Si j'ai choisi ce livre durant la masse critique, ce n'est pas au hasard: j'ai , moi aussi,
un Asperger à la maison, ou plus précisément, une Asperger.
J'ai lu le témoignage de Stéphanie Lainé en deux heures avec un sentiment étrange de "oui, mais...". J'ai demandé à mon mari de le lire aussi, et il m'a confortée dans mon impression. Ma fille ( celle qui est aspie) a également jeté un coup d'oeil sur ce témoignage et a ressenti comme nous, dans le discours de cette maman, une déception terrible d'avoir comme fils un enfant atteint d'un TSA(trouble du spectre de l'autisme).
Les premiers mots de son récit m'ont chiffonnée:"j'ai un Aspie à la maison(...)le genre de membre dont une famille se passerait bien, un peu comme l'oncle porté sur la bouteille ou l'arrière-grand-père collabo sous l'Occupation."
AÏe!! je ne sais s'il s'agit d'humour , mais en lisant plus en avant, j'ai bien compris que , non, elle le pense réellement, et qu'elle n'accepte toujours pas la différence de son enfant.Elle raconte son parcours, de la naissance à aujourd'hui(son garçon est en terminale), son ton est un peu clinique, elle reste beaucoup dans le descriptif, bien qu'elle ait choisi d'utiliser le "tu", comme si elle s'adressait à son fils. Cette méthode enlève de la profondeur, du sentiment à son histoire. Cette maman se veut une guerrière, elle a enfilé son costume de superwomanvengeresse...C'est là où je ne la suis pas. Je comprends(bien plus que quiconque d'ailleurs) la difficulté qu'elle peut éprouver devant la différence de son fils, mais ce qu'elle ne voit pas, c'est toute cette richesse que le syndrome de son enfant peut lui apporter.Stéphanie n'a qu'une idée en tête, c'est que son fils s'adapte, se glisse dans le moule, et que personne ne s'aperçoive de son autisme. C'est compréhensible. Mais réducteur. La démarche de cette mère m'a semblé parfois manquer de bienveillance, et rester sur le qu'en dira t-on...Je ne sais pas si elle mentionne le prénom de son fils, j'ai recherché et n'ai pas trouvé,quel dommage, cet enfant autiste, qui a donc des difficultés et des angoisses à s'inscrire dans la société, quel dommage de ne pas le nommer, de rester avec la distance du "tu"!
Pour que ces enfants se sentent plus vivants, il faut absolument faire preuve d'empathie, les solliciter dans leurs émotions, et non pas les cantonner à donner le change comme ce qu'elle préconise! J'ai été souvent choquée par les propos de Stéphanie Lainé, choquée en tant que maman connaissant bien le sujet, je sais aussi que les garçons Asperger sont différents des filles(qui s'adaptent sans doute mieux, d'où un dépistage encore plus tardif et difficile) mais à quoi ça sert de détester tout le monde, d'être sans cesse sur la défensive? Elle se fatigue cette dame, à regarder son fils comme un étranger ... Même si elle dit en toute fin qu'elle est fière de lui..Elle peut l'être, ces enfants sont vraiment des héros!
Ma fille me dit souvent qu'être Asperger c'est comme être homosexuel, et que ça ne vient plus à l'esprit de personne (de sensé) de vouloir les guérir,les changer !
Acceptons ces personnalités différentes que sont les Aspies! ils nous apportent une vision de nos vies qui est autre, aimons les, ne les jugeons pas, faisons leur une place.
J'espère que Stéphanie Lainé s'apaisera , et pourra bientôt faire une suite à ce livre, dans lequel elle parlera de son fils en le nommant, dans lequel elle parlera du père de cet enfant, de sa soeur et qu'elle y mettra plus d'amour que de rage...