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EAN : 9782232122200
238 pages
Editions Seghers (09/10/2003)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Pour la seconde fois, les éditions Seghers consacrent un ouvrage à Philippe Jaccottet dans la collection "Poètes d'aujourd'hui". L'étude de Jean-Luc Steinmetz permettra au lecteur d'entrer dans l'œuvre d'un homme qui interroge, avec force, lucidité et dépouillement, le rapport que nous entretenons avec le temps et le monde qui nous entoure. Face aux désastres de ce monde, dans l'urgence inquiète de notre finitude, Philippe Jaccottet conseille, comme à voix basse, d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nombreux sont les ouvrages qui commentent l'oeuvre poétique de Philippe Jaccottet. Parmi eux, celui écrit par Jean-Luc Steinmez, publié aux éditions Seghers, dans la collection Poètes d'aujourd'hui.

La première partie de cet essai critique est consacrée au parcours du poète. Sa jeunesse, son parcours littéraire, ses influences, ses amitiés, son travail de traducteur,... Jean-Luc Steinmetz décrit avec beaucoup de justesse la personnalité de Philippe Jaccottet, son érudition, sa sagesse, ses convictions, ses doutes aussi.

Dans les chapitres qui suivent, l'auteur aborde et analyse les thèmes, les récurrences dans l'oeuvre du poète vaudois. Dans une approche très structurée, pleine d'illustrations et de rapprochements entre les écrits, très nombreux sont les points abordés par l'auteur qui livrent une compréhension plus précise du travail poétique de Philippe Jaccottet.

L'un des très nombreux points qui m'aura le plus intéressé dans ce passionnant essai est celui de la notion chez Jaccottet du temps qui passe. Chaque individu est dès sa naissance inscrit dans un temps qui paraît irrémédiable, un temps qui le destine à sa fin. Il semble pourtant que cette réalité ne soit pas le seul courant qui le traverse.
Un sentiment d'éternité se révèle, s'impose également (un sentiment qui n'a rien à voir avec la religiosité) qui correspond à un surgissement, celui lié à une expérience particulière, intime, qui peut être éprouvée subitement lors d'une promenade, à la vue d'un paysage ou d'un tableau. Ce sentiment nous parvient comme quelque chose d'intègre, d'intouché, comme une sensation première, originelle. de là, naît l'instant, l'instinct de poésie, un point particulièrement présent dans l'écriture de Philippe Jaccottet.

Même au creux du temps qui passe, de la vieillesse, du doute, le poète veut maintenir son regard en éveil, son être disponible pour accueillir cette autre durée de l'être, cette part d'éternité qui le traverse, cette part originelle.
C'est cette sensibilité qui, en plus de ses convictions et de son parcours, rend la poésie de Philippe Jaccottet particulièrement attachante. le livre de Jean-Luc Steinmetz le confirme de très belle manière.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Loin des culpabilités qui nous tourmentent, des responsabilités dont nous charge un civisme de pacotille, des repentirs obligés, de l'inflation ignoble des « bons sentiments » accapareurs, le poète a quelque pouvoir d'intervention, qui n'est pas celui de contester, comme l'intellectuel, mais celui de relier, de révéler ou de rappeler.
« Explication orphique de la Terre », pensait Mallarmé. « Changer la vie », demandait Rimbaud. « Perpétuer une transaction secrète », estime Jaccottet, ou « faire passer », communiquer le viatique humble et précieux, tendre le brin d'herbe comme un rameau d'or, désigner l'oiseau, insister jour après jour sur l'éveil de la lumière en chaque saison, s'opposer à « l'insulte du néant » (Tout n'est pas dit, p. 120).

(extrait du chapitre IV, "La mort interrogeante") - p. 58
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Videos de Jean-Luc Steinmetz (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Luc Steinmetz
« Il y a quelque chose d'inéluctablement malheureux dans le personnage de Verlaine (1844-1896) […]. Lui-même eut beau se compter au nombre des poètes maudits, nous avons tendance à lui refuser une telle malédiction gratifiante pour ne le doter que d'un chagrin doux-amer et d'un coeur (mot dont significativement il abusa) gros de larmes presque savoureuses. […] Plus néfaste que la brève cohabitation de Gauguin avec Van Gogh, celle qui le rapprochera de Rimbaud se terminera sur l'éclat d'un coup de feu […]. Les suites sont connues : […] Verlaine est condamné à deux ans de prison. […] En mai 1874, il apprend que le jugement en séparation de corps et de biens réclamé par Mathilde vient d'être prononcé. Il en ressent une profonde tristesse et songe à se tourner vers les secours de la religion. […] le 15 août, Verlaine, enfin admis à la Sainte Table, communie. de cette période de conversion témoigneront dans le futur “Cellulairement” […]. […] Les années suivantes, Verlaine continuera de disperser le matériau poétique accumulé durant sa détention ; treize poésies se retrouveront dans Jadis et Naguère (1884), huit autres dans Parallèlement (1889). Sans doute ne souhaitait-il pas refaire surface dans le monde littéraire par un livre évoquant son passé de droit commun, fût-ce sous les apparences du “journal d'une âme”. Il rappellerait ces temps mauvais dans Mes Prisons en 1883, mais, pour l'heure, c'est en proposant une image apaisée de lui qu'il tente, après bien des atermoiements (sept ans de silence), son retour de poète avec Sagesse où il espère que “nulle dissonance n'ira choquer la délicatesse d'une âme catholique”. […] Cellulairement […] occupe […] la place indéniable de “chaînon manquant” entre les Romances sans paroles et Sagesse et […] il montre Verlaine dans son authenticité de prisonnier, de poète et, sur la fin, de pécheur converti. […] Cellulairement restitue un temps de vie passé, usé au jour le jour, dans ce tournis à demeure où se perçoit l'identité même, toujours flottante, de Verlaine, non pas fadeur […], mais limite de l'écoeurement devant le mélange de fiel et de miel que tend l'existence en sa coupe. […] Verlaine adresse le murmure d'une voix inquiète, presque égarée, même quand sa foi nouvelle tend à la raffermir. Gardons-nous de ne voir que complaisances là où se dit, non sans humour parfois, quelque réalité aussi maligne que la pure et simple “condition humaine” illuminée d'un faible espoir et fraternelle dans sa détresse ?» (Jean-Luc Steinmetz)
« Au Lecteur
[…]
Vous lirez ce libelle tel quel, Tout ainsi que vous feriez d'un autre, Ce voeu bien modeste est le seul nôtre, N'étant guère après tout criminel.
[…]
J'ai perdu ma vie et je sais bien Que tout blâme sur moi s'en va fondre : À cela je ne puis que répondre Que je suis vraiment né Saturnien. »
Paul Verlaine Bruxelles, juillet 1873
0:00 - Berceuse 0:30 - Almanach pour l'année passée III 1:18 - L'art poétique 3:00 - Générique
Référence bibliographique : Paul Verlaine, Cellulairement, Éditions le Castor Astral, 1992
Image d'illustration : http://www.heliotricity.com/poetryverlaine.html
Bande sonore originale : Kai Engel - Somewhere Else Somewhere Else by Kai Engel is licensed under a Attribution-NonCommercial 4.0 International License.
Site : https://www.freemusicarchive.org/music/Kai_Engel/lesicia/somewhere-else
#PaulVerlaine #Cellulairement #PoésieFrançaise
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