Olivia Tapiero a 22 ans. C'est une jolie jeune femme juvénile et souriante, réservée qui ne laisse absolument pas présager, au premier abord, la noirceur qu'elle a mis dans son histoire, ni la profondeur de son propos. J'ai commencé son roman le soir même et j'ai été happée par son récit.
Tout d'abord, l'écriture est magnifique. Légère, aboutie, poétique… belle tout simplement. On prend le temps de savourer les mots, les phrases, les idées.
L'histoire, au contraire, est loin d'être légère et douce. Noire, pesante, oppressante, elle laisse juste filtrer à quelques rares moments la poésie de la vie, comme de faibles rais de lumière à travers des volets clos.
Lola, l'héroïne, a du mal à communiquer. Ses tendances asociales et son repli sur soi seront exacerbés le jour où elle sera confrontée à la mort de sa colocataire, qui pourtant ne lui était rien. Elle deviendra l'Absente à laquelle Lola contera son quotidien. Elle glissera alors dans un espace-temps sans vie, s'abandonnant au ballotement des jours et des rencontres, et bien qu'elle laisse entrer les autres dans son monde, elle se refusera à entrer dans le leur. Communiquer lui est devenu vain et inutile. Elle prend mais ne donne rien.
Paniquée par le blanc qui la hante et la happe, Lola n'est qu'un spectre qui traverse le temps, se questionnant sur le sens de la vie et de la mort et sur le pouvoir que l'on a de maîtriser sa mémoire et l'oubli. Elle semble avoir compris trop tôt l'instabilité fondamentale de toute vie humaine et la laideur du monde.
On aimerait la plaindre, la choyer, la sauver mais son attitude distante et froide ne la rend pas sympathique et nous met à distance sans qu'on arrive à ressentir de la compassion pour elle. Je pense que l'auteur l'a voulu ainsi. Lola est tout le contraire d'une héroïne.
Etrange et beau roman que celui-ci. Etrange car anachronique, en dehors du temps présent et des tendances littéraires ; loin de l'univers qu'on imagine être celui d'une jeune femme de 22 ans. Beau par la lumière qui émane des images qui s'en dégagent et en même temps tellement tourné vers la noirceur de l'être humain.
Ce roman sensible reste longtemps au coeur. L'histoire d'une errance portée par le souffle poétique d'une jeune auteure qui risque de compter.
Lien :
http://argali.eklablog.fr/es..