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sur 880 notes
Je ne peux résister à l'envie de citer le titre complet de l'oeuvre : « Voyages en plusieurs lointaines contrées du monde en quatre parties par Lemuel Gulliver d'abord chirurgien puis capitaine de plusieurs navires ».. de ces quatre voyages, le premier (Voyage à Lilliput) est le plus célèbre, grâce aux nombreuses adaptations sur grand et petit écran auquel il a eu droit. Mais Gulliver a vu des merveilles encore plus étonnantes que les Lilliputiens dans les trois autres voyages qu'il a entrepris.

Je crois qu'il y a eu une méprise de ma part avant de commencer ma lecture. Je pensais que les Voyages de Gulliver de la grande aventure, comparable aux odyssées d'Ulysse ou de Sinbad, mais il n'en est rien. le roman de Jonathan Swift est plutôt un essai politique et philosophique, l'occasion pour l'auteur de parler des peuples et des gouvernements anglais et irlandais, en les comparant à des pays imaginaires peuplés de créatures toutes plus étranges les unes que les autres.

Malgré la préface et les annotations nombreuses, je n'ai pas de connaissances suffisantes pour apprécier pleinement le texte. J'ai l'ai donc lu comme un roman d'aventure, mais, comme ce n'en est pas vraiment un, je l'ai fatalement trouvé décevant. Peu de péripéties, trop de descriptions et de réflexions morales et philosophiques, une structure assez répétitive des différents voyages, pas de personnages forts... Mais ces défauts n'en sont pas vraiment, en regard de la nature du texte. Ils n'en sont que par rapport à mes attentes.

J'ai tout de même apprécié l'inventivité de Swift dans la descriptions des différents peuples rencontrés par Gulliver, et un passage en particulier m'a bien diverti : la visite de l'Académie de Balnibardi. Une sorte de temple du savoir improbable. On y tente de transformer de la glace en poudre à canon, de fabriquer du marbre mou ou de teindre la soie en nourrissant des araignées avec des mouches colorées, pour ne donner qu'un minuscule échantillons des bizarreries sur lesquelles travaillent les savants balnibardiens. Encore une fois, je salue l'imagination de l'auteur.

Le style a un peu vieilli, mais je m'y attendais et cela ne m'a pas dérangé. J'ai quand même trouvé le temps sacrément long par moment, surtout lors du dernier voyage, chez les Houyhnhnms, de loin celui qui contient le moins d'action.

Voyages de Gulliver n'est pas un mauvais livre. Il n'est tout simplement pas celui que je m'attendais à lire.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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Depuis sa publication en 1726, Gulliver's Travels a connu un très grand succès. Assez complexe, l'écriture de Gulliver's Travels déconcerte le lecteur et suscite toujours la même question : où Swift veut-il en venir ? Swift se sert du voyage imaginaire pour ridiculiser les folies et les vices humains.
Cette oeuvre, écrite à la première personne est divisée en quatre parties : le voyage à Lilliput, qui représente la cité des nains ; le voyage à Brobdingnag, qui représente la cité des géants ; le voyage à Laputa ; le voyage au pays des Houyhnhnms. Elle marque un sommet de la satire sociale et politique. Récit de voyages imaginaires, satire féroce contre la corruption et la folie des hommes, traité philosophique utilisant l'ironie et les faux-semblants, le livre de Swift est d'une très grande richesse.
L'action principale de Gulliver est toujours de raconter et il s'adresse directement à son lecteur tout au long du récit. Il se déplace, il observe, il raconte ; en fait, il agit peu. La dimension apportée par cette voix narrative permet d'assurer le lien entre le familier et l'étrange, entre le récit et la satire.
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Les voyages toujours sont des miroirs reformants. En se confrontant à des êtres minuscules, puis à des géants, Gulliver ne sait plus s'il est grand ou petit. Il invente ainsi un regard neuf sur la vie ordinaire, sur l'Angleterre et sur l'humanité banale. Ce regard décentré n'est pas à l'avantage des Anglais, même s'ils semblent plus raisonnables que les savants obsédés de mathématiques et de musique de l'île volante de Laputa qui ne sont sans doute que des reflets exagérés des vices habituels. C'est surtout le peuple des Houyhnhnms, ces chevaux si supérieurs aux ignobles Yahoos à la forme humaine, qui permet à Swift de dire tout le mal qu'il pense de l'espèce humaine, toujours prompte à la chose-qui-n'est-pas, c'est-à-dire à mentir, à se jalouser et à se battre. Non seulement, ces voyages sont remplis d'inventions merveilleuses et de situations cocasses, mais en plus, ils sont un chef-d'oeuvre d'ironie, de remise en cause des codes sclérosés et de misanthropie.
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Les « Voyages de Gulliver » sont destinés, paraît-il, à la jeunesse. Ben, de vous à moi, après cette douloureuse lecture, je peux vous affirmer que si un gosse se prend l'envie de s'y essayer, il va haïr les livres toute sa vie.
Pourtant, j'étais plus qu'enthousiaste pour cet antique ouvrage, pardon l'ouvrage du grand siècle, puisqu'il a été écrit par Jonathan Switf en 1721. Ce qui me donnait l'eau à la bouche, c'était ce fameux voyage à Laputa, puisque ce texte a été l'inspiration de mon animé préféré du Sensei Hayao Miyazaki.

Les « Voyages de Gulliver » représentent quatre parties :
→ Voyage à Liliput
→ Voyage à Brobdingnag
→ Voyage à Laputa, Balnibarbi, Glubbdubdrib, Luggnagg et au Japon
→ Voyage chez les Houyhnhnms

La recette est la même. On commence par le départ dans un navire, à cela on rajoute un fait (naufrage, mutinerie, pirates,…), puis arrive la fameuse île. À partir de là, Gulliver va découvrir ses habitants, commencer à sympathiser, apprendre leur langue, décortiquer ses us et coutumes, puis il va quitter l'île pour retourner en Angleterre et là, il lui prend l'envie de refaire un voyage. Si on a lu le premier récit, on les a tous lus. C'est redondant.
Après le fond, la forme. L'écriture de Jonathan Switf est plate. Durant tout le livre, on a un monologue sans aucun dialogue. Les pages sont noircis jusque dans les moindres recoins. J'avoue que le premier voyage m'avait un peu fasciné. Je trouvais intéressant de voir l'auteur dominer tout un peuple de lilliputien. J'ai bien aimé certaines anecdotes comme la scène du feu. le problème, c'est qu'avec le deuxième récit, on reprend la même chose, sauf que cette fois-ci, c'est le narrateur qui se retrouve miniature. J'ai relativement apprécié cette seconde trame.
Enfin ! J'arrive à Laputa. Oh, Laputa, quel magnifique mot qui sonne harmonieusement bien aux oreilles. J'avoue que je suis un peu déçu que Laputa soit à l'origine d'un des Voyages de Gulliver. J'aurais préféré que ce soit le Sensei Hayao Miyazaki l'illustre inventeur. Et là, on se fout de moi. Seulement 23 pages pour cette île qui a donné « Le château dans le ciel » ! Ce qui représente, environ, que 5 % de l'ouvrage !
Bon, Laputa et les autres noms à déformer la mâchoire, ne sont qu'une succession d'îles flottantes dans le ciel, mais ce qui les différencie, ce sont les habitants. Chaque lopin de terre est dirigé par une classe spécifique (scientifiques, magiciens,…).
Encore plus court que Laputa, le voyage au Japon. À cette époque, le Japon commençait à se fermer à l'extérieur. Seuls les hollandais étaient encore autorisés à se balader dans une partie de l'archipel. Il faut dire que européens venaient imposer leur christianisme. le tout est étalé sur trois pages. C'est juste un prétexte pour préparer le voyage du retour vers l'Angleterre.
Ensuite, j'ai lâché peu à peu le livre, car tout m'a semblé sans intérêt.

Un récit qui ne peut plus être apprécié qu'à son époque. D'ailleurs, je n'ai pu lire les textes que d'un regard lointain, par les yeux d'un lecteur et non d'un analyste. Autres faits qui m'ont été insupportables à la lecture, ce fut notamment les unités de mesures restées à l'échelle anglaise (pouce, miles, pied, acre). Comme l'auteur aime s'éparpiller dans les descriptions trop détaillées, j'aurais préféré que le traducteur prenne l'initiative de convertir dans nos bonnes vieilles unités, ce qui m'aurait permis au moins de comprendre et mieux apprécier la vision de l'auteur. Et puis, il y a ces très nombreuses annotations qui ne revoient pas en bas de page, mais dans un épais dossier à la fin du livre. J'étais un peu frustré de couper ma lecture pour chercher ledit mot, tout en tournant les pages.

Si l'envie vous prend de voyager avec Gulliver, je vous conseille l'une des nombreuses adaptations cinématographiques (sous différents formats : film, téléfilm). J'ai même constaté qu'un film d'animation japonais s'en était librement inspiré pour donner « Les voyages de Gulliver dans l'espace » (Garibâ no uchû ryokô) réalisé par messieurs Masao Kuroda et Sanae Yamamoto en 1968.
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De l'orgueil.
Les voyages de Gulliver à Lilliput et ailleurs nous amènent à considérer la position d'un voyageur « civilisé » vis à vis d'autres civilisations. Comme dans n'importe quel récit de voyage, qu'il s'agisse de littérature relevant de l'imaginaire ou de littérature plus scientifique,je pense surtout aux écrits des navigateurs qui rapportent leurs expéditions, le voyageur, tel un colon, se pense plus grand que les autres, il se voit comme un géant, comme un dominant. Mais Gulliver se retrouve très vite et en fait, dans le départ, dans la situation inverse, puisqu'il se retrouve dans la position du prisonnier ou de l'invité, en situation donc de subordination vis à vis de ceux qui l'accueillent, qu'ils soient agressifs (ce qui est rare) ou de bons hôtes, tellement bons parfois qu'ils se ruineraient, comme les Lilliputiens, pour satisfaire son appétit d'ogre. Après Lilliput, Gulliver se retrouve dans la position inverse puisqu'il se retrouve rétréci dans un monde de géants. Et c'est là qu'il en prend un coup à son ego, traité qu'il est comme un animal de foire, comme un animal, comme une vulgaire poupée de chiffon, et il se retrouve même maltraité par un singe. En même temps, en plus de traiter de l'orgueil de tout un chacun, Swift nous parle de l'orgueil des nations et se moque allégrement des peuples colonisateurs, européens (l'Angleterre, la France, l'Espagne, et cie), et par la bouche des autres peuples imaginaires, il accuse les Européens de corruption, dans tous les sens du terme. En effet, Gulliver a beau être un hôte bien élevé, dès qu'il parle de son pays, l'Angleterre, il horrifie ses auditeurs qui découvrent que les Européens sont non seulement denués de raison mais pire, de vertu. Et il s'amuse même en insultant les Européens non pas par l'entremise directe de Gulliver mais en donnant la parole à des chevaux bien plus raisonnables que les humains (c'est en tout cas l'avis de Gulliver). À Laputa, où Gulliver découvre une île flottante et un peuple d'intellectuels ou non plutôt de pédants, de rêveurs dépourvus de bon sens, il s'attaque non pas tant à la vertu mais bien plus à la raison et plus précisément à la science. Dans son voyage précédent, déjà, les géants se moquaient de la technologie, de la poudre à canon par exemple, accusant la technologie de servir le chaos et non l'ordre (Gulliver leur ayant parlé de la guerre, se faisait dans sa description enthousiaste de la guerre plus violent que des géants, ce qui n'est pas sans rappeler certains journalistes qui nous décrivent avec emphase les canons Caesar mais passons). Pour en revenir à Laputa, les ingénieurs, les scientifiques et cie, passent leur temps à faire des calculs compliqués et à viser la Lune mais n'ont vraiment pas les pieds sur terre et ce peuple de géomètres et de philosophes sont plus tournés vers le soleil et vers la lune que vers leur île ; et ils ne sont pas sans rappeler eux qui sont censés être des « lumières », au contraire, des obscurantistes, qui passent leur temps à tenter de démontrer des inepties. Ils craignent sans cesse qu'une comète ne détruise leur planète (voir l'expérience récente de la NASA censée nous démontrer la toute-puissance de la technologie et la suprématie de la science), ils sont aussi effrayés par l'idée que le soleil ne brûle leur planète (réchauffement climatique), et ils pratiquent la géo-ingénierie, décidant de provoquer des sécheresses, en privant telle ou telle partie du monde de pluie, pour se défendre de toute sédition et de toute protestation … C'est à se demander où Swift est allé chercher ses idées, là encore ?! Sûrement chez des complotistes de son temps. Chez les Balnibarbes, il a encore toute une réflexion sur l'écologie en opposant deux parties de la population : il y a la majeure partie du peuple qui vit sur une terre stérile, dans des maisons en ruines, et le peuple se retrouve en haillons et il y a une minorité de personnes qui vit dans des maisons plus honorables, entourées de jardins et de terre fertile alors Gulliver demande l'explication et on lui explique que l'innovation, dans ce pays, a engendré des terres stériles et a fait que le savoir-faire s'est perdu, alors qu'une maigre partie de la population, moquée par les autres, s'est au contraire attachée au savoir-faire de leurs ancêtres, aux techniques agricoles anciennes, et a su se préserver du progressisme … Mais on accuse ces derniers de nuire au bien général du pays, bien qu'il s'agisse des rares qui arrivent à nourrir les autres … On voit bien dans ces extraits où se situe Swift dans la « Querelle des Anciens et des Modernes » qui me paraît plus politique que littéraire, in fine … Sa critique de la science, à Laputa, s'attache énormément à la question de l'écologie, comme je le disais et s'intéresse donc aussi à l'alimentation et je dois dire que j'ai bien ri lorsque Gulliver rencontre en visitant l'Académie un microbiologistes qui a pour tâche de, je cite, « reconstituer les éléments des matières ayant servi à l'alimentation, pour les faire retourner à l'état d'aliment ». Cela expliquerait le pourquoi des matières fécales dans l'alimentation (voir l'affaire des tartes au - chocolat – (Veuillez remplacer par le terme adéquat) d'Ikea). Pour aller plus loin, j'ai lu après avoir fini les Voyages de Gulliver, sa Modeste proposition : Pour empêcher les enfants des pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public et je dois dire que cette modeste proposition, que cette idée-là, est encore plus ignoble que l'idée du microbiologiste mais je n'encourage pas pour autant le microbiologiste à poursuivre ses études.

Mettons fin à mes digressions sur la science et mettons fin aux voyages de Gulliver, en nous arrêtons sur cette dernière recommandation des Houyhnhnms : Que les Européens, etc. et autres superpuissances s'arrêtent un peu de temps en temps et qu'il serait inutile voire dangereux pour les pays visités d'être colonisés par eux et qu'il serait judicieux au contraire de les laisser se faire civiliser, dompter, par les Houyhnhnms. Gulliver est d'accord avec les Houyhnhnms car en présence des Houyhnhnms et de tous ceux qu'il appelle ses « Maîtres » lors de ses voyages, il s'est rendu compte que les Européens, et même par extension, les humains en règle générale, les yahous, sont des êtres tellement imparfaits, tellement monstrueux, qu'il finit par en avoir horreur et devient misanthrope, lui qui a parcouru le monde et rencontré tant de personnes étonnantes … et il finit par se replier sur lui-même, se sentant toujours à la fin, sans doute supérieur à ses semblables ? Ou la raison n'est-elle pas au contraire qu'il a pris une telle leçon d'humilité sur lui-même et sur ses semblables, sur sa nation vis à vis d'autres nations, et même sur son espèce vis à vis d'autres espèces, qu'il se sent trop « yahou » pour pouvoir revenir à la civilisation ? Ce qui explique pourquoi il s'ensauvage, à la fin … Et Swift lui-même après les Voyages de Gulliver, manque de se retrouver cannibale (mais dans l'intérêt de la civilisation là par contre !)
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ce livre est très beau et bien écrit c'est un classique de la littérature en plus je l'ai découvert sur une brocante derrière des tonnes de vieux magasine mais je ne regrette pas ma trouvaille je le conseille au jeune et au moins jeune car peut être cette histoire vous transporteras bonne lecture
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Roman de Jonathan Swift. Lettre S de mon Challenge ABC critiques Babelio.

Voyages dans plusieurs régions éloignées du monde par Lemuel Gulliver est le titre complet de ce récit de voyage. Gulliver, médecin de formation, embarque à plusieurs reprises sur des navires marchands et, suite à des avanies ou des trahisons, échoue sur les côtes de territoires inconnus peuplés de civilisations extraordinaires. À Lilliput, il rencontre des êtres si petits qu'il pourrait les glisser en ses poches. À Brobdingnag, c'est lui qui rentre dans les poches. À Laputa, il découvre une île volante qui se déplace grâce à la force conjuguée d'un aimant sur un socle de diamant. Balbinarbi abrite une académie de savoirs hétéroclites. Glubbdubdrib et Luggnagg ont tout autant de mystères et de prodiges à présenter. Fidèle sujet du royaume anglais, il est convaincu que son pays surpasse en toute chose les autres territoires. Ce n'est que chez les Houyhnhnms qu'il prend en horreur le genre humain et s'entiche des chevaux, race qu'il estime être la plus évoluée et la mieux civilisée.

Gulliver a le goût du voyage et de la découverte. Mais le voyage en lui-même n'est jamais qu'un moyen, au demeurant très court : les périples en mer ne durent que quelques pages voire quelques paragraphes avant le naufrage ou le débarquement. Une fois rendu sur place, Gulliver ne voyage plus, il découvre et compare. L'Angleterre est son pays de coeur, mais il n'y reste jamais. Il soupire après sa terre natale dès qu'il en est éloigné, mais il reprend la mer dès qu'il a rejoint les rivages de la grande Albion. Ainsi qu'il le dit, "[sa] soif de découverte, malgré [ses] infortunes passées, restait aussi vive que jamais." (p. 220) Gulliver n'ignore rien des dangers au devant desquels il s'élance en reprenant la mer. Mais c'est son récit a posteriori qui en témoigne. Dans son dernier voyage, Gulliver a risqué plus que sa vie : il a mis sa raison et son identité au pilori.

D'un monde à l'autre, Gulliver compare toute chose à l'univers dont il est issu. Les mesures et disproportions sont sujets d'émerveillement dans les deux premiers pays qu'il découvre. Mais chaque retour au pays est l'occasion de quelques paragraphes cocasses dans lesquels on découvre que Gulliver a bien du mal à retrouver la normalité de son univers. Pétri et parfois acquis aux découvertes qu'il a faites en terre inconnue, il pose sur son univers le regard d'un étranger.

Jonathan Swift emprunte à de nombreux genres littéraires pour composer son texte : le récit de voyage est une trame générale dont les ressorts sont déviés et nourrissent le ton parodique et satirique. le conte philosophique croise le récit de moeurs et l'étude sociale. La volonté encyclopédique et linguistique affrontent le traité spirituel et mystique. Jonathan Swift n'a de cesse de faire répéter à Gulliver ses bonnes intentions. le héros est précis et consciencieux dans les descriptions qu'il donne, même pour les sujets les plus ingrats : "J'espère que l'indulgent lecteur me pardonnera de m'attarder sur ce genre de détails qui, même s'ils semblent insignifiants aux esprits vulgaires ou serviles, enrichiront sans doute les pensées et l'imagination du philosophe au progrès de la vie publique et privée." (p. 151)

L'auteur glisse entre les lignes des critiques plus ou moins subtiles sur la société de son temps, sur les ennemis de l'Angleterre ou certaines professions dont il dresse des portraits peu flatteurs (avocats, médecins, etc.) Sympathisant des Whigs, il ne cache pas un certain mépris pour la noblesse: "Un corps faible et maladif, une physionomie décharnée, une complexion jaunâtre sont les signes distinctifs d'un sang noble ; un aspect sain et robuste est chose si honteuse chez un homme de qualité que le monde est aussitôt persuadé que son père était un valet ou un cocher." (p. 340) Néanmoins, Gulliver ne manque jamais de présenter ses plus profonds respects aux monarques des peuples chez qui il séjourne. Aussi affable et sociable que soit le personnage, il est impossible de ne pas déceler en lui un fond de rouerie et une capacité hypocrite à tirer le meilleur parti de toute situation.

Gulliver est un héros ambigu. Il découvre et expérimente de grandes choses : en ce sens, il se démarque du reste de la société humaine. Mais, tout en clamant sa bonne foi et en insistant sur la pureté de ses vertus, il démontre à plusieurs reprises qu'il est doté d'un orgueil susceptible et qu'il est assez peu capable de tolérance : en bon occidental conquérant qui se respecte - et bien que le terme soit anachronique - Gulliver témoigne de l'ethnocentrisme dont font preuve les explorateurs et les colonisateurs. Il réduit tout à sa personne et à son univers. Même s'il est avide d'apprendre la langue des peuples qu'il traverse, il ne s'en sert pas pour échanger, mais plutôt pour se convaincre que sa raison est la meilleure. Heureusement, Jonathan Swift rabat le caquet de cet odieux petit personnage en le confrontant à une civilisation où le cheval est roi et où l'homme n'est qu'un infâme animal.

Voilà un texte absolument délicieux ! La finesse de la critique n'entrave pas l'humour et la qualité du récit est indéniable. Si Jonathan Swift, en bon anglais, porte de nombreux coups de griffe à la France, il n'épargne pas non plus l'Angleterre et la satire n'en a que plus de poids. C'est un texte à faire lire aux adolescents. La langue est certes soutenue et il faut souvent se référer aux notes en fin d'ouvrage, mais ce roman a de quoi séduire les lecteurs avides d'aventures et de mondes extraordinaires.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Certainement un grand classique de la littérature irlandaise. Si la description des populations découvertes (nains ou géants) n'est jamais très loin de la satire sociologique de son époque, Swift nous apprend surtout le sens du mot "étranger" et tout le travail de tolérance qui nous est nécessaire pour rester humains.
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Dernier jour de confinement, il fallait bien que je voyage littérairement avant de pouvoir le faire en vrai. Comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, j'ai adoré !

J'ai aimé Gulliver, ses voyages, l'ingéniosité de l'auteur, c'est un beau conte mais je ne sais pas s'il s'adresse vraiment à un public jeunesse, il y a de sacrés pavés dedans. Il est construit comme un roman jeunesse mais écrit comme un roman jeune adulte, au moins pour des enfants qui ont une certaine habitude de la lecture.
Les récits des voyages sont originaux, l'auteur décrit non seulement les moments positifs mais aussi les moments où son personnage s'en prend plein la tête, il le met vraiment en danger, il n'est pas seulement une aventure idéalisée, j'ai beaucoup aimé ceci.

Le style direct m'a également plu, cela m'a permis d'entrer rapidement dans les récits et de lui donner une dimension quasi réelle. Gulliver n'est pas un héros, il sait faire preuve d'ingéniosité mais comme dit plus haut, il peut lui arriver de se mettre en danger sans trop le savoir. C'est aussi un risque dans ce type de voyages, c'est l'aventure, on découvre des contrées lointaines, mais il franchi plusieurs fois le pas de l'inconscience, il en devient très humain et crédible.
Pour notre époque il n'a pas si mal vieilli, l'imaginaire développé dans le roman n'est pas du lu et relu, d'ailleurs je ne crois pas qu'il ai été adapté en film ou en animation, il mériterait, je vois bien un Tim Burton façon Charlie et la chocolaterie. Ce serait bien de garder les critiques faites par Swift, il tacle pas mal pour son siècle mais trouve écho de nos jours aussi.

Un bouquin à lire.
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J'ai vu deux adaptations de ce livre qui m'ont beaucoup plu ! J'ai trouvé, au CDI de mon lycée, le livre, j'étais très contente !

J'en suis à la première partie "Voyages à Lilliput". Les chapitres sont courts et le passage où les Lilliputiens et Blefuscudiens faisaient la guerre à cause de la manière de casser les oeufs m'a amusée.

Ce livre permet de nous évader vers des mondes inconnus et découvrir une portée philosophique sur ce conte (qui est fait pour cela d'ailleurs).

Au fait... je suis petitboutienne... ne le dîtes à personne, je compte sur vous...
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