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En commençant Baroque Sarabande de Christiane Taubira, je ne savais pas trop à quoi m'attendre… Cet essai est présenté comme un hommage personnel à la littérature mais le parcours politique de son autrice brouillait un peu les pistes dans mon esprit.

La sarabande est une danse lente, rythmée si elle vient d'Espagne, grave et proche du menuet si l'on pense à son ancienne assertion française. Dans un sens plus familier, on parle de sarabande pour qualifier du tapage, du désordre bruyant… Ces différentes images, appliquées aux lectures de Christiane Taubira m'intriguaient et me plaisaient bien, synonymes de fantaisie et d'originalité.
Le côté baroque ajoutait du piment et du mystère… Fallait-il se cantonner au mouvement littéraire des XVIème et XVIIème dont les auteurs et artistes qui s'y rattachaient recherchaient la beauté dans l'imperfection, donnaient la primauté à la sensibilité, refusaient tout classicisme ? Je préférais, de loin, y lire un sens plus général de bizarre, hors norme, y retrouver une forme de liberté de choix et d'expression.

Un titre bien choisi pour ce livre dont la narration m'a un peu fait penser à la posture de Patrick Chamoiseau quand il évoque sa « sentimenthèque » à propos des lectures qui l'ont construit…
Des chapitres courts, autour de réflexions à la fois ciblées et ouvertes bien au-delà des problématiques évoquées, une écriture belle et maîtrisée, un univers référentiel que je partage souvent… En effet, j'ai beaucoup étudié, entre autres, les littératures post-coloniales et, pour le reste, nous faisons partie de la même génération (je n'ai que sept ans de moins…).
Trois parties non titrées, avec seulement une citation en épigraphe qui en donne la tonalité : Sony Lambou Tansi, Gaston Bachelard, George Orwell

Un essai que j'ai davantage feuilleté et parcouru que vraiment lu ; j'ai souvent picoré au gré des pages quand mes yeux trouvaient un nom connu, ma manière à moi de suivre la danse, parfois de loin, parfois partie prenante.

Je retiens de ce livre le côté biographie littéraire, l'importance vitale de la lecture pour affronter le monde, l'atmosphère d'ouverture joyeuse grâce aux livres…

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Les livres ont toujours été des fenêtres ouvertes,des espaces de réflexions qui ont forgé la conscience politique de Christiane Taubira. J'ai aimé ce livre car j'y retrouvé sa force de conviction,son humanisme,son ouverture d'esprit et sa très grande culture.
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Dans cet essai, Christiane Taubira nous raconte son amour des livres. Elle débute par la sonorité des mots et nous chante la mélodie des phrases. D'une écriture viscérale, elle rend le langage vivant.

A travers les auteurs et les oeuvres qu'elle cite, elle nous parle de l'esclavage, de génocides, de luttes anticolonialistes, du pouvoir, de la justice, de la façon dont la littérature et les autres formes d'art comme la peinture ou la danse, nous permettent de nous projeter dans des mondes moins branlants.

Elle évoque également les écueils de traduction et l'importance de la langue maternelle dans nos vies.

Elle souligne l'impact et la sensualité des mots qui nous atteignent alors même qu'ils ont parfois été écrits plusieurs siècles avant notre naissance.

Elle célèbre toutes les langues, celles d'autrefois, comme le latin et le grec, celles d'aujourd'hui et de tous les pays mais aussi les patois, les langues natives et les dialectes. Elle note l'enrichissement de la langue française par des mots étrangers.

La dernière partie de l'ouvrage est consacrée à son propre rapport aux livres, depuis son enfance en Guyane et la force qu'elle en a tiré et qu'elle en tire toujours.

Une véritable ode à l'Art en général et à la Littérature en particulier.

Je recommande.
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Érudition totale, amour de la langue absolue sous toutes ses formes, de chaque région, sous chaque soleil, respect incontestable ! Christine Taubira avec cette verve qu'on lui connaît et sa franchise nous offre une balade à travers la littérature qu'elle aime, les poèmes, la philosophie. J'ai été particulièrement touchée par la valise bleue, remplie de livres qu'elle emmène avec elle, attendrie par les livres et les bd que ses frères et elle cachaient sous les lits ou à d'autres endroits pendant leurs enfance à Cayenne. J'avoue que sans tomber dans le voyeurisme, j'aurais voulu lire encore plus d'intimité et d'enfance.
Ce livre est un hymne à la langue et à la lecture donc mais aussi avec tout ce qui fait pont entre le lecteur et l'écrivain.
"Lire. Toute l'énergie, la passion, le bien-être et le tourment d'une vie ardente"
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Baroque sarabande (Christiane Taubira, 136 pages, Points)
Christiane Taubira faisant l'éloge convenu de Flamby Hollande n'est certes pas à mes yeux le côté le plus attachant du personnage. Mais elle a osé porter le projet de loi sur le mariage pour tous, tenté (avec un succès limité) de desserrer à peine l'étau d'un appareil judiciaire qui ne semble connaitre que la répression. Et elle nous a offert quelques beaux moments d'anthologie à l'Assemblée Nationale. Face à des députés réactionnaires bavant leur vocabulaire restreint en guise d'attaques aussi petites que sournoises, elle répondait parfois avec révolte ou rage, toujours avec force et conviction, souvent avec un humour décapant, et des références littéraires flamboyantes à ces élus de la droite la plus bête du monde et dont le niveau n'atteignait pas la cheville de la ministre, leur clouant le bec et les ridiculisant en citant au débotté des poèmes d'Aimé Césaire.
Quel rapport avec « Baroque Sarabande », ou pourquoi cette diatribe en introduction de cette note de lecture ? Parce qu'en ce qui me concerne, ouvrant ce livre, je ne pouvais faire abstraction du personnage politique, des traces qu'elle a laissées, qu'on les apprécie ou pas, à chacun de faire ses comptes.
Dans ce beau livre CT évoque par touches successives les articulations qu'elle voit entre écriture et mouvements sociaux, en particulier dans l'histoire du colonialisme et des racismes. Elle s'interroge, et nous interroge sur le pouvoir et ses dérives, s'ancrant délibérément du côté des opprimés, sans pourtant aucun angélisme à leur égard. de l'antiquité au monde contemporain, elle convoque la littérature, la musique, la peinture, la photographie, la philosophie, la sociologie... Ses références sont foisonnantes, sans doute même trop, ce qui m'a au début de la lecture plutôt embarrassé, ou même un peu saoulé ; que faire de quinze ou vingt noms d'artistes sur une page, dont dix me sont inconnus ? Au point que je me suis demandé un moment si ça ne relevait pas de l'étalage gratuit et pompeux. D'autant que le texte est fleuri de quelques citations en anglais, non traduites, ce qui me semble ici un double non-sens… Puis j'ai fait avec, tant le contenu se révèle riche.
C'est un livre sur la lecture, ce qu'elle peut ouvrir comme ouvertures vers le large monde, et donc comme possibilités d'émancipation. C'est aussi un livre sur la littérature, mais plus encore sur la langue, les langues et leurs usages sociaux et politiques ; comment elles évoluent au contact les unes des autres, pourvu qu'on ne cherche pas à les étouffer. Elle montre à quel point, en particulier dans les colonies, la déculturation imposée par l'interdiction des langues locales fait des dégâts. Ce livre est un cri d'amour à la richesse et à la variété des langues du monde, contre l'uniformisation culturelle. Et l'éducation massacrée des filles ! Et voilà aussi qu'elle démonte quelques statues : Jack London, des romans duquel elle s'est gavée, mais dont elle rappelle qu'il était raciste ; et Borges, qui soutint les pires dictateurs d'Amérique du Sud dans leurs entreprises de bourreaux ; et Tocqueville l'esclavagiste, puisque pour lui la démocratie était réservée aux blancs. Que de rappels indispensables ! Trois auteurs qu'elle admire pourtant, mais avec une grave lucidité sans compromis.
En filigrane aussi, Christiane Taubira ébauche une sorte d'éthique politique, en convoquant Hugo, Louise Michel, Zola (ce qui explique mon introduction ?)... Un des derniers petits chapitres semble illustrer une vision rêvée de ce que devrait être pour elle un parlement réellement démocratique (une utopie ?)… Tout cela teinté de quelques souvenirs de son parcours personnel, de ses engagements de jeunesse, de jeune femme, noire, résistante.
Mais au final, c'est avant tout un chant d'amour à la poésie des humiliés. Un beau livre, nécessaire, grave et parfois joyeux, un livre de révolte aussi. « Ne pas obéir… Ne se laisser ni asservir ni accabler… (…) Et parfois désobéir ».
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[Petit avis rapide, parce que le précédent s'est perdu dans les méandres des internet et que je suis un peu à la bourre]
Depuis ma petite Belgique, je connais assez peu Christiance Taubira, mais je suis admirative de son parcours, de ses prises de position, des idées que je l'ai entendue exprimer lors d'interviews. J'avais donc très envie de découvrir cet ouvrage, dans lequel elle aborde la langue et la littérature, les auteurs et les ouvrages qui l'ont marquée.
Malheureusement, j'ai eu beaucoup de mal à y entrer et à m'y poser. Il me manquait bien trop de connaissances et de références pour la suivre et apprécier à sa juste valeur le chemin qu'elle nous propose d'emprunter, sans avoir besoin d'effectuer toute une série de recherches. Or, j'étais en vacances, avec une connexion parfois un peu limitée.
En réalité, les passages m'ayant le plus intéressée sont ceux qui la concernent, elle (son parcours, ses études, ses convictions) plutôt que ses lectures, parce qu'elles m'étaient souvent totalement inconnues. Néanmoins, je pense que c'est avec plaisir que je retrouverai sa plume exigeante dans un autre ouvrage... et que je lirai certains des auteurs qui l'ont tant marquée.
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Comme toujours, avant de commencer un livre de Mme Taubira, je me délecte d'avance.
Comme toujours, je peine et me perds dans les multiples références qui m'empêchent souvent d'avoir accès au coeur de la pensée de l'auteure.
Pourtant, je glane ici et là de quoi ravir ma curiosité de lectrice.
Ici, double récompense puisqu'il s'agit des livres et de la lecture.
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Prenez une femme politique courageuse, amoureuse de la littérature. Mélangez avec un objet-livre, des chapitres courts et une évocation de ses auteurs fétiches. Saupoudrez le tout de références, de citations, d'énumération et autres figures de style. Versez dans votre tête, essayez de toucher le coeur. La recette fonctionne peut-être pour certains, mais pour ma part, je la laisserais dans mon grimoire (euh, ma bibliothèque).

Christiane Taubira est une personnalité attachante, courageuse, déterminée dans les combats qu'elle mène et oratrice hors pair. J'ai eu la chance de l'entendre parler dans certains débats et on ne peut que tomber sous le charme de cette femme de grande culture, qui sait manier les mots comme peu de représentants politiques. Sa passion pour les livres, que je voulais approcher de plus près, est certaine et transpire dans ce court ouvrage, Baroque Sarabande.

Cependant, n'est pas écrivain qui veut. Elle use et abuse des citations, de références qui se télescopent les unes aux autres. On nous propose une balade ? J'ai eu la sensation d'un tour de manège, ballottée d'un sujet à un autre (elle évoque également la musique, la peinture, la linguistique, L Histoire, les droits de l'homme, et j'en passe). J'ai béni mon cours de littérature francophone de Licence de Lettres Modernes pour pouvoir la suivre, sans être totalement écrasée par les dizaines et dizaines de noms d'auteurs cités.
Dans la même veine, j'avais trouvé le monde est mon langage, d'Alain Mabanckou, plus pédagogue (quoique l'on retrouve chez les deux une certaine forme de « mise à l'écart » du lecteur qui ne disposerait pas de toutes les références). Sauf que Mabanckou est un écrivain, et même lorsqu'il fanfaronne, l'air de dire « je connais untel et untel et untel », son style nous séduit malgré tout… quand celui de Christiane Taubira m'a laissée, je dois l'avouer, un peu dubitative. Un supplément d'âme n'aurait pas été de trop. Une sincère simplicité procure souvent plus d'émotions qu'une langue travaillée mais un peu artificielle...

Je remercie cette édition Masse Critique m'ayant permis de recevoir le livre, car j'ai malgré tout noté de noooombreux auteurs que je ne connais pas (on a jamais fini d'apprendre !) et qui risquent de venir grossir encore un peu plus ma liste de livres sur Babelio…
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Christiane Taubira est peut-être une personnalité clivante, on peut lui trouver un caractère trop autoritaire mais nul ne peut nier sa grande culture et sa qualité d'expression écrite et orale. Est-ce générationnel ? Combien d'hommes et femmes politiques peuvent aujourd'hui se targuer d'une telle culture.
Christiane Taubira rend hommage dans cette sarabande à tous les auteurs mais aussi musiciens, cinéastes qui l'ont forgée. Que de références, trop parfois ! Elle explique qu'elle n'a pas souhaité évoquer des auteurs déjà très connus. Elle convoque plutôt des auteurs sud américains, africains, antillais, explique combien la littérature lui est nécessaire comme l'air, la nourriture, la protège et lui fournit des armes. Vous serez peut-être déçus si vous vous attendez à un récit intime, personnel même s'il est un poil autobiographique mais que de réflexions sur la langue, les livres, quelle sincérité, quelles envolées lorsqu'elle évoque toutes les oeuvres qui l'ont marquée. Des oeuvres qui l'ont confortée ou lui ont été hostile mais qu'elle a admirées.
Un très bel hommage à la littérature en général, capable de nous transcender.
"Des livres qui nous réveillent, nous bousculent, nous désolent ou nous réconfortent, nous fouillent nous éclairent, nous sauvent des naufrages"
Très belle plume qui plus est.
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Parce que l'on connaît tous la femme politicienne, je voulais découvrir la femme écrivain. Je connaissais son érudition et sa capacité à s'exprimer et je voulais découvrir son expression écrite. le tout, à travers un intérêt qui nous lie tous : les livres.
J'ai donc apprécié cette écriture et cette fluidité. On y retrouve des thèmes tels que la langue française, les arts au sens large, tout en partageant des éléments de la vie de l'auteur. Toutefois, comme pour d'autres, je ne connais pas les 3/4 des livres cités et reste donc perplexe quant aux références.
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