La balade d’un Indien mort
Manhattan,
D’abord une image en noir et blanc.
Il a neigé depuis des cris d’oiseaux suffoquant.
Verrezano Bridge, je m’assois sur ton même banc,
Des fumées clapotantes envahissent le park.
Il tombe des taxis trop secs le long de mon bras.
Time Square, la grande parade de la godasse,
Mille bruits érigent une tempête
Sur des regards mûrs de n’avoir jamais écouté ;
Et la foule oscille à se faire faucher
De Wall Street à Harlem.
Plus de trois siècles d’incertitude ;
La grande peau de l’Hudson River
Qui ronronne et se déchire.
À son doigt l’anneau de la liberté,
Pris au piège,
Comme les ferries, les paquebots migrateurs.
Ne reste que la poussière des conquêtes
Perdues dans la masse des panneaux indicateurs,
Des murs en briques, des escaliers de secours,
Au pied des blocs sombres et carrés où des détritus S’épanouissent de partout comme un appel hurlant.
Trop de portables pour s’appeler vraiment.
Les trains de nuit
Qui pourra me dire
Cette pureté qui nous ensevelissait ?
Qui connaît le pourquoi des gestes ?
Qui connaît la fuite inébranlable des choses ?
J’ai accompagné la meute des trains de nuit
Qui jappent au souvenir des lunes rousses.
En prononçant l’espace de ton nom,
Ils déchirent la lumière, transpercent mon image.
Nous cherchons des murs à tagger. Nous avons vingt ans. Dans un an déjà, nous serons vieux. Nous sommes bien plus hauts que la réalité même pour les mieux ancrés.
Nous sommes de la vieille clameur hostile. Des débutants sombres au profil de l’oubli, chaque nuit nous défaisons et refaisons les ruines de notre éducation.