C'est avec curiosité que j'ai découvert ce livre. J'ai eu, au début, un peu de mal à me plonger dans ce récit et puis finalement, j'ai apprécié ma lecture.
Il faut dire qu'il faut se plonger dans un monde qui n'est pas le nôtre, qui a été le nôtre et qui, depuis la Fracture, est un monde de chaos. Tous prient l'Unique, et l'Oracle a des visions sur l'avenir – vision qu'elle ne peut parachever qu'en faisant des sacrifices, comme si, pour moi, le retour au chaos était aussi un retour à la barbarie. Et pourtant, dans le temple de l'Unique, tout semble bien aller, surtout pour Pomme et Yaël, enfants-magiques qui vivent une existence heureuse, choyée, protégée, jusqu'au jour où, presque malgré elles, elles bravent un interdit et se retrouvent chassée dans le monde sauvage pour l'une, emprisonnée en attendant de l'être pour l'autre. Cet élément perturbateur n'a pas été sans évoquer pour moi le paradis perdu – mais était-ce vraiment que le paradis que ce temps, ce monde, qui n'hésite pas à châtier ceux qui ne rentrent pas dans le rang, ceux qui perturbent, ceux qui voudraient en savoir plus sur le passé. Oui, un savoir est distillé, savamment, mais pas suffisamment pour permettre de réellement avancer.
Yaël n'aura pas d'autres choix, elle qui se retrouvera confrontée à ses fameuses Bêtes, qui effraient tant. Forme primitive de l'animal ? Pas vraiment. Celles-ci ont gardé la mémoire du passé, ont appris de ce qu'elles ont vécu, et refusent toute forme de domestication. Elles dissimulent aussi un mystère, des éléments du passé que le temple ne tient absolument pas que l'on découvre. Pour Yaël, et pour d'autres, il faudra aller au-delà de la peur, prouver qu'une cohabitation est possible entre l'homme et l'animal. Dans notre monde (actuel), cela ne paraît pourtant pas gagné.
Yaël et Pomme. Les êtres vont par deux, à l'image, aussi, des tueurs lancés à leur poursuite, à l'image aussi de celle qui leur viendra en aide, Bintou, personnage dotée de dualité, personnage qui mettra du temps à leur révéler ses secrets, parce qu'il fallait du temps, parce qu'il fallait ne pas effrayer la jeune fille qu'elle avait prise sous sa protection. J'admets que les passages où apparait Bintou sont ceux que j'ai le plus apprécié. J'ai moins aimé la partie, qui débute dans une ellipse temporelle, dans laquelle Yaël se perd auprès d'autres mages. Des épreuves en plus, certes, une autre connaissance du monde en dehors des forteresses, mais cela ne m'a pas beaucoup intéressé, je ne me suis attachée à aucun des nouveaux personnages rencontrés, j'ai simplement aimé revoir, encore et toujours, Moustache, le chat géant (tous les animaux en dehors du temple ont subi des modifications) qui vient en aide à Yaël : tous les deux se sont fortement attachés l'un à l'autre.
Le temps. Il est un autre élément très important parce que Pomme – et d'autres – ont la capacité de remonter dans le temps, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Oui, ce pouvoir peut faire peur, parce que l'on modifie son avenir, celui des proches, parce que ceux qui ont planifié l'avenir des autres ne tiennent pas à ce que certains faits puissent être changés. Ce pouvoir n'est pas sans conséquence – physique, mental – pour celles qui l'exercent (le pouvoir est ici féminin) – mais si la possibilité de modifier un événement douloureux était permis, ne le ferait-on pas ?
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