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EAN : 9780241336991
464 pages
Hamish Hamilton (07/09/2023)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Kilburn, 1873. The 'Tichborne Trial' has captivated the widowed Scottish housekeeper Mrs Eliza Touchet and all of England. Readers are at odds over whether the defendant is who he claims to be - or an imposter.

Mrs Touchet is a woman of many interests: literature, justice, abolitionism, class, her novelist cousin and his wives, this life and the next. But she is also sceptical. She suspects England of being a land of façades, in which nothing is quite... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« The Fraud » (2023, Penguin Press, 464 p.) est un roman de la britannique Zadie Smith, d'origine jamaïcaine. A vrai dire, j'aimais bien son bandage dans les cheveux, qui contrastait avec les photos quasi judiciaires, les fameuses « mug shot » qu''un ancien président chevelu a remis à la mode.
Etudes au « King's College » de Cambridge, pendant lesquelles elle publie quelques nouvelles dans une anthologie. Dont notamment « White Teeths » traduit par Claude Demanuelli en « Sourires de Loup » (2011, Gallimard, 533 p.). D'un autre côté, il fallait aussi faire jeune et parler ou écrire des nouveaux auteurs américains.
Donc « The Fraud », qu'on n'a pas vraiment besoin de traduire. Problème qui touche désagréablement la communauté scientifique, dont je ne comprends pas très bien la motivation. Si encore c'était une question d'argent ou de pouvoir. Mais c'est tellement éloigné des réalités. Comme je l'ai toujours dit et écrit, un chercheur scientifique travaille dans l'erreur. Cela fait une dizaine d'années que je cherche à mesurer ce crayon, disons de 15.00 cm. Et voilà qu'un « jeune con » avec un instrument nouveau, un « laser-crayonomètre » trouve 15.022 cm. Il est évident que j'ai faux, ou pas tout à fait juste. Fraude ou erreur ?
On lira avec intérêt le petit opuscule « de la Fraude, le Monde de l'onna » (10, Librairie du XXI siècle, Seuil, 320 p.), d'un grand savant, Henri Atlan, qui est parti de la biologie moléculaire, et du comité consultatif national d'éthique, à l'étude du Talmud et de Baruch Spinoza. « de la fraude » donc, avec cette précision, liée à la personnalité de Henri Atlan et à son parcours talmudique, « le monde de l'onaa ». Tout d'abord, cette définition de l'onaa, « mot hébreu [qui] désigne un dommage produit par une fraude et subi par un individu ou une collectivité ». Livre aussi relativement facile à lire, car écrit très clairement, même si le propos n'est pas celui du roman. Huit chapitres en 316 pages.
Pour en revenir à Zadie Smith. On est en 1873, dans l'Angleterre victorienne. de préférence dans la bonne partie de cette société, celle des quasi oisifs, avec petit personnel à charge, et occasionnellement des individus louches. Donc, pour les nommer directement Sir Robert Tichborne ; madame Eliza Touchet, gouvernante par habitude de son cousin William Ainsworth, vaguement écrivain, pas tout à fait à la hauteur de son ami Charles Dickens ; et le mouton noir, c'est le cas de le dire, Andrew Bogle, ancien esclave dans les plantations de la Jamaïque. Tout ce joli monde est à Londres, et patauge dans une affaire d'imposture : le célèbre « procès Tichborne ». Une drôle d'affaire dans laquelle un modeste boucher australien osait affirmer qu'il était en fait l'héritier légitime d'un titre important auquel s'ajoutait un domaine tout aussi conséquent.
Le fond de l'affaire, qui repose sur un cas réel « l'affaire Tichborne » passionne l'Angleterre victorienne entre 1850 et 1874. Un individu, parfois dénommé Thomas Castro ou Arthur Orton mais qui le plus souvent est simplement appelé « The Claimant » (le requérant), revendique être l'héritier des Tichborne, une famille de baronnets dont Sir Roger Tichborne est l'héritier. Cela tombe bien, il est mort dans un naufrage en 1854 au large des côtes brésiliennes. Sa mère, Lady Tichborne garde espoir, surtout de retrouver son fils et la propriété de Tichborne Park qui va avec. Elle fait passer des annonces de recherche. C'est là qu'une personne du nom de Thomas Castro, boucher local en faillite, intervient, se faisant passer pour le baronnet noyé. de quiproquos en fausses preuves, le requérant et le plaignant, on en arrive à l'affaire « Tichborne vs Lushington » (1871-1872), du nom du locataire actuel de Tichborne Park, le colonel Lushington. Puis d'un procès judiciaire « Regina vs Castro ». le tout se termine dans les semi-vérités et les contradictions. Désolé de spoiler ainsi par l'histoire prétendue véridique, un récit tout autant entaché d'incertitude.

Arrivé à ce stade, je me pose des questions. Comme je l'ai indiqué, j'ai pas mal lu , pas mal vu, posté des critiques sur des auteurs et des ouvrages forts divers. A chaque fois, j'ai essayé de chercher le comment et le pourquoi de cette écriture, ce qui amène à des réponses pour le moins variées. Pour ce qui concerne Zadie Smith et « The Fraud », l'interprétation peut s'orienter sur deux axes.
L'un est une bonne compilation d'un procès pour le moins incertain. J'ignorais que j'avais affaire à un Frédéric Pottecher (1905-2001) et ses Chroniques du Palais. Ou à une Dominique Simonnot et ses chroniques dans Le Canard Enchainé, avant d'être promue. C'est aussi le cas de Zadie Smith ?, avec tous les louanges que les critiques lui envoient. Serait-ce pour avoir un compte rendu de procès à venir plus favorable ?
A l'opposé, rien que le titre aurait dû éveiller ma curiosité, et celle des lecteurs. Mais en ces mois d'été chauds, il faut croire que les neurones ramollissent. Fraude, truquage, arnaque, tromperie, les mots ne manquent pas. « Ceci n'est pas un livre » aurait titré René Magritte. Olivier Desmettre et ses Editions Do a bien édité un « Une fois (et peut-être une autre) » de Kostis Maloùtas traduit pat Nicolas Pallier (2019, Editions Do, 140 p.), livre suivi par « (x) fois » de Samouïl Ascott traduit par Coline Lapierre (2019, Editions Do, 136 p.). Deux livres que je conseille de lire à la suite.
Donc, c'est tout l'ouvrage qui trompe le lecteur, dans un truquage, bien fait, qui camoufle autre chose. Gogos de tous les pays, faites naufrage au large des côtes brésiliennes, il y a encore des baronnets, quoique désargentés, à plumer.
Le livre s'ouvre sur une scène qui ne s'oublie pas. Un « sale garçon » est à l'entrée d'une maison respectable de Turnbridge Wells. Face à lui, une redoutable écossaise aux cheveux noirs, Madame Eliza Touzet, la cousine, et un peu gouvernante de l'écrivaillon William Ainsworth. La raison de cette visite : la réparation des dégâts du au surpoids de la bibliothèque du deuxième étage, dont le plancher a cédé sous le poids d'un nombre absurde de livres. Des volumes d'histoire britannique dans le salon du rez-de-chaussée recouverts de plâtre. Voilà qui fait désordre. Commentaire du garçon « le poids de la littérature que vous avez ici, eh bien, cela met une maison à rude épreuve ». Coucou, revoilà Zadie Smith, l'air de ne pas y toucher. Alors, ce serait le jeune garçon, aidé du colonel Moutarde, qui aurait trucidé le baronnet ? C'est aller un peu vite en besogne.
L'écossaise aux cheveux noirs ? Sûrement la maitresse, dominatrice au fouet, de l'écrivain. Un peu plus tard, ce sera au tour de Sarah son ancienne servante qu'il a mis enceinte, et devenue la nouvelle et très jeune épouse d'Ainsworth. Mais la différence de classe est trop grande. Elle ne se souvient plus quand prononcer ses H aspirés. L'écrivain raté, alors. « Il n'était pas rare qu'il écrive vingt pages en une après-midi », observe Mme Touchet. « Il semblait toujours entièrement satisfait de chaque ligne ». le voilà dispensé de se trouver une garde-robe pour l'hiver.
Cet écrivain raté, pourtant ami de Dickens, reflète simplement ses propres obsessions, ses désirs. On dirait maintenant son ego. Et Zadie Smith d'insister « le romancier est idéalement expansif au-delà de lui-même ; le romancier est toujours aveuglé par lui-même ». Les autres romanciers de cette époque, Dickens ou Thackeray. A fourrer dans le même sac. Ils écrivent sur la misère, mais qu'en connaissent-ils vraiment ?
En d'autres termes, « The Fraud » pourrait être une fiction historique, ou plutôt un pastiche des grands romans victoriens anglais. Là aussi, c'est aller vite en besogne. Caricature alors de personnages importants, comme qui dirait politiques, écrivains à la toute petite semaine, plutôt joueurs de golf. « On a tout de suite vu qu'il y avait ici un homme qui bougeait comme le vent bougeait ». Et elle insiste. « Un homme sans centre, qui pourrait être poussé dans n'importe quelle direction, c'est selon. Les yeux larmoyants révélaient clairement qu'il était hors de lui. Mais aussi qu'il appréciait cette foule et qu'il était prêt à croire en leur croyance si, après tout, ils étaient si forts. ... En fait, s'il en était ainsi, il y croyait ! En fait, c'était scandaleux que quiconque puisse douter de lui ! Et pourtant : et s'ils le découvraient ? ». On connait les propos de Zadie Smith à propos d'un président américain qui « fait penser à un enfant de 6 ans », « sans jamais être coupable », « jamais coupable », « sans faits » et « toujours dans le droit jusqu'à la folie ». Sa fille de 6 ans a « un état d'esprit très similaire » à celui de Trump », a-t-elle déclaré. C'était tout de même dans un article du « Chicago Tribune » du Dec 02, 2016.
Il reste encore un personnage dont je n'ai pas parlé. C'est Andrew Bogle. Il a grandi comme esclave à Hope Plantation, en Jamaïque. Il sait mieux que tout autre que chaque cuiller de sucre a un coût humain. Il se trouve à Londres, dans un milieu huppé qu'il n'a pas intégré. Il assiste surtout à une affaire d'imposture dont il devine que son avenir dépend de sa capacité à raconter la bonne histoire au bon moment, aux gens disposés à le croire. La mère de Zadie Smith aussi est jamaïcaine. On pourrait penser que glisser cette histoire de Bogle, ce sera remplir un ou deux chapitres. C'est oublier les liens, forts, entre les deux iles. Dès les grands navigateurs, dont Colomb, la Jamaïque a vécu sous le joug des puissances royales anglaises. La capitale, Kingston, a été une plaque tournante de l'esclavagisme sous le régime anglais. On estime qu'environ 600 000 Africains y ont été déplacés de force. « Ils ne nous ont jamais traités équitablement. On est arrivés au Royaume-Uni poussés par la pauvreté ». La morgue britannique. A tel point que, lors de leur dernière visite, en mars 2022, le prince William et sa femme, Kate, avaient évoqué leur « profond chagrin » à propos de l'esclavage, mais sans présenter d'excuses. Bien entendu, les anglais ont aboli l'esclavage, du moins officiellement. Mais pas la ségrégation.
Andrew Bogle sent qu'il a une possibilité, non pas de revanche, mais de montrer ce dont les anciens esclaves sont capables. Naturellement cela n'est pas dit de façon nette et franche. On est dans le roman de « The Fraud » et ce n'est pas pour rien que l'histoire de Bogle occupe la majeure partie de la seconde moitié du livre. Presque 70 pages dans lesquelles Zadie Smith remonte aux années 1770, lorsque le père de Bogle était un jeune garçon, nouvellement arrivé à Hope Plantation. On entend la voix de Johanna, esclave, puis l'arrivée de Andrew dans le Dorset « un imposteur bien nourri ». Il va devoir travailler comme valet de chambre à 16 ans. Une opportunité ? Il découvre qu'il est libre lorsque l'homme pour lequel il travaille lui dit avec désinvolture qu'il « va être ajouté à la masse salariale ».
Mais la ségrégation opère et les conversations avec les écrivains anglais ne comptent pas. Il y a bien Dickens. Mais ce dernier n'a même pas osé imaginer écrire l'histoire d'un Bogle.

Du pont de vue structure, le livre est une suite de chapitres très courts, de 1 à 3 pages, et la chronologie saute de manière assez farfelue. Résultat, la structure est parfois difficile à suivre avec de nombreux retours sur les années précédentes de l'écrivain raté. Personnage principal vivant avec sa cousine et sa défunte épouse, le tout étant mélangé aux événements actuels et au procès.

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critiques presse (1)
LesInrocks
03 octobre 2023
Inspirée par des événements historiques réels (Roger Tichborne a vraiment existé), "The Fraud" nous transporte entre la Jamaïque et la Grande-Bretagne, et entre vérité et fiction.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il n'était pas rare qu'il écrive vingt pages en une après-midi [...] Il semblait toujours entièrement satisfait de chaque ligne
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