découvert l'an dernier avec son premier roman
Ces rêves qu'on piétine,
Sébastien Spitzer fait partie de la sélection de septembre des 68 premières fois que je découvre depuis quelques jours. J'ai donc pu lire
le coeur battant du monde, un des romans plébiscités par cette rentrée littéraire 2019.
Voici la présentation – éditions Albin Michel
Dans les années 1860, Londres, le coeur de l'empire le plus puissant du monde, se gave en avalant les faibles. Ses rues entent la misère, l'insurrection et l'opium. Dans les faubourgs de la ville, un bâtard est recueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine. Par amour pour lui, elle va voler, mentir, se prostituer sans jamais révéler le mystère de sa naissance.
L'enfant illégitime est le fils caché d'un homme célèbre que poursuivent toutes les polices d'Europe. Il s'appelle Freddy et son père est
Karl Marx. Alors que Marx se contente de théoriser la Révolution dans les livres, Freddy prend les armes avec les opprimés d'Irlande.
J'avais aimé son premier roman et je ne suis pas déçue par
le coeur battant du monde, bien au contraire. J'ai aimé plongé dans cet univers à la Dickens en plein coeur d'un Londres qui n'a rien de celui que l'on connait maintenant ! Insalubrité, misère, souffrance rythment cette ville où l'on découvre le personnage de Charlotte, jeune femme enceinte dont l'amoureux est parti en Amérique pour faire fortune. Si l'avenir qu'elle espérait ne se réalisera pas, elle va pourtant vivre un destin exceptionnel en devenant la mère de substitution du bâtard de
Karl Marx ! Il faut dire que
Sébastien Spitzer nous plonge dans une histoire de famille assez inattendue et dresse le portrait peu glorieux de figures mythiques : Marx et Engels.
A travers cette histoire de filiation honteuse, l'auteur du Coeur battant du monde tisse plusieurs intrigues. L'histoire de Freddy, le fils illégitime de Marx, est bien sûr le coeur battant de ce roman qui a pour décor une réalité sociale et historique bien sombre : guerre de Sécession, crise du textile en Europe, misère, pauvreté, logement insalubre, faim sont autant d'éléments qui nous donnent l'impression de marcher dans les rues boueuses de Londres, Manchester ou Liverpool. Mais on découvre aussi des figures que l'Histoire ont mythifiées et que
Sébastien Spitzer écorne avec une certaine délectation.
Karl Marx cède sa place de grand auteur du Capital pour devenir un homme grossier, profiteur, amoureux de l'argent qu'il n'a pas ! le communisme en prend pour son grade ! Engels, bigame, fils d'industriel qui n'a pas réussi à tuer le père pour se construire, apparaît comme le brave petit toutou de son cher Karl, du Maure qu'il sert plus que de raisons !
Heureusement que les femmes sont là pour relever le niveau – certes Freddy et les Irlandais ont eu aussi des valeurs – Charlotte, mère courage, Lydia, soeur malheureuse mais Irlandaise avant tout et Tussy, la fille de Marx qui a les valeurs que son père vante mais n'a pas vraiment sont autant de figures qui font battre le coeur de ce récit.
« C'est lui qui l'a relevée, Freddy. C'est bien lui qui l'a soutenue quand elle était à terre. Il est son presque fils, sont plus que fils, devenu l'homme de sa vie. Elle s'était dit qu'une mère, ça donnait des racines et des ailes. Freddy n'a pas de racines. Il est né dans la boue. Il a grandi dans un taudis. Mais ses ailes ont poussé. »
Vous l'aurez compris : une fois dans ce récit, difficile de le lâcher ! D'aucuns diront que l'intrigue centrale manque peut être de rythme mais j'ai apprécié toutes les sous intrigues qui se tissent et le décor social et historique.
En résumé : un roman qui est aussi bon que le premier ! Vivement le prochain !
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