrétien de son âme de vieil homme amoureux de l 'impossible ....
Bouleversant de noirceur ...
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Je ne peux me permettre de juger cet ouvrage. J'ai été mal à l'aise dès le début de la lecture d'être le témoin privilégié de cet homme fourbe, antisémite, collaborateur... Je n'ai pas pu continuer
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Monsieur le Commandant est un roman épistolaire historique qui se déroule en pleine mise en place de la guerre et en pleine montée de l'antisémistisme. Paul-Jean Husson, l'auteur de cette loooongue lettre adressée à un Commandant allemand, est un antisémite né. Il utilise d'ailleurs de multiples synonymes tous plus péjoratifs les uns que les autres pour parler des Juifs et sa haine est palpable. Un récit dérangeant, basés sur des faits réels et une documentation énorme (tous les ouvrages consultés sont cités en fin de roman). le style est, comme l'époque le veux, très soutenu et plutôt agréable à lire. J'ai comblé encore quelques lacunes historiques grâce à ce roman. Si cette période de l'Histoire vous intéresse, foncez !
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Je me souviens avoir acheter ce roman après avoir vu l'auteur passé dans l'émission On n'est pas couché !

Je l'avais trouvé plutôt intéressant. le personnage principal est très ambivalent. D'un côté il est collabo mais d'un autre il tombe amoureux de la femme de son fils qui est juive.

En revanche j'ai eu beaucoup de mal à accrocher avec le style. Je pense que j'étais un peu jeune pour découvrir ce roman et l'écriture m'a parut complexe.
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