L'auteure se définit ainsi sur son blog et sur le site des éditions incognito qu'elle a fondées pour publier ses livres et d'autres par la suite. Inspirée par les réactions parfois très violentes autour de son premier livre
Sexuel transfert, elle a conçu une version collector de 7 exemplaires en sus du tirage normal de celui-ci. Cette version s'intitule Version spéciale pour misogyne et incluse un sac vomitif attaché en 3ème de couverture…
Impossible de parler de ce livre sans parler de l'auteure : lire
Archéologie d'une faille, écrit à la première personne, c'est comme regarder par le trou de souris dans la vie de
Sophie Taam ; on ne peut faire la part des choses entre sa propre vie d'artiste et la vie de son héroïne. Elle se dévoile ici avec une écriture sans faille, contrairement au titre de l'ouvrage.
Oeuvre complexe que j'ai lue à petites doses car elle aborde tout autant la philosophie, la psychanalyse, que l'art. Tout ici est conceptualisé tant sa démarche de chanteuse lyrique, de lectrice, d'écrivaine que ses performances, ou de ses installations, tout entre dans le même concept.
Sorte de journal, il nous fait vivre le quotidien d'une artiste qui fait une critique très acerbe du monde artistique contemporain, tout en désirant être reconnue par lui… »Désir », le mot est lâché, c'est bien de désir ou de la difficulté du « non-désir » dont il s'agit en fait tout au long du livre. Désir de réussir sa vie comme elle l'entend, c'est-à-dire comme artiste, en quittant la vie confortable que ses parents voulaient pour elle, désir d'être comprise, d'être aimée et d'aimer et absence de désir physique.
Au fur et à mesure de la lecture, le personnage, qui se dit elle-même maniaco-dépressive, dévoile une certaine schizophrénie qui est vraiment évidente lorsqu'elle a trop bu. Elle oscille alors entre la séduction et le rejet. Et même lorsqu'elle n'a pas bu, elle semble ne jamais arriver à vivre l'instant présent avec un homme, elle se dédouble et se regarde…
En parallèle avec son parcours d'artiste, nous suivons aussi son parcours psychanalytique. Après bien des déboires, elle arrive enfin à trouver « le psy », hors norme comme elle-même, qui va l'amener, avec brio, à découvrir l'acte horrible, enfoui tout au fond de son inconscient, qu'elle a subi toute petite fille. Comme pour le livre de
Christine Detrez, je ne peux pas vous en dire plus ! Et même si j'ai lu celui-ci plus lentement, il ne m'a pas lâché un instant. Là aussi c'est « une histoire de trahison de l'enfance » et lorsqu'elle retrouve ses souvenirs, tout s'explique pour la lectrice que je suis.
Quant à l'héroïne, après le choc, violent mais nécessaire, il ne lui reste plus qu'à en mourir ou à décider de vivre avec, et de faire enfin confiance à l'Autre.
Marie-Noël Arras, A livres ouverts, revue Etoile d'encre
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