AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782882505262
336 pages
Noir sur blanc (23/08/2018)
2.5/5   8 notes
Résumé :
La Planète des champignons raconte quelques jours dans la vie d un homme et d une femme : un traducteur de seconde zone enlisé dans ses habitudes et une businesswoman indépendante, qui mène sa vie tambour battant. Ils paraissent vivre sur des planètes différentes, et pourtant, ils partagent quelque chose d essentiel : ils sont voisins de datchas à la campagne, au nord de la Russie. Sans se connaître, ils ont passé leur enfance à jouer aux mêmes jeux, à arpenter la f... >Voir plus
Que lire après La planète des champignonsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Des datchas et des amours
*
Voici le second roman d'une auteure contemporaine russe. le premier, Au temps des femmes, est un hommage plein d'humanité aux femmes russes, qui, malgré les coups du sort, ressortent plus fortes. Bien que ne l'ayant pas encore lu, j'ai tout de suite été attirée par les thèmes chers à l'auteure : valeurs de la Russie d'autrefois, courage, féminisme et résistance à l'oppression.
*
Dans celui-ci, il est effectivement question de regrets, de souvenirs nostalgiques dans une époque soviétique pas si lointaine. Et la Nature, familière et si ancrée dans le quotidien des citoyens russes. La couverture du livre nous propose déjà un avant-goût : une datcha (maison de campagne) à la lisière d'une forêt, des marches en bois au premier plan et au bout, la lumière.

*
Un homme, une femme. Lui, un traducteur timide et peureux. Elle, une femme d'affaires impétueuse et fonceuse. Tous les deux voisins de datchas dans la campagne au nord de St Petersbourg. Se connaissent-ils ? Peut-être dans leur enfance se sont-ils rencontrés au détour d'une cueillette de champignons, ou lors de balades sylvestres ? Pour l'instant, ils logent ici malgré eux, durant une semaine intense de démarches administratives, de rangement et tri d'objets inutiles, de réparations.

Sept jours, découpés par chapitres, qui racontent tour à tour ce quotidien morne et tranquille, mais aussi une introspection dans leurs souvenirs d'enfance avec leurs peurs sous-jacentes ainsi que les voix du passé, et un regard inquiet sur leur avenir si incertain. Ces sept jours qui convergent vers leur rencontre fortuite. Qui les liera irrémédiablement. Une catastrophe naturelle va cristalliser cette union. Et puis ?

*
Il faut se dire que ce roman est d'un genre contemplatif au rythme lent. La nostalgie et un certain fatalisme chers aux Russes apportent ce côté tragique et mystérieux.

La Nature est omniprésente tant par sa présence physique que métaphorique avec la place des champignons. Les deux protagonistes n'attendent pas de clémence de la nature. Par exemple « la forêt à laquelle il faisait confiance de tout son coeur, comme un enfant, vient de le tromper sans crier gare ».

*
N'ayant jamais lu de littérature russe, je n'avais pas d' à priori ou d'attentes particulières. Je me suis laissée porter par ce récit si singulier, au gré du vent dans les arbres. J'attendais certes un peu plus d'action, de mouvement (qui est finalement venu avec cette catastrophe naturelle). J'ai dû me concentrer de manière soutenue car c'est un texte dense, avec des références historiques et culturelles, des retours dans le passé tellement fréquents qu'ils m'ont parfois décontenancée. Des « coq à l'âne » en plein milieu de dialogues qui m'ont surprise, et c'est là tout le souci de compréhension de leurs histoires familiales. Une fin sinistre que je n'ai pas entièrement assimilée voire mal interprétée.

La plume est belle et poétique mais aussi parfois austère et coupante. On oscille entre la réalité toute nue et l'onirisme des souvenirs. Onirisme qui se retrouve métaphoriquement à travers les champignons. le monde végétal est au plus près des protagonistes. Je pouvais presque sentir l'humus des sous-bois, les conifères et leurs essences balsamiques. C'est donc un roman qui se savoure lentement, patiemment, de manière immersive et soutenue. Et maintenant il faut que je retourne à la réalité de MON quotidien...pfff.
Commenter  J’apprécie          260
Ils sont voisins et reviennent tous les deux dans la datcha de leur enfance .
Lui le traducteur surdoué qui est frustré de devoir traduire des romans d'anticipation, lui qui aime les grands auteurs russes , les nuances que si peu perçoivent , lui qui doit se contenter de traduire de la sous littérature, les temps ont changé lui dit son supérieur , et sans doute le temps où on traduira de nouveau les grands auteurs russes n'est pas prêt de revenir .
Elle est une femme d'affaires qui a réussi , enfin réussi quoi ? , oui elle a les signes extérieurs de richesse , un tél qui lui permet d'appeler la ville quand elle a besoin de quelque chose , de l'argent , ah cet argent qui adoucit les angles , qui facilite les démarches ubuesques dans cet URSS post communisme , un sac de marque , elle a une grosse voiture , mais vient de rompre avec son compagnon et se sent bien seule , d'ailleurs elle parle à son fils imaginaire .
Lui est né dans une famille d'ingénieurs doués d'un sens pratique à toute épreuve , héritiers d'une longue lignée de gens issus du peuple , ils savent tout réparer , ils cultivent des légumes , plantent des fleurs , font des réserves pour l'hiver .
Elle est née dans une famille d'intellos un peu bohème , les amis vont et vienne l'été dans la datcha , les amis ou les parasites ? , son père est un écrivain raté , il n'a écrit qu'un seul livre mais sera adulé toute sa vie par son épouse .
Ils auraient dû naître dans l'autre famille , tous les deux étonnent , déçoivent même secrètement leurs parents par leur choix , eux rêvaient d'un fils qui se poserait moins de questions , qui saurait se servir ne fusse qu'un peu de ses dix doigts , les voisins sont déçus par leur fille qui choisit des études de commerce , ils en ont honte devant leurs amis .
Et puis il y a la nature tour à tour complice et ennemie , celle qui permet d'adoucir les fins de mois difficiles , il y a la cueillette des champignons, la récolte des baies , le jardinage qui permet aux babouchkas de survivre en vendant leurs maigres récoltes .
Mon avis : pendant les cents premières pages j'ai eu l'impression de lire un chef d'oeuvre comme seule la littérature russe peut nous donner , hélas au fil des pages , l'auteut se perd en chemin , cela devient touffu , presque incompréhensible, dommage .
Malgré tout et ça c'est le plus important après la lecture terminée il y a à peu près deux semaines, me reste des images des datchas , de ses deux voisins si différents , je sens l'odeur des champignons dans les sous bois , il reste quelque chose d'un peu magique de la lecture .
Je pense que ce livre aurait gagné à être plus court , avec moins de digressions mais je le conseille malgré tout pour sa douce musique nostalgique qui subsiste après la lecture .
Commenter  J’apprécie          201
Publié par les éditions Noir sur Blanc, que je ne connaissais absolument pas. Celles-ci étaient à la base spécialisées dans la littérature russe et polonaise, c'est d'ailleurs uniquement en français et polonais que paraissent leurs publications aujourd'hui, et fondées par un couple mixte, Jan et Vera Michalski, qui a eu la volonté à la fois d'amener la littérature mondiale en Pologne et d'exporter la littérature de l'Europe de l'Est. La planète des champignons est un roman intriguant, à l'atmosphère très ouatée, pesante, presque oppressante, comme si un brouillard épais entourait constamment cet homme et cette femme dont il est question, les isolant, eux, leur datcha et le bout de village jouxtant leur maison, du reste du monde civilisé.
L‘auteure se garde bien de nous dévoiler les identités précises de cet homme et cette femme: le premier exerce la profession de traducteur – de l'allemand vers le russe – des ouvrages de science-fiction dont l'irrationalité le dépasse. Sa voisine, tout aussi anonyme, est son exact opposé: oppressée par cette solitude insupportable pour elle, individu totalement pragmatique, c'est une femme d'affaire que le temps passé dans cet endroit perdu au milieu de nulle part irrite au plus haut point. Ces deux-là sont voisins mais ne se fréquentent absolument pas, dans leur isolement ils font même abstraction de la présence du voisin dans la datcha d'à côté. le récit alterne ainsi entre leur deux intériorités, la pensée de l'un alternant avec celle de l'autre.

Malgré la distance, physique et psychique, qui sépare nos deux personnages, ils comptent pourtant de nombreux points communs: celui de vivre avec les fantômes de leurs parents qui hantent le récit, leur vie, imprègne chaque centimètre-carré, chaque meuble et objet des datchas comme si leur âme s'était ancrée dans la maison au-delà de la disparition de leur propriétaire. La présence impalpable des défunts les accompagne à chaque instant passé dans leur datcha comblant le silence pesant de leur solitude. La vie passée se mélange indistinctement à la vie présente dans une sorte d'espace hors-du-temps, loin de tout. Et ce mélange de réalité et de personnages chimériques est très troublant, les frontières sont totalement abolies entre ce qui est, ce que l'on pense être, ce que le personnage imagine, la voix de la mère de l'homme est par exemple celle qui s'exprime le plus. Au-delà de cela, un autre élément rajoute un peu de confusion, la narration rapporte quelques extraits de la traduction de l'homme, qui a la charge de déchiffrer un ouvrage de science-fiction. de fait, le récit se voit doté d'un nouvel univers, une autre dimension – concernant précisément un vaisseau venant d'une planète lointaine.

Un homme. Une femme. Sept chapitres qui portent le nom des jours de la semaine et qui décrivent la création du monde selon la Bible. À chaque jour l'émergence d'un ou de plusieurs éléments naturels pour finir dimanche sur celle de « L'homme et la femme ». Face à cette allégorie de la création du monde, plutôt difficilement concevable il me semble – car je crois que sans les noms des titres je n'aurais probablement considéré les choses sous cet angle – Elena Tchijova nous peint l'existence de deux êtres le temps d'une semaine. Tandis que l'un s'emploie à revivre son passé, l'autre tient à s'en détacher le plus vite possible. Deux êtres totalement à l'opposé l'un de l'autre, qui ont eux-mêmes été éduqués par des parents aux antipodes de leur propre nature, qui vont vivre ces sept jours l'un à côté de l'autre jusqu'au dernier chapitre, celui de la création ultime, pour un (chapitre) final assez étourdissant, plutôt ébouriffant et finalement assez ahurissant. Un final improbable et somme toute assez peu crédible. Que je n'arrive toujours pas à comprendre, si l'on prend vraiment le texte à la lettre. Et je crois que c'est vraiment à ce moment que l'on prend la vraie mesure de cette allégorie, à vous de voir. Toujours est-il que j'ai trouvé que cette fin de roman penchait nettement plus vers le mysticisme que les précédents chapitres, ce qui peut décontenancer.

A la limite, j'ai presque préféré le reste du roman, qui nous plonge dans cette sorte de douce torpeur entre nostalgie du passé, l'introspection des deux personnages comme si leur vie était mise en sommeil, mue par une nature qui forme une barrière avec le reste de la civilisation, avec ses éléments, ses champignons, qui les renferme dans un cocon d'où ils peinent visiblement à sortir, cette Planète des champignons, entraînés malgré eux par les contingences de l'administration russe. J'ai trouvé tout à fait plaisant de suivre le cheminement, les errements spirituels, de cet homme et cette femme quadragénaires, c'est un roman qui se savoure lentement, tout comme l'écriture tranquille et poétique de Tchijova qui se plie au rythme furtif et calme de cette nature, souvent silencieuse, quelquefois ravageuse. Ainsi je me rappelle cette dégustation d'une poêlée de champignons qui se prolonge sur des paragraphes, souvent entrecoupée de contingences extérieures, qui reprend là ou elle s'était arrêtée. Mets que dégustent les deux voisins, séparément naturellement, mais de façon différente, chacun à leur rythme et à leur manière dans ce royaume des champignons, où les objets prennent vie, bien plus en tout cas, que leurs propriétaires qui subissent la volonté des éléments qui les entourent.

Par-ci par-là, on découvre quelques paragraphes où l'auteur s'attache à dénoncer l'absurdité du monde russe à travers la description du système administratif, univers dans lequel l'homme et la femme, chacun à leur façon, s'embourbe « jusqu'à en devenir fou ». Tchijova s'attarde sur la situation économique russe des années quatre-vingt-dix à travers une certaine vision de la société: ceux qui ont fait les frais des fermetures d'usine et qui regrettent le communisme disparu, les nostalgiques de la défunte URSS. Lors de ces épisodes rétrospectifs, et c'est l'un des points appréciables de ce roman, l'auteure tente d'esquisser la quintessence de l'esprit russe, plus particulièrement de l'artiste qui réunit les particularités de cette âme un peu maudite et torturée, dont notre traducteur n'est finalement qu'une pâle copie.

Récit à plusieurs univers, qui s'entrechoquent, qui se superposent, qui se dérobent ou rentrent en collusion, ceux des morts (dont Marlen, le défunt ami de l'homme), des vivants, de ceux qui n'auraient jamais dû se rencontrer, d'une réalité qui n'est plus une mais plusieurs, j'ai été vous l'aurez compris assez déroutée par ce roman, dont je ne conteste pas la beauté toute particulière. Je conçois assez bien qu'il puisse ne pas plaire. Je ne suis pas vraiment certaine d'être arrivée là où l'auteure Elena Tchijova a voulu nous emmener avec l'allégorie de la création du monde par l'union de ces deux personnages en opposition totale. Est-ce en réalité l'allégorie de la création d'une nouvelle société russe? d'un être « parfait » qui réunisse les qualités de l'un et de l'autre? Je vais certainement chercher trop loin, mais il me manque un élément, que je n'ai peut-être pas su cerner. Néanmoins j'ai été enchantée, jusqu'au dernier chapitre, par cette Planète des champignons qui a su délicatement m'entraîner dans son sillage onirique.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
Commenter  J’apprécie          10
Elena Tchijova dans « La Planète des champignons » nous conte sept jours dans le quotidien de deux personnes : un homme, plutôt ordinaire, traducteur de profession ; et une femme, une vraie businesswoman indépendante. Tout les opposent, mais ils partagent quelque chose d'essentiel : ils sont voisins grâce a une datcha dans le nord de la Russie.

Sept chapitres, sept jours, sept très longs jours où l'on découvre la vie quotidienne de chacun des deux personnages, leurs différentes interrogations sur leur passé, mais aussi cette nouvelle vie dans un nouveau pays suite à l'effondrement de l'URSS. On commence avec les deux personnages, chacun dans sa vie, avec l'évocation de son passé, leurs flashbacks respectifs, avant de suivre leurs rencontre.
Sept jours pour saisir la chance de se rencontrer, de se connaitre, de trouver des liens communs.

C'est une première pour moi, la littérature russe m'est totalement inconnue. Ce fut, hélas, une grande déception car je n'ai absolument pas accroché à cette planète de champignons à cause d'un manque évident de revirement, d'action, de bouleversement. Ce roman est extrêmement lent avec énormément de descriptions, beaucoup trop dense à mon goût ce qui rend le roman identifiable à un petit escargot.

Cependant, j'ai aimé ce côté historico-culturel de la lecture grâce à ce grand pays qu'est la Russie et qui livre une histoire tout aussi grande. Elena Tchijova a une belle plume, tantôt simpliste, tantôt poétique malgré le style trop descriptif. Dans ce contexte, il est très difficile de s'accrocher ou de s'identifier aux personnages.

« La Planète des champignons » est un huit clos complètement contemporain qui je n'en doute pas trouvera son lecteur.
Dommage pour ma part, je suis passé à côté.
Commenter  J’apprécie          72
Deux personnages, un homme et une femme. Sept jours de leur vie. Un lieu unique, leurs datchas à la campagne.

Lui est traducteur, pas très brillant et timide, hanté par les fantômes de ses parents. Elle est une businesswoman surbookée, qui ne respire pas la joie de vivre. Ils sont là pour s'occuper des datchas laissées par leurs parents respectifs. Un lieu où ils ont habité enfants, où ils se sont croisés. Et pourtant, ils paraissent être à des années lumières l'un de l'autre et évoluer dans des mondes parallèles qui n'ont aucune raison de se croiser. La seule chose qu'ils semblent avoir en commun est leur amour pour la nature, leur besoin de solitude et les tourments liés à leur enfance et à leurs parents qui les conduisent à s'interroger sur le passé, la transmission et sur l'évolution de leur pays.

Tout le roman d'Elena Tchijova est empreint de nostalgie, de regrets. La présence omniprésente de la nature et de la forêt donne au récit un rythme lent et contemplatif jusqu'au déchaînement final qui semble être le contrepoint de la fin d'un monde, d'un changement radical pour la Russie.

L'auteur interroge le passé tourmenté de la Russie, son histoire à travers, notamment, les personnages des parents des deux protagonistes et de l'ami traducteur du personnage masculin. Prises de position, soutien au parti, injustice, questionnement ou manque de questionnement, les deux personnages semblent avoir du mal à assumer les choix de leurs parents. Mais est-ce que cela les engage eux aussi ? Sont-ils forcément les dépositaires des choix de leurs parents ?

J'ai beaucoup aimé ce livre, le rythme imposé, lent et descriptif. J'ai retrouvé tout ce que j'aime dans la littérature russe, ce qui est souvent qualifié d'âme russe : tourmentée, pleine de questions, chargée de symboles, dense… Avec un aspect plus contemporain que ce que j'ai lu jusqu'à présent (Tolstoï, Dostoïevski, Pouchkine, Tchekhov… ou même Berberova. Sans parler de Soljenitsyne, qui a une place à part).

La Planète des champignons est le second roman d'Elena Tchijova. Son premier, le Temps des Femmes, a reçu le Booker Prize Russe en 2009 et a été adapté au théâtre en 2011. Il est aussi disponible aux Editions Noir sur Blanc.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A cet instant, comme pour confirmer ces propos, le réfrigérateur éternua et reprit vie. Il sursauta et regarda sa montre: neuf heures trois. La conversation avait été douloureuse, mais, surtout, la douleur était demeurée. Comme si Marlen avait arraché de son âme une couronne métallique, découvrant des racines pourries ou s’accrochait sa langue – russe, chérie, qui lui servait à penser et à sentir.

Jusqu’à la conversation qui avait eu lieu dans un autre espace, l’existence de son ami – en tout cas, de son point de vue – se définissait par le mal de vivre: une fermentation chaotique, un sentiment trouble de la réalité…il n’avait aucun doute: Marlen ne vivait pas par la raison, mais par les sentiments; à certains moments – il en avait été témoin -, il sombrait dans une folie furieuse, noyait son âme dans le porto, languissait de sentir en lui-même des forces mystérieuses irréalisées, en d’autres termes, c’était un Russe. Maintenant, il avait senti plutôt que compris: le mal de vivre était bien là, mais autre ; il ne pouvait se confondre avec la mélancolie, ni avec le sentiment d’être orphelin, impuissant. Le mal de vivre de Marlen était plus profond. « Des forces mystérieuses irréalisées… Moi aussi, je connais ce supplice. En ce sens, nous sommes des frères jumeaux. Héraclès et Iphiclès. Les frères d’une même mère, mais de pères différents.
Commenter  J’apprécie          20
Pour qu’un homme et une femme trouvent un terrain d’entente, il faut un fruit défendu : la passion , la tentation , pour finir , un enfant commun . Pour parler honnêtement, elle est stupéfaite : pour elle , il n’est pas un homme . Alors , qui est - il ? Elle cherche une comparaison satisfaisante : ´ Nous sommes des êtres de race différente . Comme un chien et un chat . Ou une chatte et un berger allemand .´
Commenter  J’apprécie          40
´ Les Russes ne savent pas vivre dans le présent : ils préfèrent soit le passé , soit le futur .´
Commenter  J’apprécie          130
Oui, oui, précisément une maladie… Mystérieuse, historique » – dans le cas de Marlen, cela acquérait un sens double: d’une part, toutes les pensées de celui qui en est atteint sont tournées vers l’histoire, d’autre part, la source de la maladie est dissimulée dans la vie russe même, plus exactement russo-soviétique. La maladie soviétique est incurable. S’il y avait une chose dont son ami était certain, c’était bien de celle-là: pour lui, la vie soviétique était devenue la quintessence de l’être national.
Commenter  J’apprécie          10
-´ Dommage que je n’aie pas acheté de vodka .´La vodka est un médicament contre la nostalgie .
Il ne sait pas boire tout seul . En fait , même dans ce domaine , il s’est toujours contrôlé . Eh bien non . Il repousse sa tasse . Il lui était arrivé de s’enivrer , mais véritablement, comme alors avec Marlen, peut -être deux fois dans toute son existence.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : soviétiquesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Elena Tchijova (1) Voir plus

Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *}