§ 11. Hammourabi. Près de mille deux cent cinquante ans avant que Clisthène n’édictât ses réformes, Hammourabi, roi de Babylone, ordonna l’érection d’une stèle de basalte noir au milieu de la cour du temple dédié à Šamaš, dieu du soleil, dans la ville de Sippa. C’était un monument de 2,25 mètres de haut pour 55 centimètres de large, recouvert des deux côtés d’un texte rédigé en caractères cunéiformes, et surmonté, sur le devant, d’un bas-relief représentant le roi recevant du dieu les insignes de la royauté. La première partie du texte narrait les exploits accomplis par Hammourabi au long de son règne ainsi que la grandeur dont il avait témoigné, par sa sagesse autant que par son courage, dans l’exercice du pouvoir. La deuxième, composée de deux cent quatre-vingt-deux sections séparées, se présentait sous la forme de petits scénarios évoquant les conséquences qu’il fallait attendre de telle ou telle action commise par un individu. Quant à la troisième, elle prenait la forme d’une malédiction lancée à qui ne respecterait pas l’intégrité de la stèle, associée à l’expression de l’espoir que son contenu fût préservé pour l’éternité – et avec celui-ci le nom du roi. Au moment où Hammourabi prit la décision de commander la stèle, il arrivait à la fin d’un règne qui avait duré une quarantaine d’années et lui avait permis de faire de Babylone le plus important royaume de Mésopotamie.
Depuis plus de deux mille ans, l'Occident vit sous l'empire de la loi - un empire jaloux, qui ne tolère les écarts que pour autant qu'ils ramènent les fautifs à reconnaître encore, par ce moyen, son incontestable suprématie. Cet empire ne s'est pas constitué en un jour, et n'a pas manqué de susciter des résistances ; mais il faut croire que la "proposition légale" possédait un pouvoir de conviction auquel ses concurrentes ne pouvaient pas prétendre ; elle a triomphé. A examiner la forme qu'elle a prise dans le contemporain, il est possible de comprendre pourquoi ; derrière la loi, c'était tout un univers de pensée qui se déployait, valorisant l'ordre, la raison, la cohérence, le pouvoir et la sécurité.
Et si le sentiment de peur permettait paradoxalement de mieux vivre ? Dans ce Book Club, la romancière, scénariste et réalisatrice française Lucie Rico s'entretient avec le philosophe Laurent de Sutter sur la question du danger.
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