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EAN : 9782070411931
237 pages
Gallimard (25/04/2000)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Brimé par la riche veuve qui l'a sauvé du suicide, Laurent Malijai trouve secours auprès de la jeune bonne de la maison, Charlotte, qui devient sa maîtresse, le pousse à éliminer son tyran et finit par provoquer elle-même « l'accident » libérateur.
Mais cet accident n'a pour effet que de plonger Hélène dans une totale amnésie dont elle peut sortir un jour ou l'autre pour confondre Charlotte. Cette amnésie a fait d'elle une nouvelle femme, douce, sensible, att... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Parfois, souvent, la lecture d'une 4e de couverture vous donne envie de lire un roman.

D'autres fois, il est préférable de ne pas s'y référer.

C'est heureusement ce que je fis avec « Une femme de trop » de Louis C. Thomas.

Pourquoi ?

Tout simplement parce que : Louis C. Thomas (1921-2003)…

Oui, ce nom n'évoque probablement rien à la plupart d'entre vous.

Pour d'autres, il remet peut-être en mémoire certains épisodes de la très ancienne et mythique série « Les cinq dernières minutes » dans laquelle l'inspecteur Bourrel, interprété magistralement par Raymond Souplex, résolvait les enquêtes en clamant « Bon sang, mais c'est bien sûr ».

On peut également, toujours pour les plus anciens, se souvenir des pièces radiophoniques qu'il écrivit.

Enfin, la plupart de ceux qui le connaissent penseront aux nombreux romans policiers qu'il écrivit.

Mais, pour moi, Louis C. Thomas, de son vrai nom Louis Thomas Cervoni, est avant tout René Thomas, un auteur de fascicules policiers qui, pour les éditions Ferenczi et sa collection « Mon Roman Policier » dans les années 1950, mit en scène le personnage de l'inspecteur Lémoz dans plus d'une dizaine de titres sous la forme de fascicules de 32 pages (récits d'environ 10 000 mots).

J'avais dégusté l'ensemble de ces aventures.

Pour en revenir à l'auteur, il est important de noter qu'il est devenu écrivain après avoir perdu la vue.

Depuis ma découverte de ces fascicules, j'attendais d'avoir l'opportunité de découvrir la plume de l'auteur dans un format un peu plus long, mais je craignais également celle-ci puisque les titres les plus faciles à trouver étaient également les plus récents et que les sujets de ces romans n'étaient pas forcément ceux qui m'intéressent le plus.

Et c'est le cas de « Une femme de trop ».

Laurent Malijai est un jeune romancier persuadé d'avoir du talent. Aussi se lance-t-il à corps perdu dans la recherche d'un éditeur pour son petit bébé… Mais, après divers refus, il sombre dans le désespoir et décide de se pendre à un arbre, dans une forêt.

Mais il est sauvé in extremis par une jeune femme en train de chasser sur sa propriété.

Celle-ci le ramène chez lui et, décrétant qu'il lui doit la vie, décide de l'épouser et de lui faire profiter de sa richesse…

Mais Laurent Malijai se retrouve rapidement sous le joug de celle qui l'a sauvé et subit brimade sur brimade sans jamais se rebiffer.

La pire étant quand sa femme jette son dernier manuscrit au feu, le considérant trop mauvais.

C'est la goutte d'eau qui le jette… dans les bras de la jeune bonne qui, quelques jours auparavant, découvrant par hasard le manuscrit en l'absence de ses maîtres, en avait fait faire une copie pour le lire tranquillement.

S'en suit alors une romance entre la bonne et le mari.

Puis, lors d'une partie de pêche, l'épouse, prise par la tempête, manquant de se noyer, est projetée sur les rochers et heureusement retrouvée, mais inconsciente, proche de la mort.

Quand elle se réveille, elle est devenue amnésique… mais également une tout autre femme. Plus douce, moins autoritaire, plus attentionnée… une femme dont le mari tombe lentement mais sûrement amoureux, au grand dam de la bonne…

Mouais, j'avoue que le résumé ne donne pas envie… en tous cas, il ne me donne pas envie. Pour cela que je disais qu'heureusement je n'avais pas lu la 4e du roman.

Pourtant, au début de ma lecture, je voyais bien où se dirigeait l'auteur, vers quoi il attirait le lecteur et j'avoue que cette perspective ne me réjouissait pas et que je n'étais pas loin d'abandonner ma lecture.

Oui, mais voilà, l'auteur n'est pas n'importe qui et, même avec un sujet qui ne m'attire pas, sa plume, elle, parvint à me captiver suffisamment pour me pousser à poursuivre ma lecture.

Et, malgré le sujet, malgré les personnages assez peu attachants (une femme autoritaire et hautaine, un mari lâche, une bonne hystérique…) je suis allé au bout du roman et j'ai même apprécié celui-ci, une chose que je ne m'imaginais pas.

Car, Louis Thomas Cervoni possède cette qualité de captiver le lecteur, de mener sa barque et d'y faire monter ses passagers, de manier l'âme humaine, les sentiments et les rancoeurs (il devait en connaître un rayon sur le sujet). Il connaissait la dépendance, affective, physique… et peut-être aussi la lâcheté et la peur de l'inconfort et de l'incertitude.

Bref, il parvenait à retranscrire parfaitement sur le papier le pire et le meilleur de l'être humain tout en maîtrisant parfaitement la narration et la mise en place d'une intrigue…

Au final, avec une intrigue totalement inintéressante pour moi, Louis C. Thomas parvient à me proposer un roman qui est parvenu à me séduire, ce qui est un tour de force que peu d'auteurs seraient parvenus à faire.

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Un huis clos à trois personnages : Laurent Malijai, devenu le jouet de la riche veuve, Hélène, qui l'a sauvé du suicide ; Charlotte, la bonne de la maison, devenue la maîtresse de Laurent et qui avoue avoir causé l'accident qui a rendu Hélène amnésique... Et un crime dont, jusqu'à la fin, personne ne sait qui en sera la victime, ni même qui en sera l'auteur.

J'ai vraiment bien aimé ce livre, l'histoire tiens le lecteur en haleine. Rapide a lire !
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Après tout, Charlotte n’était qu’une passade et s’il fallait rompre… Il n’acheva pas sa pensée, se traitant d’ingrat. Pire, de salaud. D’ailleurs, même s’il n’avait eu aucune dette envers elle, et il en avait une immense, aurait-il vraiment eu envie de rompre ? Du bruit dans la chambre de sa femme le tira de son inconfortable méditation. Les deux pièces étaient contiguës sans communication. Leurs joutes amoureuses avaient toujours lieu chez Laurent. Elle y venait selon sa fantaisie et sans solliciter son accord. Jamais de sentiment mais une jouissance physique aussi intense que la première fois sous le chêne d’où pendaient la corde et son nœud coulant. Ensuite, sans remerciements ni mots tendres, elle réintégrait sa chambre où elle aimait préserver son intimité. Son intimité, tu parles ! Il cogna à la porte qu’il ouvrit sans attendre de réponse. Hélène avait déjà troqué son jean délavé contre un élégant pantalon de velours noir. Les bras tirés en arrière, elle s’efforçait d’agrafer dans son dos un soutien-gorge balconnet du plus heureux effet. « En voilà une façon de faire irruption, lança-t-elle sans aménité. Qu’est-ce qu’il te prend ? — Ce serait plutôt à moi de te demander ce qu’il t’a pris de revenir si vite. — Parce qu’il me faudrait une permission pour rentrer chez moi ? » Il préféra couper court. « J’étais un peu inquiet, voilà tout. Inquiet de ton retour inopiné. Si tout va bien, je vais te laisser. » Alors, probablement parce qu’il ne réclamait aucune explication, elle en fournit une. « J’ai rendez-vous à 13 heures à Saint-Tropez. Je déjeune avec Joëlle Griffi, la secrétaire de M e Amal. » M e  Amal était son notaire comme il avait été le notaire de feu son mari Ernest Céron. Après avoir réglé la succession, il avait pris en charge la gestion de la fortune d’Hélène composée de biens mobiliers et immobiliers dont certaines de ces fameuses « Résidences de l’Avenir ». Elle avait en lui une entière confiance, profitant ainsi – selon sa propre expression – des avantages de la richesse sans en avoir les inconvénients. Elle avait ramassé sur son lit un pull-over blanc qu’elle se mit à enfiler par-dessus sa tête. Le lainage étouffait sa voix. « Je ne suis pas en avance. Tu me rendrais service en sortant la voiture. » Heureux de la diversion, il ne se le fit pas répéter. « J’y vais. »
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Dire que, sans l’intervention intempestive d’Hélène, il n’aurait plus de problèmes, plus jamais ! Tout à coup – les effets du whisky ? – il pique une colère d’autant plus violente qu’elle est subite contre cette étrangère qui s’est mêlée de ce qui ne la regardait pas. Rien que pour lui montrer qu’il n’est pas à sa botte, il lui dira le fond de sa pensée quand elle reviendra.     Il ne lui a rien dit du tout. Assise en face de lui, elle est remise à neuf : coup de peigne dans des cheveux savamment ébouriffés, fin corsage blanc presque transparent, jupe de flanelle grise remontant sur des cuisses qui font rêver. Non, il ne veut pas rêver. Sa colère pas encore éteinte se traduit par une agressivité maladroite. « Qu’est-ce que tu vas faire de moi à présent ? » Il s’aperçoit trop tard que la formulation de sa question admet implicitement qu’il est à la merci de son hôtesse. Elle s’empresse de saisir la perche qu’il lui a ainsi tendue. « Je ne vais pas faire. J’ai fait. J’ai fait de toi un homme qui me doit la vie. — Je ne t’ai rien demandé. — Le nouveau-né n’a rien demandé non plus. — En somme… » Le fond de son verre qu’il boit d’un trait lui provoque une quinte de toux et lui insuffle la force de persifler. « En somme tu te considères un peu comme ma mère. — En quelque sorte, oui. Puisque, à cette heure, sans moi tu n’existerais pas. — Une mère incestueuse alors. »
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Paradisiaque !… Infernal !… Laborieux !… Pour Laurent, ces trois adjectifs suffisaient à résumer l’ambiance des quatre jours qui avaient suivi. Paradisiaques étaient les moments qu’ils vivaient avec Hélène, depuis leurs étreintes amoureuses jusqu’aux incursions dans les villes voisines, en passant par des promenades champêtres ou de folles randonnées en Ferrari. Infernale était la présence de Charlotte. A sa jalousie chronique s’ajoutait l’inquiétude latente née des réminiscences inconsciemment manifestées par sa patronne à propos du massage. La cheville douloureuse avait guéri du jour au lendemain et, depuis, personne n’y avait fait allusion. Personne sauf Charlotte qui revenait en leitmotiv sur le sujet chaque fois qu’elle était seule avec son amant. Elle l’avait exigé, leurs retrouvailles dans sa chambre avaient recommencé et, chose promise chose due, Laurent avait récupéré les deux photocopies de son roman. Laborieuses, les heures qu’il passait à son bureau penché sur son manuscrit, l’étaient plus que jamais. Il s’évadait des contingences quotidiennes par la création littéraire. Sa femme avait enfin lu les quelque trois cents pages constituant maintenant le manuscrit et son admiration n’était pas pour rien dans l’ardeur au travail de l’auteur.
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« Auteur
malchanceux du Conquérant Laurent Malijai se donne la mort »…
« Parce qu’il avait trop de talent, le romancier Laurent Malijai se tue,
victime de l’incompréhension des éditeurs »… « Laurent Malijai se
suicide après avoir vainement tenté de faire éditer Le Conquérant, roman
qui aurait pu être un best-seller »…

On parlera de
lui, on parlera de son œuvre, il ne sera pas mort pour rien.

Il a placé le
nœud coulant autour de son cou, s’est approché tout au bord du rocher. Son cœur
ne bat pas plus vite que d’habitude.

Ça y est, il a
sauté ! Il n’a ressenti aucune douleur. Un choc plutôt, suivi d’un début
d’asphyxie comme si le nœud coulant refusait de remplir rapidement son office.
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« J’ai tous les
droits dans ma maison ! »

Ma maison, ma
voiture, mon argent, mon mari. Le mari lui appartenait au même titre que tout
le reste. Une fois de plus l’assaillaient les interrogations mille fois
ressassées. Pourquoi subissait-il ces vexations ? Pourquoi ne se révoltait-il
pas ? Pourquoi ne quittait-il pas ce monstre ? Pourquoi ?
Pourquoi, bon Dieu ?

« Parce que
je suis un raté, un pauvre type, un bon à rien. »

Parce que,
surtout, il continuait d’avoir vis-à-vis d’Hélène ce complexe d’infériorité né
le jour de leur dramatique rencontre. Il avait alors vingt-quatre ans…

 
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