Les Kipps et les Belsey ne s'apprécient guère : les deux chefs de famille sont concurrents à l'université, tous deux spécialistes du même peintre, et Jérôme le fils Belsey est mortifié après avoir bêtement demandé en mariage Victoria, la fille Kipps, au bout d'une semaine. Et tout ce petit monde se côtoie dans la banlieue de Boston. Chacun y va de ses petites histoires, sur fond de questions raciales...
Ce livre est resté 9 ans dans ma bibliothèque, trônant de manière effrayante sur une étagère, m'incitant guère à l'ouvrir. Acheté à sa sortie en 2005, je l'avais bêtement mis dans mon panier à cause de sa jolie couverture très féminine, rose, pimpante et fleurie. Ahhh, j'étais jeune et influençable, mes préférences littéraires pas encore assez déterminées et mon radar pas assez affuté.
Et dès l'ouverture : c'est le drame. du vent, de l'air, rien. Ça brasse, ça parle, ça jacasse pas mal. C'est la vie de tous les jours d'une famille en soi très banale. le travail, l'amour, la famille, les amis, les relations tout court, tout y passe. Déjà à l'origine, c'est pas mon truc.
Et puis,
Zadie Smith cherche à faire réfléchir le lecteur sur le racisme. le jeune Levi, métisse, qui s'attire à chaque fois qu'il passe dans la rue des regards suspicieux (n'est-ce pas un peu bateau comme manière de critiquer ? Un peu léger, non ? Même si ça a un fond de vrai bien sûr, ça fait très scolaire, la base de la base, bref...) par exemple. Sauf que le côté "yo sista, you're a strong black female" a un côté hyper irritant. Tout est rapporté à la couleur de la peau des personnages. POURQUOI écrire "you're a strong black female" et pas "you're a strong female/woman"?? Est-ce que c'est un vocabulaire communautaire ?? Mais dénoncer le racisme et vivre dans le communautarisme n'est-il pas un acte contradictoire ?? Est-ce quelque chose de générationnel, quelque chose dont ma génération née dans nos pays industrialisés se fiche éperdument puisqu'il n'y a rien d'étrange à vivre avec des gens de couleur autour de nous ? Il y a une part évidemment d'explication géographique et historique, puisque l'histoire se déroule aux USA et que certains endroits restent assez racistes ou simplement méfiants envers les Noirs, mais dans ce livre ça fait juste trop. Cette dénonciation est d'une platitude philosophique exceptionnelle face à d'autres livres tels que "La Couleur de l'eau" de
James McBride.
Et puis, finalement, j'ai eu la révélation. En fait, ce livre, c'est de la chick-lit améliorée. L'écriture est plus soignée, plus recherchée, saupoudrée d'un peu de questions philosophico-idéologico-didactiques. Mais le reste est complètement creux, comme en chick-lit. Et le pire dans tout ça ? C'est que c'est vendu comme un roman normal, qui a été nominé pour le Man Booker Prize, sans doute juste parce que c'était écrit par une femme noire (on met en lumière ce que beaucoup aiment appeler les "minorités", un vocabulaire qui à mes yeux entérine l'inégalité qui peut exister entre êtres humains aujourd'hui) qui écrit sur les Noirs.
En bref, même si en soi ça se lit vite vu la quantité incroyable de dialogues tels que :
"Qu'est-ce que tu fais ?
- Rien.
- Mais si, dis-moi.
- Oh, je regarde par la fenêtre.
- Bon, t'as mangé ce matin ?
- Les oeufs sont dans le placard. Tu fais quoi aujourd'hui ?
- Je vais à la piscine et puis j'ai cours après."
... cette lecture reste pénible pour qui déteste le genre. A éviter si comme moi vous aimez les récits dans lesquels il se passe des trucs. On a notre propre vie, c'est amplement suffisant !! Quant aux enjeux de société, ils sont ici trop anodins pour réveiller un quelconque intérêt voire même justifier qu'on encense autant cet auteur.
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