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EAN : 9782259208963
212 pages
Plon (16/10/2008)
3.67/5   3 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Plon - 10/2008)


Premier président français sans gris-gris sur son bureau, Nicolas Sarkozy s'est prononcé pour une politique de rupture avec les complicités du passé dans l'ancien pré carré, pour s'ouvrir à l'ensemble du continent et être à l'écoute des jeunesses africaines. Las, le nouveau chef de l'Etat a, lui aussi, très vite plongé la tête dans la case à fétiches. Il est même revenu aux pratiques... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Stephen Smith et Antoine Glaser écrivent depuis plus de quinze ans sur l'Afrique. "Sarko en Afrique" est leur quatrième ouvrage après les deux tomes de "Ces Messieurs Afrique" (1992 et 1997) et "Comment la France a perdu l'Afrique" (2005) – auquel il convient d'ajouter "Négrologie" que Stephen Smith a signé seul mais qui s'inscrit parfaitement dans cette généalogie. Ces deux journalistes aguerris – le premier a couvert l'Afrique à Libération dans les années 90 puis au Monde depuis 2000, le second dirige la Lettre du Continent, une note d'informations confidentielles sur l'Afrique – ont réussi à se creuser une niche éditoriale : celle du livre-de-journalisme-politique-sur-l'Afrique.
Vite écrits, vite lus, les livres-de-journalistes prolifèrent au moment des élections : on ne compte plus les biographies consacrées à Nicolas Sarkozy ou à Ségolène Royal publiées au premier semestre 2007. La victoire du premier a permis de continuer l'exploitation de ce filon prolifique. Stephen Smith et Antoine Glaser – même s'ils s'en défendent – sautent sur l'occasion pour nous présenter, en huit courts chapitres conçus comme des saynètes de bande dessinée, l'état de la Françafrique un an après l'élection de Nicolas Sarkozy.
Avec l'alacrité qui avait fait le succès de leurs précédents ouvrages, Glaser et Smith décrivent trop brièvement les épisodes de cette relation compliquée. Ils ne parlent guère du discours de Dakar – alors qu'il a constitué probablement l'épisode le plus saillant de cette période. Ils sont plus diserts sur le Tchad où la France maintient à bout de bras le régime du Président Déby ou sur l'Angola qui fait figure de nouvel Eldorado pétrolier. Ils évoquent la multiplication des affaires judiciaires qui empoisonnent la relation franco-africaine : Angolagate, « suicide » du juge Borrel à Djibouti, assassinat de Guy-André Kieffer en Côte d'Ivoire, mandats d'arrêts délivrés par le juge Bruguière au Rwanda. Ils ont raison de consacrer un chapitre à la création du ministère de l'Immigration confié à Brice Hortefeux, même si l'analyse argumentée du poids réel des questions migratoires dans la relation franco-africaine reste à faire.
Le tableau que brossent les deux journalistes de la politique africaine du nouveau locataire de l'Elysée n'est pas positif. La rupture annoncée par Nicolas Sarkozy, notamment dans le discours de Cotonou qu'il avait prononcé en mai 2006 en qualité de ministre de l'Intérieur, ne s'est pas concrétisée. Bien au contraire. le « candidat prometteur » évoqué dans le premier chapitre se transforme inexorablement en « obligé de Bongo » au chapitre huit, après avoir renoué avec les pratiques les plus sombres de la Françafrique et des réseaux Foccart.
Deux personnalités hautes en couleurs incarnent cette évolution. D'une part, côté africain, le président gabonais Omar Bongo, le doyen des Chefs d'Etats africains, dont les auteurs montrent par exemple le rôle central qu'il a joué dans l'éviction en mars 2008 de Jean-Marie Bockel qui avait eu l'imprudence de vouloir dresser l'acte de décès de la Françafrique. D'autre part, côté français, Me Robert Bourgi, un disciple de Jacques Foccart, dont l'entregent et le carnet d'adresses concurrencent la diplomatie officielle de la France que sont censés mener le Quai d'Orsay et la cellule diplomatique de l'Elysée. L'intronisation à libreville le 10 avril 2008 par le président gabonais d'Alain Joyandet, le successeur de Jean-Marie Bockel rue Monsieur, en présence du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et de Robert Bourgi, symbolise éloquemment le nouvel ordre des choses.
Pourquoi la rupture n'est-elle pas intervenue ? Nicolas Sarkozy serai-il lié à Omar Bongo par des « liens d'argent » ? On sent que les auteurs sont de cette opinion. Mais, faute de preuves – et craignant peut-être les ennuis judiciaires – ils se gardent de porter des accusations qu'ils ne peuvent étayer, se bornant à énumérer les témoignages d'amitié appuyés que s'échangent les deux présidents. Dans leur conclusion, Glaser & Smith avancent une autre hypothèse, plus séduisante. Enfant d'une génération que n'ont pas traumatisée les guerres de décolonisation, Nicolas Sarkozy disent-ils ne s'intéresse guère à l'Afrique où il sait qu'il n'y a que des coups à prendre. Pour y limiter les dégâts, pour y défendre aussi les intérêts, notamment économiques, que la France y conserve, il a compris qu'il n'avait rien à gagner à se fâcher avec les dinosaures de la Françafrique. Aussi fait-il mine de conserver avec eux de bonnes relations. A tout prendre, cette hypothèse est moins désespérante que celle qui réduit la politique africaine de Nicolas Sarkozy au reniement de ses promesses.
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