L'auteur analyse dans cet essai philosophique les caractéristiques de l'esprit humain soumis par l'évolution de la société et la sélection naturelle à simplifier le monde:
illusion d'une unicité du soi pour établir une perception cohérente de soi. le cerveau et la conscience simplifient le monde pour le rendre cohérent.
tendance à la conformité, au dualisme, au récit, raisonnement simpliste causal (une cause entraine un effet) pour expliquer le monde et ses valeurs. L'hémisphère cérébrale gauche interprète (pp 91) pour raconter une histoire simple qui explique le monde (pp 99).
oubli du nombre immense d'occurrences nécessaires pour expliquer les phénomènes (idée reprise du sociologue
Gérald Bronner, cité p.62) et plus généralement oubli du caractère fondamental mathématiquement chaotique du monde et du soi.
Quelques citations du livre: « Ego est en tension perpétuelle entre sa nature d'être conforme et sa culture d'être libre: le dualisme est une porte de sortie logique pour gérer ce noeud gordien »p.37; « les scientifiques sont d'accord pour considérer que le dualisme entre corps et esprit n'a plus lieu d'être » pp 49; « les neurosciences nous dépeignent un flux, un chaos au sein duquel ce que nous appelons « conscience » n'est qu'une partie négligeable qui n'a rien à voir avec les causes réelles de nos actions » pp 70. « La conscience est une construction mentale que le cerveau construit comme sas entre deux chaos: celui de nos propres neurones et celui du monde » pp90 et 98. « Il est plus exigeant psychiquement de se forcer à ne pas interpréter » p.92. « Le libre arbitre serait une synthèse narrée par l'hémisphère gauche » p.93. « La conscience...est affaire de récit »p,100. « L'esprit humain crée la causalité comme arme pour maitriser le chaos...La première utilité est de favoriser la survie en ordonnant le chaos, en faisant de ce chaos un objet de fiction » p.99. « les replis identitaires consécutifs d'une fuite des individus souhaitant échapper à cette contingence »p.103. « Que le pouvoir d'achat et l'identité se soient hissés comme enjeux politiques et électoraux prépondérants démontre la fragilité irrémédiable des démocraties, dont le valeurs ne suffisent pas »p.111. » « mais la contingence l'emportera toujours sur la longueur »p.113. « Il s'agit d'accepter que la liberté d'expression est la liberté de conviction et non l'inverse » p. 116. « Il n'y a nulle raison de désespérer – mais simplement occasions de penser et de créer, comme dirait
Spinoza, avec une plus juste perception de nos limites » p.105
La première partie du Livre est moins intéressante et il est souhaitable d'aller jusqu'au bout du livre qui est assez court (129 pages) avec une seconde partie plus riche en réflexion.
Ce livre a reçu le "grand prix du livre sur le cerveau" décerné par la société française de neurologie.